Effet protecteur d’une dose de rappel COVID : premières données chiffrées

Stéphanie Lavaud

Auteurs et déclarations

2 décembre 2021

Saint-Maurice, France – Comment l’ancienneté du schéma vaccinal complet contre le Covid-19 et la réalisation ou non d’une dose de rappel influent-elles sur le risque d’hospitalisation ? Des appariements entre les bases de données SI-VIC, SI-DEP et VAC-SI exploitées par la DREES donnent de premières informations en population française [1].

  • SI-VIC : base de données sur les hospitalisations conventionnelles ou en soins critiques (réanimation, soins intensifs et soins continus) de patients, hospitalisés pour ou positifs au test Covid-19,

  • SI-DEP : base de données sur les résultats des tests de dépistage du virus SARS-CoV-2,

  • VAC-SI : base de données sur les vaccinations Covid-19.

Incidence hospitalière réduite pour les personnes de 60 ans avec dose de rappel

Les chercheurs de la Drees ont comparé les taux d’entrées en soins critiques pour 1 million d’habitants durant les quatre dernières semaines d’observation (du 18 octobre au 14 novembre 2021) chez des personnes ayant reçu un schéma complet de vaccination +/- une dose de rappel. Leurs résultats montrent une nette réduction de l’incidence hospitalière pour les personnes vaccinées depuis plus de 6 mois ayant eu l’injection d’une dose de rappel, pour les âges de 60 à 80 ans comme pour les plus de 80 ans.

Sans rappel, l’effet protecteur de la vaccination s’érode un peu avec l’ancienneté de la vaccination

Parmi les personnes complètement vaccinées sans rappel, la comparaison de la répartition des populations et des entrées hospitalières ou des tests positifs selon l’ancienneté de l’obtention du schéma complet (depuis moins de 3 mois, entre 3 et 6 mois, depuis plus de 6 mois) montre un accroissement de l’incidence avec l’ancienneté. « Ce constat est toutefois établi sans tenir compte des différences de caractéristiques entre différents statuts vaccinaux, précisent les chercheurs. En clair, les personnes vaccinées tôt dans la campagne n’ont pas nécessairement les mêmes caractéristiques que celles qui ont reçu leurs injections plus récemment.

Risques relatifs d’hospitalisation nettement réduits par un rappel à plus de 6 mois

Les chercheurs ont également conduit une modélisation visant à estimer la réduction de risque d’hospitalisation qu’apporte chaque statut vaccinal (une dose récente ou efficace, vaccination complète depuis moins de 3 mois, 3 à 6 mois, plus de 6 mois sans rappel ou rappel après plus de 6 mois) par rapport à l’absence de vaccin (voir graphique ci-dessous). Ainsi, « le risque d’une personne de 80 ans et plus avec un schéma vaccinal complet de moins de 3 mois est environ 7 fois moindre puisque l’effet protecteur pour cette classe d’âge est d’environ 85 %. En outre, la première dose de vaccin apporte dès son administration une protection importante : l’efficacité durant les 14 premiers jours est d’environ 50 % et elle atteint 80 % ensuite, avant l’obtention de la deuxième dose » écrivent les auteurs.

Ils notent, par ailleurs, que les paramètres associés aux autres statuts vaccinaux confirment « la perte de protection du vaccin au court du temps pour les plus de 60 ans » et une érosion « bien plus modérée pour les moins de 60 ans que pour les seniors ». D’autre part, le rappel réduit fortement le risque d’hospitalisation pour les personnes vaccinées depuis plus de 6 mois.

 

En raison de l’ouverture du rappel vaccinal aux seules personnes de 65 ans et plus, hors situations particulières,  au moment de l’étude, les effectifs des personnes de moins de 60 ans avec rappel sont trop peu nombreux pour estimer de façon fiable un risque relatif d’hospitalisation pour les catégories les plus jeunes, indiquent les chercheurs. Néanmoins, en tenant compte des limites inhérentes à ce type de calculs, les chercheurs proposent les estimations suivantes :

  • la protection vaccinale initiale du schéma complet est élevée pour toutes les classes d’âge en soins critiques comme en hospitalisation conventionnelle, comprise entre 90 et 95 %*, elle est un peu plus faible, autour de 85 % pour les personnes de 80 ans et plus.

  • cette protection semble s’atténuer légèrement au fil du temps après l’obtention du schéma complet, surtout pour les seniors, beaucoup moins pour les personnes de 20 à 60 ans. Pour les personnes avec schéma complet depuis 6 mois ou plus, elle diminue à 80 % environ. En revanche, elle ne s’érode que de quelques points pour les moins de 60 ans, en hospitalisation conventionnelle comme en soins critiques.

  • l’injection du rappel pour les personnes de plus de 60 ans dont le statut complet remonte à plus de 6 mois améliore la protection vaccinale à 95 % environ, par rapport à une population vaccinée depuis plus de 6 mois sans rappel, en hospitalisation conventionnelle comme en soins critiques.

* une protection de 95 % pour une personne vaccinée signifie que son risque d’être hospitalisé est inférieur de 95 % (soit 1 / (1 - 0,95) = 20 fois moins) au risque encouru en l’absence de vaccination (toutes autres caractéristiques égales par ailleurs).

Le modèle fournit aussi une représentation du risque d’hospitalisation en fonction de l’âge montrant que celui-ci est très faible pour les plus jeunes augmentant d’une façon continue pour l’hospitalisation conventionnelle jusqu’à plus de 80 ans. En revanche pour l’hospitalisation en soins critiques, c’est entre 60 et 80 ans que le risque maximal est atteint (voir graphique ci-dessous).

 

Pourquoi plus de personnes vaccinées entrant à l’hôpital que de non-vaccinés ?

« Parmi les patients hospitalisés pour Covid-19, il y aurait plus de personnes vaccinées que de non-vaccinés » : une phrase que les anti-vax utilisent régulièrement comme argument-clé contre l’efficacité avancée des vaccins. Qu’en est-il réellement ? L’observation est juste. Car effectivement, la proportion des patients vaccinés parmi les hospitalisés n’a cessé de croître jusqu’à dépasser récemment la moitié : entre le 8 et le 14 novembre, les personnes complètement vaccinées représentaient 56 % des entrées en hospitalisation conventionnelle et 48 % en soins critiques pour lesquelles un test PCR positif a été identifié, écrivent les chercheurs. Ce résultat peut paraître surprenant et difficile à comprendre au premier abord quand l’efficacité des vaccins contre les formes graves est estimée à des niveaux proches de 90 %, reconnaissent les chercheurs. « Pour autant, dans un contexte d’accroissement de la couverture vaccinale (c’est-à-dire la part de la population vaccinée. Au 30/11, 89% de la population majeure a reçu un schéma vaccinal complet), cette évolution est mécanique et s’observe alors même que l’efficacité vaccinale peut être très proche de 100 % » indiquent les auteurs, démonstration mathématique à l’appui (à lire ici).

 

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