2ème rappel de vaccin anti-COVID : les modalités précisées

Aude Lecrubier

Auteurs et déclarations

16 mars 2022

France — Depuis le 15 mars, un deuxième rappel de vaccin anti-Covid est possible et recommandé pour les personnes de plus de 80 ans, les résidents en établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) et en unités de soins de longue durée (USLD), à partir de 3 mois après l’injection du premier rappel, conformément à l’avis du Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale du 18 février dernier.

« Cette recommandation complète celle du 28 janvier qui préconise une deuxième dose de rappel pour les personnes immunodéprimées », indique le ministère de la santé et des solidarités.

« Les injections peuvent démarrer dès maintenant », indique le DGS Urgent du gouvernement en date du 14 mars.

Les vaccins préconisés pour ce deuxième rappel sont les vaccins ARN : une dose de vaccin Pfizer-BioNTech ou une demi-dose de vaccin Moderna. Les résidents des EHPAD et des USLD se verront proposer le deuxième rappel vaccinal au sein de leurs établissements. Pour les autres, ce deuxième rappel pourra être effectué soit en centre de vaccination, soit auprès d’un professionnel de santé de ville, dans une officine, un cabinet ou à domicile.

Le délai de surveillance post-vaccination de 15 minutes est recommandé pour ces personnes fragiles, précise un DGS urgent.

En tout, à terme 4,5 millions de personnes pourraient bénéficier de ce rappel mais il faut rappeler qu’un million de personnes de plus de 80 ans n’a pas reçu de schéma vaccinal complet et qu’un million de cette cible à reçu le premier rappel il y a moins de 3 mois ou a eu une contamination récente.

En tout, à ce jour, ce sont donc 2,5 millions de personnes qui sont éligibles à ce 2ème rappel, selon le ministère.

Cas des personnes ayant été infectées après leur premier rappel

-Si l’infection Covid-19 est survenue plus de 3 mois après le premier rappel, un deuxième rappel n’est pas nécessaire.

En effet, la survenue d’un épisode infectieux provoque une réponse immunitaire au moins équivalente à celle d’un rappel vaccinal.

-Si l’infection est survenue moins de 3 mois après le premier rappel, un deuxième rappel est nécessaire.

Système immunitaire moins fort et résistant

Quels éléments justifient ce 2ème rappel ? Pour répondre à cette question, le Pr Alain Fischer, président du Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale, a rappelé les 4 éléments figurant dans l’avis du COSV.

« Il y a d’abord une justification théorique », explique-t-il, qui est que « le système immunitaire des plus de 80 ans est moins fort et résistant que celui des plus jeunes. On sait notamment que la capacité de mémoire immunitaire n’est pas nulle mais qu’elle s’affaiblit significativement ». 

Aussi, les données de la Drees au 30 janvier ont montré qu’il y avait une petite augmentation des hospitalisations chez les sujets de plus de 80 ans qui avaient reçu un rappel. « Cela laisse penser qu’avec un 2ème rappel, l’on pourrait éviter ces hospitalisations dans la grande majorité », souligne-t-il.

Concernant le rapport bénéfice-risque, « on peut se fonder sur l’expérience acquise en particulier en Israël puisqu’ils ont commencé à effectuer une seconde dose de rappel il y a plusieurs mois ». Les données d’innocuité montrent qu’il n’y a pas d’effets indésirables particuliers observés ni chez les personnes très âgées, ni chez les personnes à partir de 60 ans.

Sur l’efficacité de la seconde dose de rappel, « il n’y a pour l’instant qu’un seul article montrant que chez les plus de 60 ans en Israël, à court terme, elle permet de réduire d’un facteur deux les infections et d’un facteur 4 les formes graves avec hospitalisation ».

« On peut ajouter que le rebond auquel on assiste aujourd’hui avec la participation de BA.2 qui est un peu plus transmissible que le variant BA.1 donne une nécessité un peu plus forte de protéger les personnes les plus fragiles et donc les plus âgées », précise l’immunologiste.

Vers un deuxième rappel pour tous ?

Le 2ème rappel chez les plus de 80 ans est-il la première étape d’un élargissement plus vaste à l’ensemble de la population ? « A ce stade, il n’y a pas de plan secret d’élargissement que l’on ne voudrait pas communiquer. Toutes les décisions sur un éventuel élargissement seraient prises en fonction des avis des autorités scientifiques, COSV et HAS », indique le ministère.

A ce stade, il n'y a pas de plan secret d'élargissement que l'on ne voudrait pas communiquer

« C’est en fonction des cas et surtout des données d’hospitalisation que l’on pourrait être amené à modifier la stratégie des injections d’une deuxième dose de rappel », souligne le Pr Fischer qui précise que pour les plus de 60 ans avec comorbidités, « la question est posée mais nous n’avons pas d’éléments pour répondre aujourd’hui ».

Suivez Medscape en français sur Twitter.

Suivez theheart.org |Medscape Cardiologie sur Twitter.

Commenter

3090D553-9492-4563-8681-AD288FA52ACE
Les commentaires peuvent être sujets à modération. Veuillez consulter les Conditions d'utilisation du forum.

Traitement....