ICOPE : un programme pour prévenir le déclin lié à l’âge

Anne-Gaëlle Moulun

Auteurs et déclarations

7 mars 2022

Lyon, France— Repousser la perte d’autonomie et la dépendance et permettre aux seniors de vieillir en bonne santé. C’est le but du programme ICOPE (Integrated care for older people), de l’OMS. A Lyon, il va être mis en œuvre par les Hospices civils de Lyon et la CPTS de Vénissieux. « ICOPE vise à repérer le plus tôt possible les débuts de fragilité en santé chez les plus de 60 ans. Il y a six domaines visés. On sait qu’en agissant sur ces leviers, on pourra plus facilement repousser la perte d’autonomie », explique le Pr Pierre Krolak-Salmon, responsable de l’Institut du Vieillissement (I-Vie) des HCL et coordonnateur général de l’expérimentation ICOPE, à Medscape.

6 domaines prioritaires à tester

Les deux premiers domaines prioritaires sont la mémoire et le bien-être psychique. « Nous allons repérer les premiers signes de perte de mémoire et d’éventuels signes de dépression ou d’anxiété, à prendre en charge très tôt », souligne le Pr Krolak-Salmon. Les deux suivants sont la nutrition et la locomotion. « Nous allons vérifier si les personnes commencent à s’amaigrir ou si elles sont, au contraire, en surpoids. Nous allons aussi regarder si la marche commence à se ralentir, s’il y a des pertes d’équilibre voire des chutes », détaille-t-il. Enfin, l’audition et la vision vont également être testées. « Si une perte auditive n’est pas repérée voire appareillée, cela risque d’aggraver l’isolement social, tandis que les troubles visuels risquent d’augmenter les chutes et les fractures du col du fémur », poursuit-t-il.

Une application dédiée pour repérer les alertes

Par exemple, pour tester son niveau cognitif, la personne âgée devra apprendre 3 mots qu’elle devra restituer après un laps de temps ; pour tester sa mobilité, elle devra se lever 5 fois d’une chaise sans l’aide des bras, dans un temps imparti, etc.

« Il va y avoir une campagne de communication à grande échelle par les collectivités territoriales, la ville de Lyon et la ville de Vénissieux, à destination des 60-95 ans », indique le spécialiste. Une application dédiée va proposer les premiers tests et permettre de repérer des petites alertes. Les acteurs du médico-social pourront par exemple proposer ces tests sur tablette à un aidant lorsqu’ils iront rendre visite à une personne âgée en perte d’autonomie. « La Poste va être un acteur central de ce dispositif. Les postiers vont partout et ils seront formés à l’application afin de pouvoir la proposer aux gens avec leurs ardoises numériques », précise le Pr Krolak-Salmon

Cette première étape de dépistage va générer (ou non) des alertes, qui seront envoyées automatiquement aux équipes de soins primaires : médecin généraliste, infirmières de maison de santé pluriprofessionnelle ou de CPTS impliquées dans le projet : les CPTS de Vénissieux, des Monts du Lyonnais, de Lyon 8e, du Val de Saône, la Maison de santé pluriprofessionnelle et universitaire (MSPU) de Saint-Priest, ainsi qu’à tout médecin généraliste qui souhaitera s’inscrire sur ICOPE.

Plan de soins si nécessaire

Quand alerte il y aura, une infirmière invitera la personne à venir rencontrer les équipes de soins primaires. Elle effectuera les premiers tests infirmiers sur les domaines qui ont généré l’alerte (mémoire par exemple). Ensuite, elle enverra son rapport au médecin généraliste réalisera le diagnostic et décidera d’établir un plan de soins si nécessaire », développe le coordonnateur du projet. Le plan de soin comprendra par exemple une consultation dans un centre mémoire et une prise en charge qui dépendra du diagnostic. « La 5e étape du dispositif prévoit une implication des territoires pour proposer aux personnes âgées des mesures de prévention, par exemple le renforcement de l’activité physique ou des aménagements dans la ville pour améliorer la vie des seniors », ajoute-t-il.

Parmi les acteurs qui participeront au repérage, figurent notamment les kinésithérapeutes et les infirmiers libéraux. Des forfaits sont prévus pour rémunérer les différents acteurs du repérage, les infirmières et les médecins généralistes. Une enveloppe de 800 000 euros sur 3 ans est prévue pour financer le projet sur le territoire. Les associations France Répit et France Alzheimer sont également partenaires d’ICOPE pour repérer les signes de fragilité chez les aidants.

Officiellement lancée en janvier dans sa phase d’implémentation, l’expérimentation locale du programme ICOPE devrait démarrer les premières inclusions aux alentours de l’été. Au total, 4855 personnes âgées de 60 ans et plus devraient être incluses.

Au niveau national, cinq autres territoires (Corse, PACA, Lot, Pays-de-la-Loire et Occitanie) mèneront un travail similaire, portant l’échantillon total à 40 000 seniors. Cette période de test d’ICOPE doit durer trois ans, jusqu’à fin 2024. Si elle se révèle concluante, cette démarche de prévention associant partenaires publics et privés pourrait ensuite être déployée sur l’ensemble du territoire national.

 

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