Bordeaux, France— Onco’Link thérapies orales est une expérimentation qui vise à améliorer la prise en charge des patients sous anticancéreux oraux. Elle rassemble 45 sites expérimentateurs en France. A l’Institut Bergonié, à Bordeaux, la phase pilote a été lancée en octobre 2021 et la phase expérimentale devrait commencer en juin prochain. Manon Teytaud, pharmacien hospitalier et Anna Le Bec, infirmière de coordination, détaillent le projet pour Medscape.
Renforcer le lien ville-hôpital
Onco’Link, un projet coordonnée par Unicancer, permet de structurer la coordination interprofessionnelle entre les professionnels de ville et d’hôpital, afin d’améliorer la prise en charge des patients sous anticancéreux oraux. « Pour toute initiation de traitement par thérapie orale anticancéreuse, nous proposons une consultation tripartite : une consultation oncologie d’initiation, un entretien pharmaceutique et une consultation avec l’infirmière de coordination », explique Manon Teytaud, pharmacien hospitalier à l’Institut Bergonié à Bordeaux. Le pharmacien hospitalier explique notamment le traitement et ses éventuelles toxicités et réalise un bilan de médication.
L’infirmière de coordination s’occupe ensuite du suivi et du social. « Notre objectif est de renforcer le lien entre ville et hôpital », complète Anna Le Bec, infirmière en oncologie médicale à Bergonié et infirmière de coordination Onco’Link. « Nous accompagnons les patients sous thérapie orale et en fonction de l’évolution, on les oriente si nécessaire vers le médecin traitant quand on a besoin d’une évaluation. Nous faisons aussi le lien avec l’oncologue si une expertise est requise ».
Lorsque le patient rentre chez lui, le pharmacien hospitalier contacte le pharmacien d’officine pour connaître les traitements pris récemment par le patient, et pour lui donner des informations sur le traitement et les modalités de prise. Le pharmacien hospitalier réalise une analyse pharmaceutique des interactions médicamenteuses potentielles, afin de savoir si d’éventuelles toxicités ou baisses d’efficacité peuvent survenir. « Si le pharmacien d’officine accepte de participer à l’expérimentation, nous mettons en place la coordination ville-hôpital et il peut alors faire un suivi de l’observance, des toxicités éventuelles et nous informer des dates de dispensation du traitement », indique Manon Teytaud.
L’expérimentation se déroule en trois phases. Le premier mois correspond plutôt à une prise en charge hospitalière, puis les trois mois suivants sont axés sur le suivi en ville en lien étroit avec l’hôpital et, si tout va bien, le suivi est ensuite effectué exclusivement par le médecin traitant et le pharmacien d’officine, avec l’hôpital en support si nécessaire.
Des questionnaires à remplir pour le patient
« Nous formons le patient pour remplir des questionnaires, selon la fréquence souhaitée. C’est toutes les semaines le premier mois, puis on peut espacer selon l’observance du traitement », explique Anna Le Bec. Le questionnaire porte sur la tolérance et l’observance du traitement : tolérance digestive, cutanée, température, bilan sanguin, oubli de prise, etc. « Quand les patients répondent au questionnaire, on reçoit des alertes : en cas d’alerte rouge, on contacte d’emblée le patient, l’alerte orange dépend de l’intensité du symptôme, et si l’alerte est verte, c’est simplement que le patient a répondu à son questionnaire. On a aussi les « sans nouvelles », lorsque le patient n’a pas répondu au questionnaire. Dans ce cas on fait le point sur son dossier », détaille l’infirmière.
« Globalement, les patients répondent bien au questionnaire. Quand ils ont des difficultés ils peuvent nous appeler », complète-t-elle.
Développer des outils connectés
A l’Institut Bergonié, l’expérimentation a commencé en octobre 2021 et une quarantaine de patients en ont déjà bénéficié. « Ce projet nous oblige à renforcer le maillage ville-hôpital, mais aussi à développer des outils connectés. On essuie un peu les plâtres sur la phase pilote, mais ensuite ce sera exportable à d’autres centres », assure Manon Teytaud. Pour elle, « il est essentiel de pouvoir décloisonner la ville et l’hôpital. Cela permet aussi de valoriser des métiers qui étaient auparavant isolés », souligne-t-elle.
Au niveau national, 45 centres expérimentateurs vont participer au projet, afin d’inclure 15 000 patients en 3 ans, pour un budget de 33,4 millions d’euros. La phase pilote dure 9 mois et la phase cible 24 mois, à partir de juillet 2022.

Forfaits Onco'Link
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Citer cet article: Onco’Link : renforcer le lien ville-hôpital des patients sous anticancéreux oraux - Medscape - 8 mars 2022.
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