Aux États-Unis, le programme national de toxicologie du ministère de la Santé et des Services sociaux a récemment publié un 15e rapport sur les agents cancérigènes (voir infographie).
Des nouvelles données sur la présence de fluor dans les cosmétiques, ainsi que les conséquences de l'empoisonnement au plomb à l'échelle de la population américaine ont également été rapportées cette semaine.
Cancérogènes : une liste qui s’allonge
Le premier rapport américain sur les cancérigènes, publié en 1980, ne comprenait que 26 substances. Les experts estiment que la liste de ce nouveau rapport 2022 (comprenant 256 facteurs) sous-estime encore le nombre d’agents cancérigènes auxquels les humains sont exposés.
Certaines substances incluses dans des rapports précédents ont été "retirées" à la suite de litiges ou de nouvelles recherches. Par exemple, la saccharine avait été répertoriée comme "raisonnablement susceptible" de provoquer le cancer en 1981, mais a ensuite été supprimée de la 9e édition, après une analyse approfondie indiquant que les données étaient insuffisantes.
D'autres entrées restent controversées. Le tamoxifène, initialement listé dans le 9e rapport (et toujours inclus dans le 15e rapport), a été ajouté parce que des études ont montré qu'il pouvait augmenter le risque de cancer de l'utérus. Cependant, des preuves concluantes ont également montré qu'il peut prévenir ou retarder l’apparition d’un cancer du sein chez les femmes à haut risque.
PFAS dans les cosmétiques
Des chercheurs ont récemment analysé les produits chimiques contenus dans des cosmétiques et y ont retrouvé des niveaux élevés de fluor. Ceux-ci sont un indicateur de la présence de PFAS, des substances per- et polyfluoroalkyles.
Pour l'étude, publiée en ligne dans Environmental Science & Technology Letters, Bruton et ses collaborateurs ont examiné 231 produits cosmétiques achetés auprès de détaillants tels que Sephora, Ulta Beauty, Target et Bed Bath & Beyond. Les trois quarts des échantillons de mascara waterproof avaient des concentrations élevées en fluor, tout comme près des deux tiers des fonds de teint et des rouges à lèvres liquides, et plus de la moitié des produits pour les yeux et les lèvres. Bon nombre de ces produits chimiques ne figuraient pas sur les étiquettes des produits, il est donc difficile pour les consommatrices de faire un choix éclairé.
Intoxication au plomb : 1 américain sur 2 ?
Une étude récente a montré que la moitié des adultes américains ont été exposés à des niveaux nocifs de plomb lorsqu'ils étaient enfants. Ce sont plus de 170 millions de personnes aux États-Unis qui auraient été exposées à des taux excessifs de plomb, et 90% de ceux nés entre 1951 et 1980 ont des plombémies supérieures au seuil fixé par les CDC. En moyenne, cette exposition au plomb a entraîné une baisse du quotient intellectuel (QI) de 2,6 points par personne. Au total, cela représente plus de 800 millions de points de QI en moins pour les Américains.
En examinant ces données pour Medscape, le Dr Perry Wilson (professeur à la faculté de médecine de Yale) a estimé que « de 1960 à 1980, pratiquement chaque enfant aux États-Unis avait des niveaux de plomb dans le sang qui sont considérés aujourd'hui comme toxiques ». Selon lui, le point à retenir de l'étude n'est pas tant un appel à une action spécifique contre l'ingestion toxique de plomb, mais plutôt un rappel qu’il est difficile de comprendre parfaitement l'impact de l'environnement, et de l’interaction entre industrie et société, sur notre santé.
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Source image : Medscape
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Citer cet article: Dans l’Actu : cancérogènes, produits chimiques et intoxication au plomb - Medscape - 18 mars 2022.
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