Lyon, France – Une équipe française a identifié un nouveau gène déterminant dans le développement du diabète. Le Pr Marc Nicolino, chef du service d’endocrinologie, diabétologie pédiatrique aux Hospices civils de Lyon, commente pour Medscape l’étude parue dans la revue Nature Medicine [1].
Chez une famille suivie depuis plus de 10 ans
A l’opposé des diabètes de type 1 et de type 2, dont l’origine génétique est multifactorielle, il existe des formes de diabètes beaucoup plus rares, dont la cause est monogénique. « Depuis plusieurs années, nous avons identifié des enfants qui naissaient avec un diabète associé à d’autres symptômes simultanés », indique le Pr Marc Nicolino, chef du service d’endocrinologie, diabétologie pédiatrique aux Hospices civils de Lyon et co-auteur de l’étude. Seule une dizaine de cas de ce diabète néonatal syndromique sont connues. En effet, les maladies génétiques de ce type sont souvent à transmission récessive, c’est-à-dire qu’il faut que les deux parents soient porteurs, peu ou pas malades, pour donner naissance à un enfant atteint de la forme grave. « On retrouve plus fréquemment ce type de maladies dans des populations où il y a de la consanguinité », souligne le Pr Nicolino.
« La mutation, quand elle est en double copie chez le nouveau-né, n’est pas forcément compatible avec la vie. Dans ce cas, ce sont des gènes qui donnent des maladies graves : le fœtus n’est parfois pas viable (on note des fausses-couches fréquentes) ou le bébé décède souvent dans les premières semaines après sa naissance. Le cas néonatal, qui a permis de rechercher le gène responsable et d’aboutir à cette étude, appartient à une famille que nous suivons depuis plus de 10 ans », poursuit-il.
Perspectives diagnostiques et thérapeutiques
Désormais, grâce aux techniques de séquençage, l’étude du génome des patients d’intérêt est plus aisée. A partir de l’observation d’une famille lyonnaise comportant de nombreux sujets apparentés avec plusieurs formes de diabète, les analyses génétiques ont conduit à l’identification du gène responsable, appelé ONECUT1 (One Cut Homeobox 1), ou HNF6 (Hepatocyte Nuclear Factor 6). Chez le jeune patient, une mutation bi-allélique de ce gène a été observée (mutation en deux copies au niveau de l’ADN). Les principaux symptômes observés chez cet enfant étaient une forme grave de diabète, un défaut de développement du pancréas et de la vésicule biliaire. Dans sa famille, la présence de ce gène muté en une seule copie était associée à un risque élevé de diabète à l’âge adulte.
Après avoir découvert ce gène, en collaboration avec l’équipe Inserm-Institut Cochin de Cécile Julier, l’équipe lyonnaise a travaillé avec une équipe en Allemagne pour montrer les conséquences de la mutation de ce gène in vitro. « Nous avons élucidé les mécanismes d’action de ce gène, qui se jouent au niveau des cellules bêta du pancréas qui fabriquent l’insuline », précise le Pr Nicolino.
Pour lui, la découverte de ce gène « ouvre de nouvelles perspectives pour améliorer le diagnostic et le traitement individualisé du diabète de type 2 notamment, qui est un problème majeur de santé publique ». Il permet également de « mieux comprendre la maladie diabétique et ouvre la porte à des recherches sur des thérapeutiques spécifiques ».
Crédit photo : Catalinr/Dreamstime.com
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Citer cet article: Diabète : un nouveau gène identifié chez l’homme - Medscape - 10 nov 2021.
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