Le blog du Pr Gabriel Steg – Cardiologue
TRANSCRIPTION
Gabriel Steg – Bonjour. Aujourd’hui, je voudrais vous parler d’un sujet qui est souvent négligé, qui est l’impact des anti-inflammatoires non stéroïdiens sur le contrôle de la pression artérielle chez les hypertendus.
Le point de départ sont des données relativement récentes qui ont été publiées dans JAMA Internal Medicine et qui reprennent une analyse de la cohorte américaine NHANES sur environ les 10 dernières années – une cohorte de plus de 25 000 sujets – et qui s’intéresse à la prévalence de médicaments qui sont censés augmenter la pression artérielle chez des non-hypertendus et chez des hypertendus. On observe que les anti-inflammatoires non stéroïdiens, qui sont réputés élever la pression artérielle, et c’est vrai – de même que les corticoïdes, mais c’est encore une autre histoire –, sont fréquemment prescrits ou coprescrits chez les gens qui sont hypertendus et traités pour de l’hypertension. On estime qu’environ 20 % des hypertendus reçoivent des anti-inflammatoires non stéroïdiens au long cours, ce qui est considérable, et on sait que ceci contribue à la fois à un mauvais contrôle de la pression artérielle et à une augmentation du nombre de médicaments qui sont nécessaires à obtenir un bon contrôle tensionnel.
Ceci rejoint d’autres effets secondaires cardiovasculaires connus des anti-inflammatoires non stéroïdiens puisqu’on sait depuis maintenant une vingtaine d’années que ceux-ci peuvent augmenter les complications cardiovasculaires de l’athérothrombose – notamment le risque d’infarctus du myocarde. C’est particulièrement vrai pour les coxibs, mais c’est également vrai pour le diclofénac – dans une moindre mesure pour l’ibuprofène et peut être pas ou, en tout, cas moins pour le naproxène. Et ceci est assez directement proportionnel au degré d’inhibition de COX-1. Il y a, en outre, un impact également connu des anti-inflammatoires non stéroïdiens sur la pression artérielle, avec un effet d’élévation de la pression artérielle et une plus grande fréquence de survenue d’épisodes d’insuffisance cardiaque – le risque d’insuffisance cardiaque étant, en gros, doublé chez les sujets qui prennent des anti-inflammatoires non stéroïdiens par rapport à ceux qui n’en prennent pas. Et ceci est proportionnel à l’inhibition de la COX-2.
Ceci intéresse à des degrés divers à peu près tous les inflammatoires non stéroïdiens.
C’est un problème qui est à la fois potentiellement grave, qui est fréquent et qui doit être mieux pris en compte.
Messages pratiques
Le message pour les cliniciens est double : le premier, c’est que si, véritablement, nos patients ont besoin de traitement anti-inflammatoire, et d’anti-inflammatoires non stéroïdiens en particulier, il faut essayer de minimiser la dose et la durée du traitement au maximum, d’envisager dans la mesure du possible d’utiliser les médicaments les moins cardiotoxiques ou les moins cardiodangereux comme le naproxène, mais en sachant que sur la pression artérielle et sur l’insuffisance cardiaque, on obtient à peu près la même chose que les autres anti-inflammatoires non stéroïdiens.
Aussi, quand on instaure ou quand on augmente un traitement anti-inflammatoire, penser à avoir un contrôle particulièrement strict de la pression artérielle.
Voilà sur les anti-inflammatoires non stéroïdiens et l’hypertension ce que je voulais partager avec vous aujourd’hui.
Merci et à bientôt sur Medscape.
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Citer cet article: Attention à l’impact des anti-inflammatoires non stéroïdiens sur le contrôle de la pression artérielle - Medscape - 10 mai 2022.
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