France — Le nombre de morts subites liées au sport en Ile-de-France a fortement diminué depuis 2005 grâce à l'augmentation des interventions de réanimation cardiorespiratoire (RCR), selon les résultats d’une étude coordonnée par le Dr Nicole Karam et le Pr Eloi Marijon publiés le 17 janvier 2022 dans le Journal of the American College of Cardiology[1,2].
Une nette amélioration de la survie
Ces nouvelles données recueillies par l’équipe du service de cardiologie de l’hôpital européen Georges-Pompidou AP-HP, du Centre d’Expertise Mort Subite de Paris, de l’Université de Paris et de l’Inserm montrent qu’entre 2005 et 2018 suite à la mise en place de stratégies de prévention et de formation, mais aussi à la mise à disposition de matériel, si le nombre d’arrêts cardiaques est resté stable, le taux de survie des victimes a été triplé.
Les chercheurs rapportent une amélioration spectaculaire de la pratique de la réanimation initiale réalisée par le témoin, avec une augmentation franche des taux de massages cardiaques (34,9% entre 2005 et 2007 versus 94,7% entre 2016 et 2018) et de l’utilisation du défibrillateur automatique externe par le témoin (1,6% entre 2005 et 2007 versus 28,8% entre 2016 et 2018).
Aussi, cette amélioration des manœuvres de sauvetage s’est accompagnée d’une multiplication par trois de la survie, qui est passée de 23,8% dans la première période à 66,7% dans la dernière.
Ces bons résultats en survie viennent confortés ceux d’une analyse similaire présentés lors du congrès de l’ESC 2019 où les chercheurs avaient comparé tous les arrêts cardiaques soudains survenus pendant ou après une séance de sport entre 2005-2010 puis entre 2011-2016 dans Paris et ses environs. Entre les deux périodes, le taux de survie général des athlètes ayant souffert d’arrêt cardiaque était déjà passé de 20% à 60%.
Entre l’étude de 2019 et celle de 2022, quelques points de survie ont encore été gagnés. « En rajoutant quasiment 2 ans entre 2016 et 2018, on remarque encore une amélioration », confirme le Dr Karam à Medscape édition française.
L’incidence des arrêts cardiaques reste stable
Si la survie s’est nettement améliorée au cours des dernières années, en revanche, les chercheurs notent que l’incidence de l’arrêt cardiaque lié au sport est restée stable dans le temps avec environ 50 cas par an dans la région, concernant toujours essentiellement des hommes d’environ 50 ans exerçant une activité sportive de loisir.
« Il est classique de constater une nette prévalence masculine dans les arrêts cardiaques liés au sport. Plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer ce phénomène mais nous n’avons pas de certitude. Quant à la survenue vers la cinquantaine, elle est liée au développement des maladies cardiaques et surtout coronaires, à cet âge, encore méconnues par leurs porteurs qui continuent (ou commencent) le sport malgré parfois des symptômes assez évocateurs. D’où l’intérêt d’améliorer le dépistage des maladies coronaires chez les gens désireux de remettre au sport et de les sensibiliser sur les symptômes des maladies cardiaques », explique le Dr Karam.
Pour le Dr Karam, pour espérer diminuer l’incidence des arrêts cardiaques liés au sport, il faut « améliorer le screening afin de repérer les personnes à risque d’arrêt cardiaque et sensibiliser les sportifs aux signes d’alerte dont la douleur thoracique et la dyspnée, et sur l’intérêt d’une interruption de l’exercice et d’une consultation rapide dans ce cas ».
Améliorer la situation en population générale
Ces progrès en survie dans le milieu sportif ne sont malheureusement pas encore observés en population générale. « Aujourd’hui, en Ile-de-France, deux victimes d’arrêts cardiaques liés au sport sur trois survivent, comparé à moins de 1 arrêt cardiaque sur 10 en dehors de l’activité sportive », souligne le Pr Xavier Jouven (service de cardiologie de l’hôpital européen Georges-Pompidou AP-HP, fondateur du Centre d’Expertise Mort Subite)[2]. Ces résultats devraient encourager des efforts similaires afin de pouvoir atteindre des survies comparables lorsque l’arrêt cardiaque ne survient pas dans le contexte du sport. Pour le cardiologue : « l’impact spectaculaire des stratégies mises en place pour améliorer la prise en charge initiale, et donc la survie des arrêts cardiaques liés au sport, donne de grands espoirs sur la faisabilité de l’amélioration du pronostic de l’arrêt cardiaque extrahospitalier tout venant ».
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Citer cet article: Mort subite liée au sport : amélioration spectaculaire de la survie en Ile-de-France - Medscape - 1er mars 2022.
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