Ostéoporose : données inédites sur l'efficacité des traitements en vie réelle

Marine Cygler

Auteurs et déclarations

5 janvier 2022

Paris, France – Si le prescripteur dispose de différentes traitements anti-ostéoporotiques à proposer à sa patientèle, il existe peu de données concernant leur efficacité en vie réelle. A l'occasion du 34ème Congrès Français de Rhumatologie , le Pr Karine Briot (rhumatologue, hôpital Cochin) a présenté en plénière une étude de cohorte qui apporte – enfin – cette information[1]. Cette étude confirme les résultats des essais cliniques concernant la protection contre les fractures vertébrales, non-vertébrales et de hanche. Mais, elle montre aussi que l'efficacité n'est pas la même selon les médicaments.

Plus de 200 000 femmes ménopausées

Karine Briot et ses collègues ont eu recours au Système National des Données de Santé (SNDS) pour rechercher les femmes ménopausées ayant initié un traitement anti ostéoporotique (AO) entre 2014 et 2016. Les données ont été incluses dans l’étude s’il y avait un minimum de deux ans de suivi dans la base de données après l'initiation du traitement, lequel devait avoir été suivi au moins six mois.

694 402 femmes ménopausées ont initié un traitement AO dans la période d'intérêt. « Une grande partie d'entre elles, 402 441,  n'a pas poursuivi le traitement dans les six mois après l'initiation », a indiqué l'oratrice. Avant de poursuivre « Je vous rassure : 75 % d'entre elles prenaient un THM nous faisant dire que le THM avait été prescrit pour tenter de soulager les troubles du climatère plutôt que comme traitement à visée osseuse ».

Etaient exclues aussi les femmes avec antécédent de cancer ou d'une maladie de Paget. L'analyse a porté finalement sur 200 496 patientes réparties en six groupes selon l'exposition : dénosumab (33,4%), acide zolédronique (20,8%), tériparatide (3,7%), bisphophonates oraux (26,4%), THM (9,8%) et raloxifène (5,8%).

La moyenne d'âge de la cohorte ainsi constituée était de 71 ans. « Elle était autour de 75 ans pour les traitements par voie parentérale, ce qui correspond à des âges plus élevés que celui des participantes aux essais cliniques pour ces mêmes molécules », commente le Pr Briot.

Une efficacité hétérogène et un excès étonnant des fractures de hanche

Le changement du risque de fracture a été évalué en comparant le risque de fracture au cours du premier trimestre de traitement (0-3 mois), la période de référence au cours de laquelle le risque de fracture est élevé car le traitement ne fait pas encore pleinement effet, à celui au cours de différentes périodes après les trois mois d'initiation (3-12 mois ; 3-18 mois ; 3-24 mois).

Seul le dénosumab est associé à une réduction significative du changement du risque pour toutes les fractures (hanche, vertébrales, non-vertébrales). Pour les bisphophonates intraveineux et pour le tériparatide, la réduction du risque concerne uniquement les fractures vertébrales. Pour le raloxifène, les données utilisées n'indiquent pas de changement de risque significatif.

Enfin pour les bisphosphonates oraux, outre une réduction du risque de fracture vertébrale, les auteurs ont fait une constatation étonnante. « Paradoxalement on observe un excès de fracture de hanche pour la période 3-12 mois après l'initiation du traitement quelle que soit la tranche d'âge, y compris pour les plus jeunes âgées entre 75 et 79 ans », détaille le Pr Briot. Quant à expliquer ce phénomène, la spécialiste avance deux explications : soit l'existence de facteurs confondants, soit les patientes ne prennent pas leur traitement. Avec la base du SNDS, s'il est possible grâce aux données de remboursement de constater que les patientes ont acheté les médicaments prescrits, impossible en revanche de savoir si elles les prennent.

 

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