Antibiorésistance : la moitié des médecins généralistes y est confrontée

Fanny Le Brun

16 février 2022

France – Une enquête de la Drees révèle qu’en date de juillet 2021, un médecin généraliste libéral sur deux déclare avoir été confronté, au cours des trois derniers mois, à des problèmes d’antibiorésistance au sein de sa patientèle [1]. Par ailleurs, en 2020, 68 % des participants déclarent avoir atteint un objectif cible de la rémunération sur objectifs de santé publique (Rosp) concernant les antibiotiques.

Les réponses de 1 550 médecins généralistes libéraux

Alors que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a identifié l’antibiorésistance comme l’une des menaces les plus sérieuses pour la santé publique, la France est le 5e pays européen en matière de consommation d’antibiotiques, avec une moyenne supérieure de 20% à la moyenne européenne. La grande majorité (72 % en 2020) des antibiotiques vendus en France sont prescrits par les médecins généralistes. C’est pourquoi, une enquête menée par internet et par téléphone entre le 23 avril et le 16 juillet 2021 a recueilli les réponses de 1 550 médecins généralistes libéraux sur leurs perceptions à propos de l’antibiorésistance et sur leurs prescriptions d’antibiotiques. Il en ressort que :

  • 53% des médecins généralistes libéraux indiquent avoir été confrontés, au cours des trois derniers mois, à des problèmes d’antibiorésistance au sein de leur patientèle.

  • 95 % des médecins estiment avoir un rôle à jouer contre la résistance aux antibiotiques.

  • 82 % expriment des difficultés (parfois : 60 % ; souvent : 20 % ; toujours : 2 %) à refuser de prescrire des antibiotiques à un patient qui le demande.

  • 43 % indiquent qu’il leur arrive de prescrire un antibiotique à des patients qui n’en ont peut-être pas besoin.

  • Près de 18 % déclarent qu’ils préfèrent prescrire un antibiotique, en cas de doute, par crainte de conséquences médico-légales s’ils n’en prescrivent pas.

  • Près des deux tiers des répondants déclarent qu’ils pourraient, peut-être (41 %) voire certainement (20 %), diminuer la fréquence de leurs prescriptions d’antibiotiques.

  • 60 % déclarent recourir régulièrement au site Antibioclic (outil d’aide à la décision construit et mis à jour par des médecins généralistes universitaires) pour les aider dans leurs choix thérapeutiques ou dans leur communication avec les patients.

  • 88 % déclarent se fier avant tout à leur propre jugement et à leur expérience pour leurs prescriptions d’antibiotiques.

  • Seul un quart des médecins estiment légitime que les patients leur demandent un antibiotique, mais près de la moitié d’entre eux (43 %) tiennent compte de leur désir de retourner rapidement au travail s’agissant de leurs prescriptions d’antibiotiques.

  • 68% des médecins indiquent atteindre les objectifs fixés par la Rosp (rémunération sur objectifs de santé publique) pour la prescription d’antibiotiques.

Il semblerait « que des outils d’aide à la communication avec les patients et des formations seraient utiles pour aider les médecins les plus enclins à s’engager dans un processus de décision partagée à concilier écoute des patients et enjeux médicaux ».

 
95 % des médecins estiment avoir un rôle à jouer contre la résistance aux antibiotiques.
 

 

Cet article a été initialement publié sur Univadis.fr, membre du réseau Medscape.

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