Dose de rappel dès 18 ans et 5 mois après la primo-vaccination : l’argumentaire de la HAS

Aude Lecrubier

25 novembre 2021

France Après avoir rendu un avis en faveur d’une dose de rappel aux 40 ans et plus vendredi dernier, la Haute Autorité de Santé (HAS) recommande désormais de proposer un rappel aux personnes âgées de 18 ans et plus, et de raccourcir le délai d’administration à 5 mois après la primo-vaccination au lieu de 6 [1].

La raison principale : « un contexte de reprise de l'épidémie encore plus forte qu'attendue ».

Quel argumentaire scientifique ?

Pour rendre cet avis, la HAS s’est appuyée notamment sur les résultats des données de modélisation transmises par l'Institut Pasteur.

Le modèle de l'Institut Pasteur calibré aux données avant l'accélération récente de l'épidémie, a évalué l'impact du rappel sur la diminution du rebond épidémique (taux de transmission et nombre cumulé d'hospitalisations) s’il était administré aux personnes de plus de 65 ans, de 50 ans, de 40 ans ou de 18 ans et à différents délais : 4, 5 ou 6 mois après la primo-vaccination.

Plusieurs scénarios épidémiques et de stratégie des doses de rappel ont été évalués :

-Taux de transmission : R0 identique à celui estimé du 27 septembre au 6 novembre 2021 (scénario de référence), scénarios d'augmentation ou diminution de R0 de 10% à compter du 1er décembre ;

-Effet du climat sur le R0 : moyen (33%; scénario de référence), bas (20%), et élevé (40%) ;

-Capacité logistique de distribution des troisièmes doses ;

-Rythme de distribution : au maximum 100k, 200k (scénario de référence), 400k doses par jour ;

-Personnes éligibles : plus de 65 ans, plus de 50 ans, plus de 40 ans, plus de 18 ans ;

-Niveau d'adhésion : 80% des plus de 50 ans ; 50% des 18-49 ans ;

-Délai entre primovaccination et administration du rappel : 4, 5 ,6 mois.

Trois scénarios de diffusion de l'épidémie ont été évalués : le scénario de référence (avec hypothèses conservatrices), un scénario le plus optimiste et un scénario le plus pessimiste qui sous-estime la situation épidémique actuelle.

Il ressort des estimations de l’Institut Pasteur que la réduction du pic est de l'ordre de 20% si le rappel est uniquement chez les personnes de 65 et plus, alors qu'il est de 40% si la dose de rappel est élargie à toutes les personnes de 18 ans et plus.

En prenant l'hypothèse que le rappel a la même efficacité après 5 ou 6 mois, pour 400 000 doses distribuées par jour aux 18+, la réduction de la taille du pic est de 50% et 39% respectivement pour un délai de 5 et 6 mois.

La stratégie la plus efficiente en termes réduction du nombre cumulé d'hospitalisations et de taux d'incidence est celle de l'élargissement du rappel aux plus de 18 ans avec un avancement à 5 mois de celui-ci.

Une décision confortée par les données en vie réelle israéliennes

La décision de la HAS a été confortée par les données issues d'études en vie réelle menées en Israël qui permettent d'évaluer l'efficacité d'un rappel vaccinal administré au moins 5 mois après la seconde dose du vaccin Comirnaty (schéma vaccinal retenu en Israël). Dans l'étude de Barda N et coll. Publiée dans le Lancet, en particulier, les individus ayant reçu une dose de rappel au moins 5 mois après la seconde dose ont été appariés à des individus témoins, n'ayant pas reçu de dose de rappel et suivis sur une période de 60 jours. Il en ressort qu’ils sont mieux protégés.

Par rapport à deux doses du vaccin administrées au moins 5 mois auparavant, l'efficacité de l’ajout d'une troisième dose à partir du 7ème jour a été estimé à 93 % pour prévenir les hospitalisations, 92 % pour prévenir les formes graves et 81 % pour prévenir les décès liés au Covid.

Quel bénéfice-risque pour les moins de 40 ans ?

Si la HAS reconnait que le bénéfice d’une administration à partir de 18 ans est clairement collectif, elle note toutefois que l'intérêt d'un rappel chez les moins de 40 ans est conforté par les données suivantes :

- données issues des essais cliniques ayant permis à l'EMA d'autoriser l'extension de l'AMM à la dose de rappel en dose complète pour Comirnaty et en demi-dose pour Spikevax quel que soit l'âge ;

- données issues d'une étude nord-américaine confirmant la bonne tolérance d'une dose de rappel en vie réelle avec les vaccins Comirnaty et Spikevax chez les plus jeunes ;

- données de tolérance en vie réelle concernant l'administration d'une dose de rappel en Israël, avec le vaccin Comirnaty, présentées lors du « Vaccines and Related Biological Products Advisory Committee Meeting » le 14 octobre 2021 (Ministère de la santé israélien).

 

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