Prévention du cancer du col de l’utérus : une seule dose de vaccin contre le HPV suffit, dit l’OMS

Aude Lecrubier

Auteurs et déclarations

13 avril 2022

Genève, Suisse – Une dose unique de vaccin contre le papillomavirus humain (VPH) offre une protection solide contre le cancer du col de l’utérus, comparable aux schémas à 2 ou 3 doses, a conclu le groupe consultatif stratégique d'experts sur la vaccination (SAGE) de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) après analyse de la littérature[1].

Le SAGE recommande de mettre à jour les schémas posologiques comme suit :

  • calendrier à une ou deux doses pour la cible principale, à savoir les filles âgées de 9 à 14 ans ;

  • calendrier à une ou deux doses pour les jeunes femmes de 15 à 20 ans ;

  • Deux doses à 6 mois d'intervalle pour les femmes de plus de 21 ans.

Les personnes immunodéprimées, y compris celles vivant avec le VIH, devraient recevoir si possible trois doses, ou a minima deux doses car les preuves concernant l'efficacité d'une dose unique dans ce groupe sont limitées.

A ce stade, les garçons et les jeunes hommes « peuvent suivre le même schéma posologique que les femmes, en attendant de nouvelles données sur l'efficacité et l'immunogénicité d'un schéma posologique à dose unique dans cette population masculine ».

Bientôt de nouvelles recommandations

Pour rappel, les recommandations actuelles de vaccination contre le HPV pour les deux sexes prévoient un schéma à 2 doses entre 9 à 14 ans, 3 doses pour les 15 et plus, et 3 doses aux populations immunodéprimées de tout âge (9 ans et plus), y compris personnes vivant avec le VIH. Pour les hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes jusqu’à 26 ans révolus : trois doses administrées selon un schéma 0, 2 et 6 mois.« Les recommandations de l'OMS seront mises à jour après de nouvelles consultations entre les parties prenantes », indique l’institution.

Améliorer la couverture vaccinale mondiale

Plus de 95 % des cancers du col de l'utérus sont causés par les HPV sexuellement transmissibles, qui est le quatrième type de cancer le plus courant chez les femmes dans le monde, 90 % de ces femmes vivant dans des pays à revenu faible ou intermédiaire, rappelle l’OMS. Or, « le vaccin contre le VPH est très efficace pour la prévention des sérotypes 16 et 18 du papillomavirus, qui causent 70 % des cancers du col de l'utérus », a rappelé le Dr Alejandro Cravioto, président du SAGE. L’OMS espère grâce à ces nouvelles recommandations faciliter l’accès à cette vaccination en termes logistique mais aussi économique ; les vaccins contre le HPV ayant un coût relativement élevé, en particulier pour les pays à revenu intermédiaire.

« Cette recommandation d’une dose unique pourrait nous amener à atteindre plus rapidement notre objectif de vacciner 90 % des filles avant l'âge de 15 ans d'ici 2030 », a précisé la sous-directrice générale de l'OMS, la Dr Princess Nothemba Simelela.

L'option d'une dose unique de vaccin est moins coûteuse, nécessite moins de ressources et est plus facile à administrer. Elle facilite la mise en œuvre des campagnes de rattrapage, évite de courir après les perdus de vue pour la deuxième dose et permet de rediriger les ressources financières et humaines vers d'autres priorités de santé, conclut l’OMS.

Gardasil quadrivalent : 1 dose équivalente à 2 ou 3 contre les HPV 16-18

Récemment les résultats d'une étude prospective longitudinale menée en Inde et publiés dans Lancet Oncology ont montré qu’une seule dose de vaccin quadrivalent Gardasil ® prévient aussi bien les infections contre les HPV 16 et 18 que deux ou trois doses après un suivi de 10 ans [2].

17 729 participantes Indiennes non mariées de 10-18 ans ont été incluses entre septembre 2009 et avril 2010. Les participantes ont été suivies pendant une médiane de 9 ans : 4348 avaient reçu trois doses, 4980 deux doses et 4949 une seule. A partir de prélèvements annuels, il a été montré que le taux d'efficacité préventive pour les infections par les HPV 16 et 18 était similaire dans les trois groupes. Il était de 95,4% après une dose, 93,1% après deux doses et 93,3% après trois doses. A noter que cette étude n’a pas recherché l’efficacité d’une monodose sur les autres cancers liés aux HPV, tant chez la femme que chez l'homme : cancers génitaux (vulve, vagin, pénis), anaux, ORL…

 

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