Paris, France — Le 28 décembre dernier, un interne a mis fin à ses jours en Martinique, ce qui porte à six le nombre d’internes qui se sont donné la mort en 2021.
Immense tristesse
Comptabilité macabre : depuis le début de cette année, six internes ont mis fin à leurs jours. Corentin Valy, interne en anesthésie-réanimation, est le dernier sur cette sombre liste. Il a mis fin à ses jours le 28 décembre alors qu'il était en stage au CHU de Martinique. Le centre hospitalier de Pointe-à-Pitre ainsi que l'association des internes de Guadeloupe ont rendu hommage, dans un communiqué commun, à ce jeune professionnel de santé originaire de la Charente-Maritime : « C'est avec une immense tristesse que nous apprenons la disparition de notre collègue et ami Corentin Valy, actuellement en stage en Martinique. Interne en anesthésie-réanimation, Corentin était un professionnel brillant, surqualifié, honnête, droit, gentil, et attentionné, comme le reconnaissent ses pairs. [...] Il a plusieurs fois pris part aux renforts sollicités durant les vagues Covid ayant récemment touché l'archipel. » Le CHU de Pointe-à-Pitre a décidé de consacrer un temps de parole, avec le concours de psychologues, le 30 décembre dernier, aux collègues de Corentin. L'intersyndicale nationale des internes (Isni) a exprimé, sur les réseaux sociaux, « sa profonde tristesse et son soutien aux proches de notre collègue interne qui a perdu la vie ». A cette occasion, l'Isni a remis à disposition des internes sa documentation sur la prévention du suicide chez les étudiants en médecine.
Le syndicat d'internes rappelait également qu'il avait fait de l'accompagnement des internes l'un de ses chevaux de bataille : « L’accompagnement des internes tout au long de leur formation est une des priorités de l’Isni. Cet accompagnement comprend à la fois : le soutien psychologique pour prévenir et soigner l’impact du contexte de travail (horaires de travail, décès, patients complexes, hiérarchie…) sur la santé mentale la supervision du cursus pour permettre à chacun d’optimiser sa formation et de préparer sa carrière professionnelle de façon appropriée. »
Les collègues et co-internes de Corentin lui ont également rendu hommage sur les réseaux sociaux, tel Julien Texier, qui a posté ce message sur Facebook : « Il s’appelait Corentin. Il avait 27 ans. […] Un énième suicide d’interne. Cette fois-ci, c’était un copain. Un interne en médecine se suicide tous les 18 jours en moyenne. Combien encore devrons-nous en supporter à l’hôpital ? »
Avant Corentin, il y avait eu un interne – dont l’anonymat avait été préservé – le 20 janvier dernier, Quentin, le 21 janvier, Tristan, le 19 février, un autre interne anonyme le 22 mars, Valentin le 30 mars. À cette occasion, l'Isni le 17 avril dernier, avait organisé un hommage silencieux aux internes suicidés devant le perron du ministère de la Santé. Selon le même syndicat, un interne se suicide tous les 18 jours, soit trois fois plus souvent que dans la population générale.
Symptômes dépressifs et idées suicidaires
Le 28 octobre dernier, les associations étudiantes ont présenté les résultats de leur dernière enquête sur la santé mentale des étudiants et jeunes médecins en 2021. Sous-titré "Dépression, Burn-out, humiliation et harcèlement", cette étude fait état d'une nette dégradation de la santé mentale des étudiants depuis les dernières études. Dans une méta-analyse sur la question datant de 2016, 27% des étudiants en médecine de tous niveaux présentaient des symptômes dépressifs, et 11% des idées suicidaires, avait rappelé lors de ce colloque le Dr Ariel Frajerman, psychiatre. En cause : le temps de travail hebdomadaire, les humiliations, harcèlements et agressions sexuelles, et enfin les difficultés financières ressenties. Le ministre de la santé s'est engagé à présenter au début de l'année 2022 de nouveaux dispositifs pour améliorer les confisions de travail des internes et étudiants en médecine.
Contacts utiles
L'Isni a collecté une série de contacts qui peuvent être utiles aux étudiants en difficulté psychologique
SOS internes : structures crées par des internes en psychiatrie pour la plupart dans presque toutes les subdivisions. Elles sont gérées par des internes bénévoles qui peuvent aussi être membres de votre syndicat local. Une prise de contact est réalisée systématiquement dans les 24-48h. N’hésitez pas à les solliciter (carte ci-dessous), ils sont là pour vous.
Contact ISNI : contact@isni.fr
CNA (Centre national d’appui) : 0 800 724 900 – soutien@cna-sante.fr
Conseil de l’Ordre des Médecins : 0800 28 80 38
SOS amitié : 09 72 39 40 50
Plateforme d’appui psychologique pour les soignants par le gouvernement : 0800 73 09 58
Crédit photo de une : Dreamstime
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Citer cet article: Un sixième interne met fin à ses jours en 2021 - Medscape - 7 janv 2022.
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