Paris, France — Les personnes de 60 ans et plus peuvent désormais bénéficier d’un deuxième rappel avec un vaccin ARNm contre le Covid-19 qu’elles aient ou non des comorbidités, ce en respectant un délai de 6 mois entre les deux doses[1].
Cette annonce intervient alors que la France semble avoir dépassé le « pic du rebond épidémique depuis quelques jours », selon les termes d’Olivier Véran .
En France, ce 2ième rappel est déjà accessible au plus de 80 ans, ainsi qu’aux résidents en EHPAD et en USLD depuis le 14 mars 2022. Les personnes sévèrement immunodéprimées peuvent en bénéficier depuis le 28 janvier 2022.
Notons que le 17 mars dernier la Haute autorité de santé avait recommandé une seconde dose de rappel vaccinal pour les personnes de plus de 65 ans les plus à risque. Le 31 mars, le Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale (COSV) a lui préconisé l’injection d’une deuxième dose de rappel pour les personnes âgées de 60 à 79 ans six mois après la première.
Faire face à un « risque résiduel »
A la suite de l’avis de la Haute autorité de santé (HAS) et de l’avis du Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale (COSV), le ministère de la santé a décidé d’élargir l’accès à la deuxième dose de rappel de vaccin contre le Covid-19 aux personnes âgées de 60 à 79 ans, avec ou sans comorbidité. Les professionnels de santé de moins de 60 ans ne sont pas éligibles à ce 2ème rappel.
« L’ouverture de la deuxième dose de rappel à cette nouvelle tranche de la population vise à protéger les personnes de 60 ans et plus contre les formes graves de la maladie », indique le ministère.
Notre objectif, c’est de maintenir une protection optimale face au virus, pour les personnes les plus fragiles. Ainsi, les personnes âgées de 60 à 80 ans pourront si elles le souhaitent recevoir un nouveau rappel, 6 mois après le précédent » a précisé de son côté Olivier Véran au micro de RTL.
« On sait qu’une deuxième vaccination de rappel quand on a 60 ans et plus réduit de 80% le risque d’hospitalisation, de réanimation et de décès, justifie-t-il. Même si ce risque est moins élevé aujourd’hui qu’il ne l’était avec les variants précédents et quand il n’y avait pas de couverture vaccinale, il y a un risque résiduel que l’on peut diviser par 4 ». Bien que l’épidémie semble amorcer une décrue dans le pays, avec une diminution du nombre de cas depuis 5 jours, « cela répond à une demande de nos concitoyens qui, bien qu’ils n’aient pas 80 ans, se disent « le virus circule beaucoup en ce moment, je serais plus rassuré si je pouvais bénéficier d’un rappel », a considéré Olivier Véran.
Nécessité controversée
Cette décision intervient alors que les deux agences européennes l’ECDC (European Center for Disease Prevention and Control) et l'EMA (European medicine Agency) considèrent qu’il est trop tôt pour envisager d’administrer une quatrième dose de vaccins à ARNm contre le Covid-19 (Comirnaty de Pfizer et Spikevax de Moderna) dans la population générale – sans précision d’âge – se basant sur le fait qu’il n'existe actuellement aucune preuve que la protection vaccinale contre les formes sévères de la maladie diminue considérablement chez les adultes âgés de 60 à 79 ans non-immunodéprimés (voir Pas de 2ème rappel recommandé en population générale à ce stade, selon les agences européennes.
Interrogé par Medscape édition française sur ces avis européens et français qui semblent diverger, le gouvernement a répondu que si « l’EMA n’a pas souhaité émettre des recommandations fermes sur des populations plus jeunes, elle précise bien que si la situation épidémique évolue et que de nouveau signaux apparaissent, cela pourrait devenir nécessaire. De fait, la situation en France est caractérisée par un taux d’incidence qui est toujours élevé. Les taux d’hospitalisation en particulier chez les 60 ans et les avis scientifiques confortent notre décision ».
Le ministère de la santé a par ailleurs précisé que la décision de la France n’était pas isolée. « De plus en plus de pays en Europe ouvrent le 2ème rappel à des populations similaires à la nôtre, l’Allemagne, les Pays-Bas… Aussi, d’autres pays l’ont ouvert à des populations encore plus jeunes comme les Etats-Unis, aux 50 ans et plus, le Chili au 55 ans et plus. Israël a été le premier pays à proposer le 2nd rappel aux 60 ans et plus ».
Un délai prolongé à 6 mois entre les deux rappels
Pour les personnes âgées de 60 ans à 79 ans qui souhaitent recevoir leur deuxième dose de rappel, les rendez-vous sont ouverts dès aujourd’hui et la vaccination peut être effectuée en centre de vaccination, dans une officine, un cabinet ou à domicile. Cette deuxième dose de rappel doit être réalisée avec un vaccin à ARN messager (Pfizer-BioNTech en dose classique ou Moderna en demi-dose), quel que soit le vaccin reçu pour l’injection précédente. Néanmoins, cette tranche d’âge doit respecter un délai. Celui-ci est de 6 mois après l’injection du premier rappel.
Dans le cas spécifique des personnes ayant été infectées par le Covid-19 après leur premier rappel :
Si l’infection est survenue plus de 3 mois après le premier rappel, un deuxième rappel n’est pas nécessaire.
Si l’infection est survenue moins de 3 mois après le premier rappel, un deuxième rappel est nécessaire. Il convient d’attendre alors au moins 6 mois après l’infection avant de recevoir son deuxième rappel.
En cas de cluster dans des EHPAD, le deuxième rappel peut être effectué immédiatement chez les personnes testées négatives.
Au 6 avril, 375 000 2èmes doses de rappel ont été administrées dont 260 000 aux 80 ans et plus, soit 13% des 2 millions des personnes très âgées éligibles.
Crédit image de Une : Dreamstime
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Citer cet article: 2ème dose de rappel du vaccin anti COVID désormais accessible aux plus de 60 ans - Medscape - 7 avr 2022.
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