La propagation du COVID chez les cerfs américains soulève de nouvelles inquiétudes 

Alicia Ault

24 novembre 2021

Etats-Unis – Des témoignages de plus en plus nombreux font état de cerfs américains infectés par le SRAS-CoV-2 et malades du Covid-19. Le phénomène a été aussi observé chez des animaux de zoo ou de compagnie. Certains experts craignent non seulement que les animaux deviennent une source de transmission du virus vers l'homme mais aussi qu'ils représentent un réservoir pour le développement de nouveaux variants.

Des cerfs et félins concernés

En juillet dernier, le département américain de l'agriculture révélait que des anticorps dirigés contre le SRAS-CoV-2 avaient été détectés chez des cerfs de Virginie en Illinois, en Pennsylvanie, dans le Michigan et dans l'État de New York. Un mois plus tard, le département signalait la présence du virus chez des cerfs en Ohio. Il y a quelques semaines, des chercheurs de la Penn State University ont publié une étude montrant qu'un nombre croissant de cerfs avaient été testés positifs en Iowa, ce qui reflète très probablement une transmission de l'homme au cerf (le phénomène étant principalement observé dans les parcs animaliers) puis entre cerfs.

En parallèle, trois léopards des neiges hébergés par le zoo pour enfants de Lincoln, dans le Nebraska, ont récemment succombé à des complications liées au Covid-19. Deux tigres du zoo ont également contracté le virus en octobre, mais ils se sont rétablis. Un phénomène comparable s'est produit au Smithsonian National Zoo de Washington DC en septembre, avec six lions africains, un tigre de Sumatra et deux tigres de Sibérie testés positifs pour le SARS-CoV-2. Le personnel du zoo n'a pas été en mesure de déterminer la source de ces infections.

Les humains ont bien infecté des animaux

Jusqu'à présent et bien que la cause en soit parfois inconnue, il semble que ce soit plutôt les humains qui infectent les animaux. Ainsi, selon Angela Bosco-Lauth (professeure adjointe de sciences biomédicales à l'université d'État du Colorado, à Fort Collins), l'homme est le vecteur présumé de l'infection chez le cerf. En revanche, « la probabilité qu'un humain contracte la maladie à partir d'un cerf qu'il vient d'abattre est assez minime, même si on ne peut pas l'exclure totalement. » Et d'ajouter, soulignant le nombre massif d'infections dans le monde, que « ce que nous voyons est sans précédent dans l'histoire. Ce qui est encore plus inquiétant, c'est la possibilité d'apparition d'un nouveau variant, en particulier chez les animaux domestiques ou d'élevage. Nous avons vu notamment avec le variant delta que les mutations apparaissent assez facilement et s'adaptent à l'hôte. »

Angela Bosco-Lauth et ses collègues ont récemment mené des expérimentations chez le chat, le chien, le hamster et le furet. Ils ont constaté une évolution rapide du SARS-CoV-2, en particulier chez le chien et le chat. Dans leur étude, publiée début novembre dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences, les auteurs suggèrent de surveiller de près l'évolution du SRAS-CoV-2 chez les animaux de compagnie et chez d'autres hôtes animaux potentiels.

Étant donné que les chats semblent particulièrement sensibles à l'infection par ce virus et qu'ils vivent à proximité des humains, on serait en présence « d'un contexte plus probable de transmission dans les deux sens, entre les humains et les animaux, et pouvant donner naissance à des variants » » s'inquiète Angela Bosco-Lauth.

Les Center of Disease Control américains affirment que les humains peuvent transmettre le Covid-19 aux animaux, y compris domestiques, ceux des zoos ou d'élevage comme le vison. L'Agence souligne cependant que rien ne prouve encore que le Covid-19 puisse se transmettre des animaux aux humains, à l'exception du vison d'élevage.

Le Danemark a éliminé des millions de visons en 2020 pour éviter une mutation survenue après une transmission de l'homme à l'animal et de l'animal à l'homme. Le pays a ensuite incinéré 4 millions de ces visons qui avaient d'abord été enterrés à la hâte quelques mois plus tôt.

La prudence est de mise pour les chasseurs

Le SRAS-CoV-2 ne se transmet pas par voie sanguine et rien ne prouve qu'une personne puisse tomber malade en mangeant de la viande de cerf, mais certains États recommandent aux chasseurs de prendre des précautions supplémentaires lorsqu'ils préparent des plats à base de cerf de Virginie. La majorité de ces Etats leur conseillent de suivre les recommandations des CDC relatives à la manipulation du gibier sauvage, qui invitent à ne pas emmener les animaux qui semblent malades ou qui sont découverts morts, à éviter de couper la colonne vertébrale et les tissus rachidiens, à ne pas consommer de la cervelle d'un animal sauvage, et à porter des gants en caoutchouc ou jetables.

Ainsi le Wisconsin suggère le port du masque et conseille aux chasseurs de limiter également la manipulation ou la découpe des poumons, de la gorge, du museau et des naseaux. Le Massachusetts conseille, lui, le port d'un masque facial, en plus des directives des CDC. Un biologiste de la faune sauvage de l'État de Rhode Island a déclaré au Providence Journal qu'il recommandait le port du masque lors de la manipulation des cerfs sur le terrain.

La plupart des États américains recommandent le vaccin anti-Covid, qu'ils considèrent comme le meilleur moyen de se protéger contre une infection potentielle, même d'origine animale.

Des précautions supplémentaires ne sont jamais inutiles, a déclaré Angela Bosco-Lauth, ajoutant que « porter un masque pour prévenir d'autres agents pathogènes en plus du SRAS-CoV-2 est une bonne idée ».

 

 

Cet article a été publié sur Medscape.com sou le titre COVID Spread Among Deer Causes Concern Over New Variants .  Traduit par le Dr Claude Leroy.

 

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