TRANSCRIPTION
"Bonjour et bienvenue dans cette revue de presse. Aujourd’hui, je voudrais traiter de quatre études que j’ai trouvées intéressantes dans la littérature récente. Elles touchaient des domaines assez variés.
Remplacement chirurgical : valve mécanique ou bioprothèse aortique ?
La première étude est une méta-analyse publiée par Tasoudis et al. dans l’European Journal of Cardiothiracic Surgery [1] et qui pose la question : « qu’est ce qui est mieux ? Avoir une valve mécanique ou une bioprothèse aortique en cas de remplacement chirurgical ? » Cette méta-analyse de 25 études inclut près de 8800 prothèses dans chaque groupe.
Résultats : Les auteurs ne retrouvent pas de différence de mortalité entre les deux groupes chez les patients de moins de 50 ans, sachant qu’il y avait quand même une tendance en faveur de la prothèse mécanique. Entre 50 et 70 ans, il y avait un bénéfice supérieur en termes de survie avec la valve mécanique et à partir de 70 ans, c’était à l’inverse – le bénéficie était supérieur en faveur de la bioprothèse. À noter qu’il n’y avait pas de différence sur la mortalité hospitalière, sur les AVC postopératoires et sur le taux de réintervention et que les évènements hémorragiques étaient augmentés dans le groupe valve mécanique et que le taux de réintervention au long cours était plus important dans le groupe bioprothèse. Donc, en gros, le message est : pour les plus de 70 ans, bioprothèse, entre 50 et 70 ans, plutôt la valve mécanique.
Détecter les anomalies associées à un arrêt cardiaque chez les jeunes adultes grâce à une montre intelligente
La deuxième étude a été menée par une équipe française [2] (essentiellement de Bordeaux, Mathieu Nasarre, EUROPACE 2022) qui travaille sur des montres connectées. Ils ont utilisé ici une Apple Watch et ils l’ont comparée à l’ECG 12 dérivations. Il y avait deux populations : des sujets sains contrôles et 67 sujets qui avaient des pathologies cardiaques assez variées, rythmiques bien sûr, comme un syndrome du QT long congénital, syndrome de Brugada, préexcitation, cardiomyopathie hypertrophique, dysplasie arythmogène du ventricule droit... Ils ont utilisé la montre connectée, soit en position classique, c’est-à-dire au bras gauche, ce qui faisait l’équivalent d’une dérivation D-1, mais également ils l'ont appliqué sur différentes positions du thorax, notamment en position V-6.
Résultats : La montre connectée permet globalement, avec une assez bonne sensibilité, de diagnostiquer les anomalies électrocardiographiques : une sensibilité de 64 % dans la position classique au niveau du bras, et qui montait jusqu’à 89 % lorsqu’elle était réalisée en V-6. La préexcitation était diagnostiquée avec une sensibilité de 89 %, même en position au niveau du bras, mais dès qu’on la mettait au niveau du thorax, on était à 100 %. Le syndrome de Brugada est très mal diagnostiqué par la position au niveau du bras, par contre lorsqu’on était en position V-6, on avait une sensibilité de 92 % et une spécificité de 100 %. Le QT long congénital avait une sensibilité de 80 % sur une position au niveau du bras, passée à 90 % lorsqu’on le positionnait au niveau du thorax, et la cardiomyopathie hypertrophique avait une sensibilité de 90 % environ lorsqu’on était au niveau du bras. C’est intéressant parce qu'ici cette montre connectée a été utilisée au-delà de son usage. Cela montre que ces outils connectés pourraient être utilisés plus largement que ce qu’on fait aujourd’hui, en tout cas, au niveau médical.
COVID et prise en charge de l’HTA
La troisième étude s’est intéressée à l’impact du COVID-19 sur la prise en charge de l’hypertension artérielle (HTA). Elle a été publiée par Thomas Weber et al. dans Blood Pressure. [3] Les auteurs ont évalué l’impact de la pandémie sur la prise en charge de l’hypertension en termes diagnostiques et thérapeutiques dans 50 centres d’excellence, essentiellement européens, en 2019 et 2020. Et de manière non surprenante, ils montrent que lors de la première année il y a eu une réduction importante, surtout lors des confinements, de toutes les stratégies permettant une prise en charge de l’HTA dans ces centres experts, et on peut imaginer les conséquences adverses que cela a pu avoir.
SURVIVE-VT : ablation du substrat par voie endocardique vs stratégie médicamenteuse antiarythmique
Une quatrième étude de rythmologie qui a été publiée dans le JACC par Ángel Arenal et al. Elle s’appelle SURVIVE-VT. [4] Les auteurs ont pris des patients qui avaient déjà eu un choc approprié par le défibrillateur et ils les randomisaient entre une stratégie d’ablation du substrat par voie endocardique et une stratégie d’antiarythmique qui pouvait être assez variée (amiodarone/bêtabloquant, amiodarone seule ou sotalol plus ou moins bêtabloquant). Le critère primaire était la mortalité cardiovasculaire, les chocs appropriés, les hospitalisations pour insuffisance cardiaque ou les complications liées au traitement. C’est une petite étude (144 patients avec un suivi de 24 mois), mais qui est quand même publiée dans le JACC.
Résultats : Il y avait un taux d’évènements de 28 % dans le groupe ablation et de 46 % dans le groupe antiarythmique et cette différence était largement significative. Et cette différence est essentiellement liée aux complications des traitements. Grâce au fait de suivre les patients sur deux ans, on voit que les traitements antiarythmiques ont eu des complications. Deuxièmement, il a été noté également moins d’hospitalisations pour insuffisance cardiaque dans le groupe ablation, quasiment réduit, là aussi, de moitié. Bien entendu, on ne s’attendait pas à avoir de différence en termes de mortalité cardiaque dans cette étude puisque c’est vraiment une durée et un nombre de patients limités.
Voilà, j’espère que cette revue de presse vous a intéressé et je vous dis à très bientôt sur Medscape."
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Citer cet article: Revue de presse : quoi de neuf en cardiologie ce mois-ci ? - Medscape - 6 juin 2022.
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