Denver, Etats-Unis – Le VIH contre lequel nous luttons par des traitements médicamenteux faute de vaccins, est apparu voici 40 ans, le SARS-CoV-2 contre lequel nous luttons par des vaccins faute de traitements médicamenteux, est apparu voici 2 ans.
Les deux se sont retrouvés à Denver (Colorado) mi-février et sur la scène virtuelle de la réputée "Conference on Retrovirus and Opportunistic Infections", historiquement consacrée à l'épidémie du VIH-SIDA et aux infections opportunistes.
Cette co-habitation ne manque pas d'intérêt: beaucoup d'experts pensent que la recherche d'un vaccin contre le VIH pourrait être relancée par tout ce que nous avons appris sur la production d'un vaccin contre le coronavirus. Cette conférence fournit aussi l'opportunité de saluer la mémoire du Pr Luc Montagnier , décédé le 8 février, Prix Nobel de Médecine 2008 avec le Pr Françoise Barré-Sinoussi pour l’identification en 1983 dans leurs laboratoires de l’Institut Pasteur d’un nouveau rétrovirus, à l’origine du Sida.
La Conférence s'est ouverte le 13 février en mode virtuel pour la deuxième année consécutive, rassemblant derrière les écrans plus de 3.000 participants dont 40% de non-Américains. Dans l'actualité du VIH, on retiendra les sessions consacrées à la prévention et notamment à la PrEP pour laquelle plusieurs produits sont aujourd'hui approuvés dont le TDF/FTC, le TAF/FTC, les anneaux vaginaux de dapivirine et tout récemment un inhibiteur d'intégrase, le cabotegravir à longue durée d'action. Celui-ci surpasse largement la bithérapie TDF/FTC dans deux vastes études (HPTL083 et 084), arrêtées prématurément.
Une autre partie est consacrée à la persistance du virus dans des sanctuaires protégés sans que l'on comprenne vraiment pourquoi certains patients contrôlent mieux que d'autres leur infection sans qu'aucune charge virale ne soit détectable. Aujourd'hui deux patients dans le monde sont considérés comme totalement guéris. Dans cette perspective de guérison long terme, les cellules CAR-T indiquées dans des hémopathies malignes sont à l'étude.
VIH et SARS-CoV-2: des différences et des similitudes …
Lors de la cérémonie d'ouverture, le Pr Dan Barouch (Boston) a fait le point sur l'état des connaissances actuelles sur le VIH-1 (rétrovirus) et le SARS-CoV-2 (coronavirus). Le premier date de 40 ans, entraîne une infection chronique persistante avec aujourd'hui 79 millions d'infections dans le monde, 36 millions de décès, une propension à muter et à résister qui fait qu'aucun vaccin efficace n'est à disposition. Le coronavirus entraîne une infection aiguë avec aujourd'hui plus de 408 millions d'infections dans le monde, 5,8 millions de décès et des mutations limitées qui ont facilité la production d'une demi-douzaine de vaccins en moins de 2 ans. Les 2 virus ont un mécanisme similaire d'entrée dans la cellule: le SARS-COV-2 via le récepteur ACE2 et la protéine Spike, le VIH via la gp120 et le récepteur CD4. Autant dans le SARS-CoV-2 la recherche vaccinale a été couronnée de succès, autant dans le VIH les résultats restent décevants. Le dernier vaccin Ad 26 Mosaïque et Boost GP140 (immunité humorale et cellulaire) s'est révélé inefficace dans les essais HVTN 705 et HVTN 706. Aujourd'hui la technologie acquise avec les vaccins à ARNm pourrait relancer la recherche d'un vaccin contre le VIH.
Miscellanées
Pour le reste, parmi les sujets passerelles entre l'infection au VIH et celle au coronavirus, on suivra les communications sur l'efficacité de la vaccination anti-SARS-CoV-2 chez des patients VIH+, la transmission materno-fœtale du VIH, du SARS-CoV-2 et du virus de l'hépatite C. De nombreux travaux sont également consacrés au syndrome du Covid long et au Covid de l'enfant. Le VIH chez l'enfant est également abordé avec l'étude TATELO qui avait pour objectif d'évaluer le bénéfice d'une infusion d'anticorps neutralisants à large spectre en alternative à des antirétroviraux chez des enfants VIH+ traités depuis la naissance. Enfin les aspects neurologiques de l'infection par le VIH ne sont pas oubliés avec une présentation sur l'intérêt du rapport CD4/CD8 comme marqueur de lésions cérébrales et facteur prédictif de performances neuropsychologiques durant les premiers moments de l'infection.
Cet article a été initialement publié sur MediQuality.net , membre du réseau Medscape.
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Crédit image de Une : Dreamstime
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Citer cet article: VIH et SARS-CoV-2: deux destinées différentes - Medscape - 28 févr 2022.
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