Un quart des médicaments anticancéreux autorisés par la FDA font l'objet de signalements CV

Marcus A. Banks

Auteurs et déclarations

25 octobre 2021

Etats-Unis – Environ un médicament anticancéreux sur quatre a fait l'objet d'une alerte de sécurité concernant des problèmes cardiaques en post-marketing de la part de la Food and Drug Administration (FDA). C'est ce qu'indique une lettre publiée dans le JAMA Oncology[1]. En outre, les communications sur les risques cardiotoxiques sont en général publiées 4,5 ans après l'autorisation du médicament, soit un laps de temps 40 % plus long que pour les alertes ne concernant pas le cœur.


Le Dr Daniel Addison, auteur principal de l'étude, rappelle toutefois que le risque de souffrir d'un événement cardiaque majeur lié au médicament anticancéreux est assez faible. « Je ne pense pas que les gens devraient se priver des médicaments anticancéreux qui sauvent des vies », indique-t-il. En revanche, les cliniciens devraient initier le suivi cardiovasculaire plus tôt « lorsqu'un patient présente les signes ou les symptômes d'un potentiel problème cardiaque ».

Sur 125 médicaments anticancéreux, 32 font l'objet d'un signalement

Les chercheurs ont analysé la fréquence et le moment de la communication par la FDA des effets cardiovasculaires post-marketing pour tous les médicaments anticancéreux ayant reçu une autorisation américaine de mise sur le marché entre 1998 et 2018. Les communications incluent les retraits du marché, les avertissements encadrés de noir ajoutés sur la boîte ou la notice, les mises en garde et les précautions d’emploi.

Les auteurs ont identifié 125 anticancéreux autorisés par la FDA pendant la période étudiée. Des avertissements sur des effets indésirables CV ont été publiés pour 32 d'entre eux, ce qui représente en proportion 25,6%. 21,6 % des thérapies ont fait l'objet de multiples avertissements. Plus de 40 % des thérapies ciblées et des immunothérapies ont reçu un avertissement. Les causes les plus fréquentes de signalement cardiaques étaient l'arrhythmie (23,5%), l'hypertension incontrôlée (12%) et l'insuffisance cardiaque (11,4%).

« On s'est focalisé pendant longtemps sur l'insuffisance cardiaque mais ces dernières années nous ont avons commencé à observer d'autres effets chez ces patients », précise le Dr Addison qui indique par exemple qu'un lien entre les myocardites et les inhibiteurs de check-points est aujourd'hui suspecté.

Des signaux identifiés plus tard que les autres

Daniel Addison et ses collègues ont également mis en évidence que la durée médiane avant que la FDA ne publie une alerte issue des données de pharmacovigilance était de 1670 jours, soit 55 mois après l'autorisation du médicament. Les alertes concernant les événements indésirables non-CV se produisent en moyenne quinze mois plus tôt, soit 1120 jours, ou 40 mois, après la commercialisation du produit.

Cela dit, le principal investigateur indique que cette moyenne masque en fait des variations importantes selon le type d'événement CV. Les alertes concernant l'insuffisance cardiaque ou l'hypertension par exemple surviennent environ 1200 jours après l'autorisation du médicament alors qu'il faut compter plus de 2000 jours pour les alertes concernant les arythmies.

Les auteurs considèrent que « le délai avant l'avertissement est inquiétant, étant donné l'émergence rapide des thérapies ciblées et des agents d'immunothérapie mais aussi les conséquences potentiellement dramatiques d'un événement cardiotoxique ». Selon le Dr Addison, des analyses périodiques des registres médicaux permettraient de détecter des signaux préoccupants plus précocément.

Par ailleurs, plus de données sur les potentiels risques cardiovasculaires associés aux différents médicaments anticancéreux pourraient aider les oncologues à optimiser les soins, commente le Dr Eiman Jahna (Vanderbilt University Medical Center, Nashville, Etats-Unis) qui n'a pas participé à l'étude.

« Dans beaucoup de cas, ces nouveaux médicaments changent radicalement la façon de traiter les patients atteints d'un cancer », a indiqué Eiman Jahna. « Et le bénéfice surpasse le risque cardiovasculaire. Mais en tant que cliniciens, nous devons connaître les risques à rechercher. Si nous en savons plus à propos du risque CV, nous serons plus à même d'identifier les symptômes si un patient en présente », ajoute-t-il.

Les Dr Addison et Jahna n'ont pas déclaré de conflit d'intérêt en lien avec cette étude.

L’article a été publié initialement sur Medscape.com sous l’intitulé “FDA Issued Postmarket CVD Safety Warning for 1 in 4 Cancer Drugs”.  Traduit/adapté par Marine Cygler.

 

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