Paris- France — L’insuffisance cardiaque touche 1,5 million de personnes en France et ce chiffre augmente de 25 % tous les 4 ans en raison du vieillissement de la population. De quels moyens disposons-nous pour faire face à cette situation qui dépasse largement nos frontières ?
Nouveaux traitements, essor de la télémédecine, parcours de soins optimisés…la prise en charge évolue considérablement, comme le montre l’arrivée des nouvelles recommandations de l’European Society of cardiology (ESC).
Parmi les nombreuses avancées thérapeutiques de ces 5 dernières années, l’arrivée des inhibiteurs du co-transporteur du glucose de type II (ISGLT2), dapaglifozine et empaglifozine, comme traitements de première ligne de l’insuffisance cardiaque à fraction d’éjection réduite, est assurément la plus notable.
Ces molécules sont même désormais la première classe thérapeutique à montrer des bénéfices dans l’IC à fraction d’éjection préservée, d’après l’étude EMPEROR-preserved présentée récemment à l’ESC.
L’intérêt de l’association sacubitril/Valsartan (ARNi) est aussi débattu avec des signaux positifs, d’après une analyse post-hoc de l’étude PARALLAX.
L’omecamtiv mecarbil, premier médicament d’une nouvelle classe de myotropes, serait lui particulièrement bénéfique chez les patients insuffisants cardiaques qui ont la fraction d’éjection ventriculaire gauche (FEVG) la plus basse, selon l’étude de phase 3 GALACTIC-HF.
Enfin, le vériciguat, nouveau stimulateur oral de la guanylate cyclase soluble, a montré son intérêt en prévention secondaire (étude VICTORIA).
Pour rendre compte de ces évolutions thérapeutiques, l’ESC vient tout juste de publier de nouvelles recommandations. Outre un algorithme de traitement complété et simplifié dans l’IC à FEVG réduite, le texte insiste sur l’importance de la réalisation d’un bilan étiologique précis face à toute IC dans l’optique d’affiner la prise en charge. Il souligne aussi la nécessité d’une gestion multidisciplinaire et celle de mettre en place des parcours de soins impliquant, médecins, infirmier.es, patients, par le biais, notamment, de la télémédecine.
« Pour réellement changer la donne sur le terrain, le parcours des patients atteints d’insuffisance cardiaque doit être fortement optimisé. La filière de soins n’est pas clairement visible, les patients encombrent les urgences et sont aiguillés dans des services qui ne sont pas forcément spécialisés en IC. Ils ne rentrent pas dans une filière de soins adaptée », rappelait le Pr Thibaud Damy, (cardiologue, CHU Henri Mondor, Créteil) lors de la présentation du programme Optim’IC, qui propose plusieurs pistes d’amélioration du parcours des patients atteints d’IC.
Ce programme insiste sur la nécessité de réduire le nombre de patients pouvant évoluer vers un état grave ce qui signifie, un meilleur dépistage et une optimisation de la prise en charge des comorbidités et du suivi. L’un des objectifs est donc de « replacer l’hôpital dans son rôle d’exception et de sécurisation pour déléguer le suivi du patient à d’autres acteurs notamment l’HAD, les praticiens de ville et les EHPAD ».
Aussi, pour limiter les effets de la chute de la démographie médicale, le programme recommande d’intégrer de nouveaux acteurs dans la prise en charge de l’IC, comme les infirmier.e.s de coopération ou de pratique avancée.
Le groupe de travail propose aussi que l’insuffisance cardiaque soit reconnue comme une maladie chronique et que le suivi du patient soit valorisé par des forfaits annuels qui pourraient bénéficier tant aux spécialistes qu’aux généralistes.
Enfin, pour inciter les professionnels de santé à s’investir dans ce parcours vertueux, il est préconisé que l’insuffisance cardiaque soit incluse dans les ROSP.

Dessin Héloïse Chochois : Insuffisance cardiaque : la nouvelle donne
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Citer cet article: 25% d’insuffisants cardiaques supplémentaires tous les 4 ans : comment faire face ? - Medscape - 15 sept 2021.
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