Paris, France – Après une prostatectomie radicale, la dysfonction érectile est très fréquente puisqu'elle concernerait entre 30 et 90 % des patients, selon les études. Et la récupération d'une fonction érectile équivalente à celle d'avant l'opération est rare : sans médicament, on n'atteint pas les 20 % dans la population globale, et le pourcentage chute à moins de 5 % chez les plus de 60 ans.
Face à ces chiffres peu optimistes pour un patient qui va se faire opérer, il existe pourtant des possibilités d'améliorer la situation grâce à la réhabilitation sexuelle, qui dépasse d'ailleurs la seule capacité d'érection. Un point sur ce sujet a été fait à l'occasion du 115ème congrès de l'Association Française d'Urologie (AFU) 2021 [1] .
Concept introduit par Francesco Montorsi en 1997, la réhabilitation sexuelle est un ensemble de mesures incluant des traitements et dispositifs médicaux ainsi qu'une prise en charge globale du couple qui ont pour objectif de préserver au maximum la fonction érectile préopératoire. Elle repose sur la prévention des altérations morphologiques et fonctionnelles du tissu érectile qui surviennent après prostatectomie radicale (PR). « Il s'agit de limiter la fibrose, la rétraction et la perte de taille de la verge, d'oxygéner les corps caverneux mais aussi de préserver la structure des muscles lisses et la structure endothéliale – la fameuse éponge vasculaire du pénis. » détaille le Dr Jean-Etienne Terrier (urologue, andrologue, Hôpital privé Jean Mermoz, Lyon).
La conservation des bandelettes neurovasculaires ne suffit pas
« Dans les années 2000, les techniques de conservation chirurgicale des bandelettes neurovasculaires ont été développées, ce qui a été une révolution dans la possibilité de conserver des érections », indique le Dr Jean-Etienne Terrier. Avant de nuancer : « Même si on est un excellent chirurgien et qu'on fait une conservation parfaite, dans un certain nombre de cas, cela ne suffira pas pour retrouver une érection et une sexualité satisfaisantes ». De fait, on sait maintenant que la conservation des bandelettes neurovasculaires ne remplace pas l'accompagnement du patient pour lutter contre les effets secondaires d'une PR.
Concernant la rééducation érectile, l'orateur lyonnais a rappelé que les procédures peuvent s'appuyer sur l'utilisation d'inhibiteurs de la phosphodiestérase de type 5 (IPDE5), les injections intracaverneuses et le vaccum. S'il n'existe toujours pas de protocole standard, le spécialiste a indiqué qu’une prise en charge précoce, « à débuter le plus tôt possible », avec toutes les méthodes disponibles à mettre en oeuvre pendant au moins deux ans améliorait la récupération des érections.
Prendre en compte l'aspect émotionnel
Plus qu'une réhabibilitation pharmacologique, le Dr Terrier plaide pour une véritable éducation des patients et des partenaires. Son idée est de promouvoir un concept de rééducation, à l'instar de celle proposée aux patients ayant un problème articulaire ou musculaire. « L'idée c'est à la fois d'être très progressif mais aussi de ne pas perdre de temps pour éviter que les traitements perdent en efficacité », explique-t-il.
Aussi selon lui, les urologues ne doivent pas sous-estimer l'impact émotionnel négatif de la dysfonction érectile mais aussi des injections intrapéniennes dont il faudra expliquer l'intérêt.
« Notre objectif avec les injections ? Motiver nos patients à reprendre une vie sexuelle et accepter leurs angoisses. On sait que nos patients n'ont rapidement plus de rapport sexuel et petit à petit il y a une détérioration de la qualité de vie sexuelle et de la qualité de vie en général », témoigne-t-il qui considère que les troubles érectiles doivent être pris en charge rapidement sans forcément attendre le retour de la continence urinaire. La capacité à avoir des érections va au-delà des pénétrations. « Il faut encourager les patients à la rééducation pour éviter qu'ils se sentent diminués et qu'ils aient une belle image d'eux-mêmes », estime-t-il alors qu’il invite à collaborer avec les sexologues.
Quelles sont les nouvelles stratégies en 2021?
Jean-Etienne Terrier a choisi de présenter trois nouvelles stratégies pour la prise en charge de la dysfonction érectile après une PR. Un essai randomisé récent[2] a montré l'intérêt d'injections intracaverneuses de plasma riche en plaquettes sur l'amélioration de la fonction érectile.
« C'est une des stratégies possibles après PR pour limiter le plus possible l'apparition d'altérations du tissu érectile », commente-t-il.
D'après une autre étude[3], le score IIFE est meilleur encore avec une utilisation combinée du plasma riche en plaquettes et des ondes de choc. « Evidemment, je ne dis pas qu'il faut faire ce type de protocole à tous les patients : je dis que ces stratégies sont disponibles et qu'elles seront probablement utiles à nos patients », précise-t-il.
Autre possibilité de rééducation : l'utilisation du Restorex, un dispositif de traction pénienne de nouvelle génération qui non seulement à un effet sur l'amélioration de la longueur de la verge mais aussi sur la fonction érectile avec une absence de perte du score IIEF dans le groupe traité en comparaison au groupe placebo[4]. « Ce qui est intéressant c'est que le Restorex s'utilise 30 minutes par jour, une durée bien moins contraignante que les 3 à 6 heures par jour recommandées pour les autres dispostifs de traction pénienne ».

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Citer cet article: Quelle réhabilitation sexuelle après une protastectomie radicale en 2021 ? - Medscape - 10 déc 2021.
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