Londres, Royaume-Uni -- Un pas de plus dans le traitement des patients souffrant d'une insuffisance cardiaque consécutive à la forme héréditaire ou acquise de cardiomyopathie amyloïde liée à la transthyrétine. Selon les résultats de la phase d'extension de l'essai de phase III ATTR-ACT publiés dans Circulation: Heart Failure, le bénéfice du tafamidis en termes de mortalité par rapport au placebo est maintenu à 5 ans. Jusqu'aux années 2010, le taux de survie à 5 ans des patients atteints de cette affection était de moins de 50%, les décès étant dus à des insuffisances cardiaques rapidement progressives ou des morts subites par arythmies.
Après une dizaine d'années de recherche fondamentale et clinique, en 2018, le tafamidis, stabilisateur du tétramère de transthyrétine, s'est révélé efficace dans l'essai de phase III ATTR-ACT, avec une réduction significative de la mortalité à 30 mois (29,5% vs 42,9%) et des hospitalisations (RR= 0,68 IC95 % [0,56 ;0,81] p<0,0001).
Restait à savoir si le bénéfice allait se prolonger, d'où la mise en place d'une phase d'extension de l'étude.
Les patents inclus ont tous reçu le tafamidis meglumine dosé à 20 mg ou 80 mg dans un premier temps (respectivement 41 et 151 patients). A la suite d'un amendement au protocole, une autre formulation bio-équivalente du tafamidis meglumine 80 mg, sous forme d'acide libre à la dose de 61 mg, approuvée en Europe en mai 2021, a été utilisée pour l'ensemble des patients inclus.
Les résultats de l'analyse intermédiaire de cette phase d'extension concernent exclusivement les patients initialement traités par tafamidis meglumine à 80 mg ( 176 patients) et les témoins sous placebo (177 patients). La médiane de suivi était de 58,5 mois dans le groupe initialement sous tafamidis et 57,1 mois pour les témoins.
L'incidence des décès a été respectivement de 44,9% contre 62,7%. Le risque relatif de décès était significativement réduit de 41% chez les patients traités dès l'inclusion par tafamidis par rapport à ceux initialement sous placebo. La mortalité était réduite aussi bien dans le sous-groupe de patients souffrant d'une forme héréditaire de la maladie que dans celui des patients présentant une forme sauvage, et ce, quelle que soit la classe NYHA (I et II d'une part ou III d'autre part).
Si ces données peuvent sembler assez anecdotiques au regard du nombre limité de patients concernés, il convient aussi de prendre en compte le sous-diagnostic de cette pathologie en particulier chez les patients de plus de 60 ans. Un examen par scintigraphie peut être proposé chez certains insuffisance cardiaques à fraction d'éjection préservée afin de préciser s'ils souffrent ou non d'amylose. La fixation cardiaque des traceurs osseux scintigraphiques est en effet devenue un outil utile pour la détection précoce de l'amylose cardiaque.
Détecter une amylose cardiaque par scintigraphie chez un insuffisant cardiaque à fraction d'éjection préservée permet d'éviter les effets néfastes de la mise en place d'un bêtabloquant qui, du fait de leur actions directes négatives sur la fréquence cardiaque, l'inotropie et la conduction cardiaque, majorent le risque de décès par arythmie.
« Les patients initialement traités par tafamidis dans ATTR-ACT ont eu une survie nettement meilleure que ceux traités pour la première fois par placebo, soulignant l'importance d'un diagnostic et d'un traitement précoces dans la cardiomyopathie amyloïde à transthyrétine », concluent les auteurs, le Dr Perry Elliott et coll (University College London, Royaume-Uni).
Cet article a été initialement publié sur MediQuality.net, membre du réseau Medscape.
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Crédit image de Une : Dreamstime
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Citer cet article: Tafamidis dans l’amylose cardiaque: un bénéfice maintenu à 5 ans - Medscape - 22 mars 2022.
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