France— Depuis ce 1er avril, l’ensemble des professionnels de santé peuvent participer aux télé-expertises, pour l’ensemble des patients. Les rémunérations des téléexpertises ont été aussi revues à la hausse.
Parent pauvre de la télémédecine, la télé-expertise subit depuis ce 1er avril une opération de simplification et de généralisation. Sera-ce suffisant pour populariser ce mode de consultation chez les professionnels de santé ? Nul ne saurait le dire.
Remboursable depuis le 10 février 2019, la télé-expertise a mis du temps à décoller. Selon les données de l'assurance maladie, sur les six premiers mois de mise en place, entre février et septembre 2019, seulement 779 télé-expertises avaient été remboursées par l'assurance maladie. Alors que le nombre de téléconsultations, au bout d'un an, s'élevait à 60 000.
Depuis, l'assurance maladie, interrogée par Medscape, est dans l'incapacité d'avancer le moindre chiffre. Il faut se tourner vers les opérateurs privés pour avoir une idée du nombre de télé-expertises actuellement effectuées. Selon Baptiste Truchot, directeur général d'Omnidoc, une start-up spécialisée dans la télé-expertise, il y aurait entre 20 000 et 30 000 télé-expertises par moi à l'échelle nationale, Omnidoc se taillant la part du lion, en trustant entre un tiers et 50% du marché. « C'est en développement continu », assure Baptiste Truchot, qui pense que les mesures mises en place ce 1er avril vont booster la télé-expertise.
Avenant 9
De quoi s'agit-il ? Tout simplement de l'application d'une partie des mesures de l'avenant n°9 à la convention médicale. « Les partenaires conventionnels s’accordent également à renforcer la qualité du parcours de soins, d’une part en étendant le champ de la télé-expertise, d’autre part en revalorisant l’avis ponctuel de consultant », annonçait l'assurance maladie en préambule de cet avenant.
De fait, désormais, l'ensemble des patients peut bénéficier d'une télé-expertise. Jusqu'à ce 1er avril, il n'y avait guère que les patients en affection de longue durée (ALD), les patients atteints de maladie rare, les patients résidant en zone sous-denses, les patients en Ehpad et les patients détenus, qui étaient éligibles à la télé-expertise.
Autre changement de taille : ce sont l'ensemble des professionnels de santé qui pourront demander ou donner une télé-expertise, et plus seulement les médecins.
Enfin, l'assurance maladie et les syndicats signataires de cet avenant 9 ont également convenu de simplifier le régime de télé-expertise. Auparavant, on différenciait les télé-expertises de niveau 1, qui concernaient les patients non connus du médecin requis (12 euros pour le médecin requis et 5 euros pour le médecin requérant), des téléconsultations de niveau 2, pour les patients connus du médecin requis (20 euros pour le médecin requis et 10 euros pour le médecin requérant).
Simplification
Depuis ce 1er avril, il n'y a plus qu'un type de télé-expertise rémunéré indifféremment 20 euros pour le médecin requis et 12 euros pour le médecin requérant. Mises bout à bout, ces mesures devraient booster la téléexpertise, même si Baptiste Truchot est conscient des freins rencontrés sur le terrain : « Si l'ensemble des professionnels de santé sont maintenant éligibles à la télé-expertise, les hôpitaux avec qui nous travaillons n'autorisent pour le moment que les médecins généralistes. À charge pour ces MG de faire le tri parmi les autres professionnels de santé qui souhaiteraient demander une télé-expertise aux praticiens hospitaliers. »
Par ailleurs, le tarif peu élevé de la téléexpertise peut décourager certains praticiens de la pratiquer : « Au début, les praticiens avec qui nous travaillions trouvaient que 20 euros, ou 12 euros pour une consultation ce n'était pas cher payé. Mais il a fallu expliquer qu'il ne s'agissait pas d'une téléconsultation mais d'un acte qui ne demandait pas plus que 5 minutes. »
Quoi qu'il en soit, la téléexpertise apparait comme l'un des outils qui permettra de répondre à la pénurie médicale : « Dans des spécialités en tension comme la dermatologie ou encore la cardiologie, la télé-expertise est très sollicitée. »
Dans les usages, la télé-expertise ne fait guère qu'institutionnaliser des us et coutumes médicaux, assez courants. Selon une étude établie par le CHU de Rennes et d’Omnidoc, datant de décembre 2020, la télé-expertise était pratiquée par 100% des spécialités ayant répondu au questionnaire. Et plus de 50% des répondants requis consacraient entre une et quatre heures par semaine à répondre à des télé-expertises.
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Citer cet article: La télé-expertise pour tous ! - Medscape - 5 avr 2022.
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