Marseille, France – Avec l’arrivée de la 5e vague, les plans blancs se multiplient dans les hôpitaux. Les agences régionales de santé (ARS) Île-de-France, Occitanie, Pays-de-la-Loire et Bourgogne-Franche-Comté ont emboîté le pas aux ARS PACA, Auvergne Rhône-Alpes et Corse qui l’avaient déclenché début décembre. Dans ce contexte, le ministre de la Santé Olivier Véran a annoncé ce jeudi 9 décembre que le plan blanc serait probablement national d’ici quelques jours, ce qui permettra de « mobiliser tous les soignants vers un objectif : sauver des vies ».
100 infirmières manquantes
Les Hôpitaux de Marseille (AP-HM) ont décidé le 6 décembre de déclencher le niveau 2 de leur plan blanc afin de faire face à l’afflux de malades du Covid et à la grande tension des services pédiatriques liée à l’épidémie de bronchiolite.
Au 7 décembre au soir, 149 patients Covid étaient hospitalisés dont 38 en réanimation. « Nous avons décidé de déclencher le plan blanc essentiellement en raison de l’afflux des patients Covid qui se surajoute à une activité non Covid qui est majeure. En ce moment, il y a une montée progressive et constante des patients Covid à l’AP-HM, de l’ordre de 10 patients supplémentaires chaque jour par rapport au jour précédent », souligne le Pr Jean-Luc Jouve, président de la CME de l’AP-HM, interrogé par Medscape.
« Actuellement, nous sommes plein. En réanimation, la moitié des lits sont occupés par des patients Covid ». Au total, l’hôpital peut mobiliser jusqu’à 100 lits de réanimation. « Mais nous risquons de ne pas pouvoir en mobiliser autant car nous sommes en pénurie de personnel. Nous avons fait les comptes hier et il nous manque 100 infirmières », s’inquiète le Pr Jouve.
Personnel à bout de souffle
Grâce au plan blanc, il souligne que l’hôpital aura « une latitude pour majorer la possibilité de recruter, d’engager tout le personnel disponible, de déplafonner toutes les heures supplémentaires, de déprogrammer des interventions, voire de rappeler du personnel en congé. Mais nous allons tout faire pour ne pas en arriver là, car le personnel est à bout de souffle », glisse-t-il.
L’arrivée des congés de Noël diminue aussi le nombre de soignants disponibles. « Le problème que nous avons actuellement, c’est que la situation à l’hôpital, qui était déjà très dégradée avant le Covid, s’est dégradée encore davantage. On ne va pas pouvoir ouvrir autant de lits que lors des précédentes vagues », prévient-il.
« Si nécessaire, on pourra déprogrammer des interventions non urgentes nécessitant une réanimation post-opératoire, comme la chirurgie cardiaque ou orthopédique. Elles seront différées pour pouvoir libérer des lits dans les services de réanimation », explique-t-il.
« L’idée, c’est aussi que la médecine libérale puisse nous venir en aide. Nous souhaitons aussi que les établissements privés jouent le jeu, voire qu’on obtienne de l’ARS que certaines interventions en libéral qui ne sont pas urgentes comme de la chirurgie plastique ou orthopédique soient annulées afin que des infirmières libérales puissent venir renforcer l’hôpital public », espère-t-il.
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Citer cet article: Plan blanc : à Marseille, le manque de personnel risque de compromettre l’ouverture de lits supplémentaires - Medscape - 10 déc 2021.
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