Demandes d’iode : que répondre aux patients ?

Aude Lecrubier

Auteurs et déclarations

9 mars 2022

France— « Dans le contexte de conflit en Ukraine, une hausse significative des demandes de comprimés d’iode est constatée en officine ces derniers jours », a indiqué l’Ordre National des Pharmaciens dans un communiqué en date du 5 mars.

Pour répondre à l’inquiétude de la population qui craint un risque nucléaire lié à la guerre en Ukraine, l’ordre a communiqué plusieurs éléments d’information en provenance du ministère des Solidarités et de la Santé.

Faut-il se procurer des comprimés d’iode en pharmacie par précaution ? Dispose-t-on de stocks suffisants en France ? Au 4 mars, les autorités se veulent rassurantes.

« Bien que préoccupante, la dégradation constatée au cours des 24 dernières heures à proximité immédiate des sites nucléaires en Ukraine, n’appelle pas de mesure sur le territoire national. La situation est surveillée avec grande attention par les autorités sanitaires (notamment l’ASN, l’IRSN ainsi que l’AIEA). L’acquisition et la prise d’iode stable en précaution par les français, hors d’une instruction des autorités, n’est pas nécessaire », précise le communiqué.

 
L’acquisition et la prise d’iode stable en précaution par les français, hors d’une instruction des autorités, n’est pas nécessaire.
 

Aussi, si la situation le nécessitait, « les stocks de l’Etat permettraient une distribution de comprimés à l’ensemble de la population », rassure le Ministère. A savoir, aujourd’hui, la Pharmacie Centrale des Armées est le fabricant historique des comprimés d’iode en France et le laboratoire Serb dispose également d’une AMM depuis le mois de novembre 2021.

En cas d’urgence, les mesures prévues dans le cadre du dispositif ORSEC iode seraient mises en place avec la distribution des comprimés à la population à partir des stocks positionnés chez les grossistes répartiteurs. Les grossistes répartiteurs seraient alertés par Santé Publique France à la demande des autorités nationales ou de l’autorité préfectorale. Les stocks seraient dispatchés au niveau des communes identifiées dans le dispositif, et remis à la population au niveau de points de distribution préalablement identifiés dans le dispositif ORSEC iode. La prise d’iode doit se faire uniquement à la demande du préfet de département ou de son représentant.

Prise de comprimés d’iode : pourquoi et comment ?

L’iode radioactif, s’il est respiré ou ingéré, peut se fixer sur la thyroïde et augmenter le risque de cancer. Ainsi, la prise d’iode stable permet de saturer la thyroïde et de limiter la fixation d’iode radioactif. Il sera alors éliminé par le corps, notamment par les urines.

L’efficacité maximale de l’absorption des comprimés d’iode est constatée dans les 6 à 12 heures après exposition à la radioactivité. Au-delà de 24h, leurs effets secondaires sont plus graves (thyroïdiens et cardiaques) que les bénéfices attendus, indique l’Institut de Radioprotection et de Sureté Nucléaire (IRSN). Aussi, il est recommandé aux mères d’arrêter d’allaiter après la prise d’iode stable par crainte de graves complications pour le nouveau-né.

L’agence de sûreté nucléaire estime qu’environ un comprimé, avalé ou dissout dans un verre d’eau suffit à protéger un adolescent ou un adulte efficacement pendant deux jours.

A noter que la prise de comprimés d’iode stable ne protège pas contre les autres éléments radioactifs (comme le césium 134 ou le césium 137) potentiellement rejetés.

 

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