COVID-19 : le rappel vaccinal associé à une baisse importante de la mortalité même avant 65 ans

Aude Lecrubier

Auteurs et déclarations

14 décembre 2021

Israël  Quelle est l’efficacité du rappel vaccinal sur la mortalité liée à l’infection Covid-19 par le variant delta ? Peu données sont encore disponibles pour répondre à cette question, notamment chez les moins de 65 ans. Un flou qui reste à l’origine de débats autour de l’utilité de cette dose supplémentaire chez les plus jeunes à titre individuel[1].

Une étape importante vient cependant d’être franchie avec la publication d’une vaste étude observationnelle israélienne dans le New England Journal of Medicine qui apporte des éléments de réponse encourageants[2].

Elle montre que les participants qui ont reçu un rappel avec le vaccin Comirnaty de Pfizer/BioNTech (BNT162b2) au moins 5 mois après une deuxième dose de ce même vaccin ont une mortalité liée au Covid 90 % inférieure à celle des participants qui n'ont pas reçu de rappel.

Le rappel est donc très efficace pour limiter la mortalité liée au Covid, au moins pendant les 54 jours de l’étude. Reste à savoir s’il est efficace au-delà, combien de temps il le reste, s’il est efficace sur le variant omicron et quel est son profil de tolérance. Autant de questions auxquelles ne répond pas cette étude.

Une étude menée dans un contexte de forte épidémie en Israël

Les chercheurs israéliens qui ont mené l’étude rappellent le contexte dans lequel elle a été menée.

L'émergence du variant delta et une efficacité vaccinale s’estompant au fil du temps ont entraîné une résurgence des cas de Covid-19 chez les personnes ayant été vaccinées assez tôt. Dans cette situation, Israël, en août 2021, avait la plus forte incidence de Covid-19 au monde.

En conséquence, le 30 juillet 2021, le ministère israélien de la Santé a approuvé l'utilisation d'une troisième dose de BNT162b2 (rappel). Le rappel était initialement indiqué pour une utilisation chez les personnes de 60 ans ou plus qui avaient reçu une deuxième dose au moins 5 mois plus tôt. Deux semaines plus tard, l'âge d'admissibilité a été abaissée à 50 ans.

Cette autorisation a été octroyée par les autorités israéliennes malgré le manque de preuves solides d'efficacité et l'absence d'approbation par la Food and Drug Administration et par l'Agence européenne des médicaments.

L’étude a débuté le 6 août 2021 et s'est terminée le 29 septembre 2021.

Les auteurs ont recueilli les données de tous les affiliés au régime Clalit (l’assureur santé le plus important du pays) de 50 ans ou plus au début de l'étude et qui avaient reçu deux doses de BNT162b2 au moins 5 mois plus tôt.

Les participants étaient exclus s'ils avaient été infectés par le SRAS-CoV-2 ou avaient reçu un rappel avant le 6 août 2021 (immunodéprimés).

La mortalité liée au Covid-19 chez les participants ayant reçu le rappel pendant la période d'étude (groupe rappel) a été comparée à celle des participants n'ayant pas reçu le rappel (groupe sans rappel).

Les données ont été ajustées pour les facteurs sociodémographiques et les comorbidités.

L'âge moyen des participants était de 68,5 ans ; 60 % des participants étaient âgés de 65 ans ou plus. Les comorbidités les plus courantes étaient l'hypertension (46 %), l'obésité (33 %) et le diabète (29 %). Pour la plupart des caractéristiques sociodémographiques et cliniques (âge, sexe masculin, IRC, cancer du poumon, antécédent d’AVC…) la différence entre le groupe de rappel et le groupe sans rappel était significative.

Un risque de mortalité lié au covid 90 très abaissé

Un total de 843 208 participants ont été éligibles dont 90 % ont reçu le rappel au cours de la période d'étude de 54 jours. 65 décès liés au Covid-19 sont survenus dans le groupe de rappel (0,16 pour 100 000 personnes par jour) versus 137 dans le groupe non-rappel (2,98 pour 100 000 personnes par jour). Le risque relatif ajusté de décès lié au Covid-19 dans le groupe de rappel, par rapport au groupe sans rappel, était de 0,10 (intervalle de confiance à 95 %, 0,07 à 0,14 ; P < 0,001).

Les participants qui ont reçu un rappel au moins 5 mois après une deuxième dose de BNT162b2 avaient donc une mortalité liée au Covid-19 90 % inférieure à celle des participants qui n'avaient pas reçu de rappel.

Parmi les participants de moins de 65 ans, 5 décès sont survenus parmi les 287 310 participants du groupe de rappel versus 14 parmi les 49 882 participants du groupe sans rappel (rapport de risque ajusté, 0,13 ; IC à 95 %, 0,04 à 0,40 ; P <0,001).

Moins d’infections 

A noter qu’au cours de la période d'étude, une infection confirmée a été observée chez 2 888 participants du groupe de rappel et chez 11 108 participants du groupe sans rappel (critère secondaire). Le rapport de risque ajusté pour l'infection par le SRAS-CoV-2 dans le groupe de rappel, par rapport au groupe sans rappel, était de 0,17 (IC à 95 %, 0,16 à 0,18 ; P < 0,001).

Les participants qui ont reçu un rappel au moins 5 mois après une deuxième dose de Comirnaty avaient donc 83% moins de risque d’être infectés que ceux qui n'avaient pas reçu de rappel.

« Des études avec des périodes de suivi plus longues pour évaluer l'efficacité et l'innocuité du rappel restent nécessaires », concluent les chercheurs.

Que disent les données françaises ?

Ces données israéliennes vont dans le sens de récentes données françaises pour les plus de 60 ans. En comparant les taux d’entrées en soins critiques pour 1 million d’habitants entre le 18 octobre et le 14 novembre 2021 chez des personnes ayant reçu un schéma complet de vaccination +/- une dose de rappel, des chercheurs de la Drees ont observé une nette réduction de l’incidence hospitalière pour les personnes vaccinées depuis plus de 6 mois ayant eu l’injection d’une dose de rappel, pour les âges de 60 à 80 ans comme pour les plus de 80 ans.

 

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