Paris, France — Les esprits de certains médecins libéraux s'échauffent en cette rentrée de septembre. Raison de leur courroux : l'absence de revalorisation, pour certains d'entre eux, de la visite à domicile, pourtant attendue avec impatience par les médecins de SOS médecins. En juin dernier, lors de leur congrès, Olivier Véran, la main sur le cœur, leur avait promis cette revalorisation.
Journée "d'arrêt total de l'activité"
Dès le 3 septembre dernier, « L'association de médecins libéraux SOS Médecins a décidé d'appeler ses adhérents à une journée "d'arrêt total de l'activité", dont la date sera révélée au dernier moment, afin d'obtenir une augmentation du tarif des visites à domicile », révélait l'AFP sur son site Internet. Que s’est-il passé entre juin et septembre ? La fronde remonte en fait au mois d'août dernier. Réuni en toute urgence suite à la signature par les syndicats MG France, Avenir spé LE BLOC, CSMF et l'assurance maladie de l'avenant n°9, le conseil d'administration de l'association de médecins libéraux constatait avec "sidération", que les médecins de SOS Médecins avaient été écartés des bénéfices de cet avenant : « Cet avenant réussit un prodige : revaloriser la visite médicale à domicile, tout en excluant de cette revalorisation ceux qui l’effectuent principalement, 365j/365, 24h/24 », a notamment déclaré le président de SOS Médecins, le Dr Jean-Christophe Masseron.
Pas de doublement de la rémunération de la visite à domicile
En effet, selon l'assurance maladie, « la rémunération de la visite à domicile des médecins généralistes est doublée pour les patients de plus de 80 ans en affection longue durée (ALD), laquelle pourra être cotée en visite longue à hauteur de 70 €, 4 fois par an ».
Les 1300 médecins de SOS médecins ne pourront bénéficier de cette mesure, car ils ne sont pas considérés comme médecins traitants. « C’est zéro respect, zéro reconnaissance. Comme si les 1300 généralistes membres du réseau SOS Médecins n’effectuaient pas de visites longues et complexes. Comme si les patients âgés ou en ALD ne faisaient pas appel à SOS Médecins, lorsqu’ils n’ont pas de médecin traitant, ou bien lorsque ce dernier n’est pas disponible rapidement », a déclaré pour sa part le secrétaire général de SOS Médecins le Dr Serge Smadja.
Assemblée générale extraordinaire
Suite à ce conseil d'administration, SOS médecins a réuni une assemblée générale extraordinaire, qui a avancé des revendications, mais aussi des actions de protestation. Outre la journée morte, SOS médecins avait aussi appelé ses adhérents «à réaliser des actions locales spécifiques, telles que l’arrêt des visites "institutionnelles" (SAMU, SAS, EHPAD, certificats de décès, GAV, IPM…), suspension partielle d’activité en continuité ou/et en PDSA… et suspendre la transmission des données de l’activité SOS Médecins France à Santé Publique France si nécessaire ».
Revendications
Elle revendique « la pérennisation et l’extension de la cotation VG+MD+MU (qui avait été mise en place pendant la crise Covid dans les Ehpad) pour les visites effectuées dans un délai de 4 heures ainsi que l’indemnité de déplacement unique, quel que soit l’horaire, portée à la valeur de la majoration de déplacement (MD) », ainsi que « l’intégration des médecins SOS Médecins dans les bénéficiaires de l’avenant n°9 notamment pour la visite longue ». Depuis cet appel à la grève, l'antenne de Tours de SOS médecins a débuté une semaine de grève ce 13 septembre. « Aucune consultation à domicile en journée, durant la semaine, ne sera effectuée jusqu’à nouvel ordre par les médecins de la fédération », rapporte Ouest-France.
SOS médecins de Cherbourg menace aussi d'une grève, si le gouvernement ne décide pas rapidement d'une revalorisation de la visite à domicile.
L’UFMLS rejoint la fronde
Surtout SOS médecins a été rejoint dans sa fronde par le syndicat Union française pour une médecine libre (UFML-S), non signataire de l'avenant n°9. Pour l'UFMLS, « le tarif de la visite ramené aux taux horaire devrait être au minimum de 75 euros. Il est actuellement inférieur à la moitié de celui-ci ». Et d'ajouter : « la décision de sous-évaluer ce pilier de la pratique de la médecine libérale modèle les pratiques. La visite est un acte indispensable. » L'UFMLS appelle donc la profession à stopper les visites à domicile et en institution jusqu'à l'obtention d'un tarif décent. L'UFMLS revendique une visite à domicile à 100 euros.
Ni le ministère de la Santé, ni la caisse nationale d'assurance maladie n'ont pour le moment répondu aux revendications de l'UFMLS et de SOS médecins.
Photo de Une : Getty Images
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Citer cet article: SOS Médecins et l'UFMLS revendiquent une hausse de la rémunération de la visite à domicile - Medscape - 15 sept 2021.
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