Cannabis : la précocité des premières expériences nuirait à l’avenir professionnel

Caroline Guignot

12 janvier 2022

France – Selon une étude menée auprès d’une cohorte de jeunes français durant plusieurs années, la consommation du cannabis avant 16 ans est associée à un risque plus élevé d’être sans activité professionnelle (emploi ou formation) au début de l'âge adulte par rapport à ceux qui avaient une consommation plus tardive ou aux non-consommateurs, et une fois tous les autres paramètres ajustés [1].

Il y est décrit que la fréquence de consommation de cannabis influence le devenir professionnel des consommateurs, avec un taux plus élevé de personnes sans activité parmi les consommateurs. L’influence de l’âge de début de consommation est moins bien étudiée. Aussi, les investigateurs de la cohorte française TEMPO ont conduit une étude en ce sens afin de comparer la situation professionnelle d’adultes de 20 à 40 ans en fonction de l’âge initial de consommation.

1 487 participants

TEMPO (Trajectoires EpidéMiologiques en POpulation) a été lancée en 2009 en incluant des jeunes adultes qui avaient alors entre 22 et 25 ans, dont l’un des parents avait participé à la cohorte GAZEL (salariés d’EDF-GDF), et dans le cadre de laquelle ils avaient bénéficié d’une évaluation de leur santé mentale en 1991 et 1999. La cohorte TEMPO a été complétée en 2011 par d’autres jeunes adultes issus de parents GAZEL. Dans cette analyse ont été intégrés ceux qui avaient répondu à des questionnaires sur le fait d’avoir consommé du cannabis et l’âge de début. Ils ont été interrogés sur leur situation professionnelle, et les données soumises à une analyse multivariée et un calcul du score de propension.

Au total, l’analyse a été menée chez 1 487 participants (61% de femmes) pour lesquels les données étaient suffisantes. La cohorte était ainsi constituée de personnes d’âge moyen 28,9 ans en 2009 jusqu’à 37,5 ans en 2018. L'âge moyen rapporté de la première expérimentation du cannabis était de 18 ans, sachant qu’ils étaient 22,3% (dont un cinquième de femmes) à avoir consommé avant 16 ans pour la première fois (vs 40,8% après 16 ans, dont 38% de femmes) et qu’ils étaient 36,9% à n’avoir jamais expérimenté le cannabis (dont 41% de femmes).

Par rapport aux non-expérimentateurs, ceux qui avaient consommé du cannabis avant 16 ans ou après 16 ans avaient un risque d’être sans activité professionnelle au cours de la vie adulte durant le suivi qui était multiplié par 2,40 [2,00-2,88] et 1,39 [1,17-1,68] respectivement, selon l'analyse multivariée ajustée à l’ensemble des variables d’intérêt (sexe, âge, niveau d’étude, âge de l’initiation du tabac).

 
Par rapport aux non-expérimentateurs, ceux qui avaient consommé du cannabis avant 16 ans...avaient un risque d’être sans activité professionnelle au cours de la vie adulte durant le suivi qui était multiplié par 2,40.
 

Parallèlement, la probabilité d’être sans activité sur le long terme (soit à au moins 2 reprises durant le suivi) était aussi plus élevée chez les expérimentateurs précoces (OR 3,84 [2,73-5,42]) ou tardifs (2,01 [1,41-2,69]) que chez les non-expérimentateurs, selon le calcul des scores de propension intégrant de nombreux paramètres (ceux préalablement cités, comportement d'extériorisation pendant l'adolescence, le statut professionnel, socio-économique et marital des parents et leurs antécédents de dépression, tabagisme, abus d'alcool et divorce pendant l'adolescence de l’enfant).

 

Cet article a été initialement publié sur Univadis.fr, membre du réseau Medscape.

 

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