Un quinquagénaire sans antécédents psychiatriques connus est traité par antibiotiques pour une pneumonie. Après quelques jours, sa famille remarque des changements de son comportement, qui devient de plus en plus étrange.
Un diagnostic et un traitement classiques
Jusque-là en parfaite santé, un patient de 50 ans se voit poser en clinique le diagnostic d'une pneumonie dans la région basale du poumon gauche. Un traitement par amoxicilline/acide clavulanique (3 x 1g/ jour) est initié et il rentre chez lui. Le lendemain, comme les symptômes respiratoires persistent, le patient retourne à l'hôpital et le traitement est changé pour de la clarithromycine (2 x 500 mg/j).
Deux jours après la prescription de ce deuxième antibiotique, sa famille constate un changement progressif du comportement, avec un débit de paroles inhabituel, une irritabilité, une augmentation de l'activité physique et une humeur euphorique. En outre, le patient dit être en contact avec Dieu.
La famille ramène le quinquagénaire à la clinique, qui le transfert à l'hôpital universitaire de Genève. On note qu'il ne souffre d'aucune allergie connue, ne fume pas, ne consomme pas d'alcool. Il ne prend pas de drogues ni de médicaments de manière régulière. Il n'avait pas non plus pris d'antibiotiques jusque-là.
Perception de la mort et mission divine
Lors de l'examen psychiatrique, le patient rapporte que la première nuit après le début du traitement, il a eu l'impression de mourir et qu'il a eu des hallucinations auditives, au cours desquelles Dieu lui disait avoir une mission spéciale pour lui.
La psychiatre constate également :
une confiance et de l'ouverture au cours du dialogue,
une légère augmentation de l'activité psychomotrice,
une irritabilité,
une logorrhée,
une humeur euphorique,
des difficultés à l'endormissement,
des hallucinations auditives,
un délire religieux dépendant de l'humeur.
L'antibiothérapie est immédiatement arrêtée et le patient reçoit du lorazépam (2,5 mg) pour traiter l'agitation psychomotrice. Les symptômes s'améliorent dans les 12 heures qui suivent. Le patient reconnaît son délire, il ne souffre plus d'hallucinations, il accepte de suivre un traitement antipsychotique s'il s'avère nécessaire. Un épisode maniaque est diagnostiqué et le quinquagénaire est hospitalisé.
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Citer cet article: Cas clinique : souffrant d'une pneumonie, il entend la voix de Dieu... - Medscape - 26 avr 2022.
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