Agression du directeur du CHU de Guadeloupe : réactions

Jean-Bernard Gervais

5 janvier 2022

Guadeloupe, France — Le 4 janvier, le directeur général du CHU de Guadeloupe Gérard Colleton et son adjoint ont été violemment agressés après avoir été séquestrés par des militants contre l'obligation vaccinale. Une agression qui a scandalisé les élus régionaux, mais aussi l'ARS de Guadeloupe et la communauté médicale du CHU de Guadeloupe. Contacté par Medscape, le Dr Patrick Portecop, chef du service des urgences du CHU de Guadeloupe a déclaré : « nous sommes effarés de voir ce qui s'est passé et nous n'acceptons pas que le directeur général ait été agressé, nous nous posons la question de la sécurité qui lui a été accordée. »

Dans un communiqué, Olivier Véran, ministre des Solidarités et de la Santé, a condamné « avec la plus grande fermeté ces actes abjects à l’encontre de professionnels mobilisés plus que jamais pour la protection de la santé des Guadeloupéens». Il a, par ailleurs assuré «Gérard Cotelon, l’ensemble des équipes du CHU de Guadeloupe et des équipes de l’agence régionale de santé de Guadeloupe de son plein et entier soutien dans leur mission pour la santé des Guadeloupéens». SL

Agression violente

Selon nos confrères de France TV Info, des membres de l'Union des travailleurs de la santé, section syndicale de l'Union générale des travailleurs de Guadeloupe (UTS-UGTG) ont bloqué le siège du CHU de Guadeloupe ce 4 janvier, à Ricou, où se situe le bâtiment administratif. Le syndicat tenait ainsi à protester contre la suspension des contrats de travail des personnels non vaccinés contre le Covid-19. Les syndicalistes ont non seulement occupé le siège administratif du CHU de Guadeloupe mais ont aussi retenu pendant plusieurs heures le directeur général Gérard Colleton, ainsi que plusieurs membres du personnel. Les membres de la direction ont finalement pu être évacués par les forces de l'ordre en début de soirée, mais ont été violemment agressés pendant leur évacuation. Le directeur, selon la communication du CHU de Guadeloupe, aurait reçu « des coups de pieds aux cotes et un violent coup de tête qui l'a à demi assommé ». Gérard Colleton aurait alors perdu connaissance pendant une dizaine de secondes. « Quant au directeur général adjoint, Cédric Zolezzi, escorté difficilement vers une voiture de police, il a vu ses vêtements arrachés et déchirés et le véhicule de police qui l’exfiltrait pris pour cible », détaille un communiqué du CHU de Guadeloupe. Les deux hommes ont aussi reçu des jets d'urine, tandis que le véhicule d'une assistante de direction aurait été gravement endommagé.

« La violence ne règle rien ! »

« Il faut que les autorités prennent les décisions nécessaires pour restaurer la stabilité, et que les fauteurs de troubles soient lourdement punis », a ajouté le Dr Portecop interrogé par Medscape. Cette agression suit de peu une conférence de presse donnée dans la matinée du 4 janvier par le collectif d'organisation en lutte contre l'obligation vaccinale et contre le pass sanitaire, lequel collectif a confirmé sa mobilisation contre le pass. De son coté, l'UTS-UGTG a justifié son action, par la voix de son secrétaire général Gaby Clavier, en arguant que la direction du CHU est à l'origine de cette montée en tension, en refusant de recevoir une délégation des personnels non vaccinés du CHU de Guadeloupe. Les responsables politiques de l'ile ont pour leur part dénoncé l'agression du directeur du CHU de Guadeloupe, qu'il s'agisse du président de la région Guadeloupe, Ary Charlus, des élus régionaux du groupe Péyi Gwadloup, ou encore du député Olivier Serva qui a notamment déclaré : « la précarité liée à la suspension des salaires du personnel du CHUG doit être prise en compte, mais la violence envers la direction n’est pas la solution ». La députée Justine Bénin a également réagi sur Twitter en déclarant : « Soutien total au DG du CHU de la Guadeloupe et au DGA, violentés, hier, dans leurs bureaux à l’hôpital. Ces actes sont intolérables et perturbent dangereusement le fonctionnement du CHU, alors que Omicron contamine massivement nos concitoyens. La violence ne règle rien ! ». Dans un communiqué de presse, la directrice générale de l'ARS Guadeloupe Valérie Denux a condamné fermement « l'agression du directeur général du CHU, de son adjoint et de son assistante. Les personnels qui ont agi ainsi ne peuvent plus se qualifier de professionnel de santé ». La directrice a notamment rappelé que « concernant la perte de salaire, il a été proposé à ces personnes de dialoguer, pour comprendre leurs freins à la vaccination, et de les aider en trésorerie pendant cette periode. [...] C'est plus de 600 personnes qui se sont inscrites dans ce dispositif [...] les organisations syndicales qui appellent à la violence ont aussi appelé à ne pas bénéficier de ce dispositif ».

« Le paroxysme de l'impensable »

Cette flambée de violence intervient alors que la Guadeloupe vit actuellement un répit sur le front de la pandémie de Covid-19, comme nous le confirme le Dr Portecop : « sur le plan social nous vivons en Guadeloupe le paroxysme de l'impensable. Sur le plan médical il n'y a pas de tension en réanimation, pour le moment nous ne sommes pas encore submergés. »

Ces nouvelles tensions sociales avaient été précédées la semaine dernière de l’arrestation du leader syndical Elie Domota. Jeudi 30 décembre, Elie Domota, président du LKP (Lyannaj Kont Pwofitasyon) avait été mis en garde-à-vue pendant quatre heures, à la suite de sa participation à une manifestation contre l'obligation vaccinale. Il est convoqué le 7 avril prochain devant le tribunal correctionnel de Pointe-à-Pitre, pour « violences volontaires sur personne dépositaire de l’autorité publique, refus de se soumettre aux prélèvements obligatoires sans ITT (incapacité temporaire de travail) ». L'arrestation d'Élie Domota avait scandalisé nombre de Guadeloupéens, dont ceux du collectif d'organisations en lutte contre l'obligation vaccinale.

 

Guadeloupe, Guyane, Mayotte, Saint-Martin et Saint-Barthélémy sous état d'urgence sanitaire

Face à la "catastrophe sanitaire" que constitue la vague actuelle de Covid-19, le gouvernement a placé, à la mi-journée ce mercredi 5 janvier 2022, cinq nouveaux territoires ultramarins en état d'urgence sanitaire : la Guadeloupe, la Guyane,  Mayotte,  Saint-Martin et  Saint-Barthélemy, annonce FranceTVInfo. Ils rejoignent ainsi La Réunion et la Martinique qui avaient déjà été placés sous ce statut fin décembre.
Une décision fondée notamment sur les « capacités hospitalières » et la « couverture vaccinale de leur population » actuelles sur place, alors que « sous l’effet du variant Omicron, la circulation de la Covid-19 connait une augmentation considérable », selon un décret présenté aujourd'hui, en Conseil des ministres. SL

 

 

 

 

 

 

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