Parcours de soins BPCO : les indicateurs sont dans le rouge

Aude Lecrubier

Auteurs et déclarations

11 avril 2022

France — La BPCO, bronchopneumopathie chronique obstructive, maladie chronique qui touche plus de 3 millions de français, est-elle correctement dépistée et traitée ?

Pour le savoir, la Haute Autorité de Santé (HAS) a mesuré 7 indicateurs de la qualité des soins prodigués sur tout le territoire et ce à différentes étapes de la prise en charge : dépistage, prise en charge des patients stables, suivi après hospitalisation.

« Les résultats montrent que des améliorations sont à mettre en œuvre à toutes ces étapes du parcours de soin des personnes à risque ou atteintes de BPCO, puisqu'un seul des indicateurs sur les 7 obtient un résultat national supérieur à 70% », indique le communiqué de la HAS et de la Cnam qui précise « que les résultats ne dépendent pas uniquement des pratiques des professionnels mais aussi de l'acceptabilité par le patient de sa maladie et de son adhésion aux soins, examens et traitements, et enfin des possibilités d'accès aux soins (plateaux techniques, professionnels) »[1].

 
Un seul des indicateurs sur les 7 obtient un résultat national supérieur à 70%.
 

Ces résultats à l'attention des professionnels de santé, des tutelles et des représentants de patients ont pour objectif d’améliorer encore le parcours de soins et plus spécifiquement d’aider au déploiement de plans d'action en adéquation avec le contexte local.

Une expérimentation va d’ailleurs démarrer en avril dans les Hauts-de-France. Grâce à la mise à disposition des programmes de calcul des indicateurs qualité, l'Assurance Maladie, en partenariat avec l'ARS et les acteurs locaux, développera un outil de diagnostic territorial portant sur le parcours BPCO. Celui-ci permettra d’améliorer la prise en charge des patients du territoire en identifiant « les points de rupture dans le parcours de soin et en favorisant le déploiement d'actions d'optimisation ».

Les 7 indicateurs incitent à des améliorations dans le parcours de soins

Après analyse des données du SNDS (Système national des données de santé) qui concernent à la fois la ville et l’hôpital, la HAS constate que des améliorations sont possibles à toutes les étapes du parcours de soins.

La prévention 

1.Concernant la prévention, le dépistage de la BPCO par la réalisation d'une spirométrie ou d'explorations fonctionnelles respiratoires (EFR) n’est réalisé que chez seulement 21,3% des personnes identifiées à risque de BPCO (exposition au tabac ou à des irritants).

La prise en charge des patients stables  

2. Seuls 52,7% des patients atteints de BPCO sont vaccinés contre la grippe et ce taux chute à 33% chez les moins de 65 ans.

3. La réalisation d'explorations fonctionnelles respiratoires ou d'une spirométrie annuelle chez les patients atteints de BPCO n'est réalisée que chez 34,2% des patients.

Le suivi médical après hospitalisation

4. Le suivi médical des patients dans les 7 jours suivant une hospitalisation pour exacerbation de BPCO n’est mis en place que chez seulement 41,9% des patients. Les disparités au niveau régional qui existent pour tous les indicateurs sont particulièrement marquées pour celui-ci : de 29,3% en région Pays de la Loire à 60,8% dans les Hauts-de-France.

5. Le suivi par le pneumologue dans les 60 jours après une hospitalisation pour exacerbation de BPCO n'est réalisé que pour 30,9% des patients.

6. La délivrance remboursée d'un traitement de bronchodilatateur de longue durée d'action dans les 90 jours après une hospitalisation pour exacerbation de BPCO est poursuivi ou initié par 74% des patients, et seulement 58% des plus de 85 ans.

7. Les soins de rééducation dans les 90 jours après une hospitalisation pour exacerbation de BPCO restent faiblement mis en place : 31,1% chez l'ensemble des patients, 42% chez les plus de 85 ans.

 Des outils mis à la disposition des acteurs de terrain

Ces travaux menés par la HAS sont une première étape. L’institution souligne l'importance d'une analyse des résultats pour chaque indicateur à la lumière des problématiques de terrain et d'un travail en région mené par tous les acteurs. « C'est sur cette base qu'ils pourront, ensemble, définir les plans d'action les plus adaptés localement », concluent la HAS et la Cnam. 

 

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