Paris- France — La Haute Autorité de santé (HAS), en copilotage avec l'Assurance Maladie, a publié un guide, résumé en 7 messages clés, pour accompagner les professionnels de santé tout au long du parcours de soins des personnes souffrant d'un syndrome coronarien chronique (SCC anciennement « maladie coronaire stable »)[1]. Ce guide actualise celui de 2016.
En complément, la HAS a élaboré 16 indicateurs qui devraient permettre aux professionnels d'évaluer et d'améliorer leurs pratiques et la qualité du parcours des patients.
La HAS qualifie la maladie « d’enjeu de santé publique », et rappelle qu’elle est la quatrième maladie chronique grave la plus fréquente derrière les maladies psychiatriques, le diabète et les affections malignes. « En 2018, 1,5 million de personnes atteintes d'un syndrome coronarien chronique ont été prises en charge, dont 43 % étaient âgées de plus de 75 ans. La comorbidité est fréquente chez ces patients : présence d’une autre maladiecardioneurovasculaire (38 %), d’un diabète (29 %), et 23 % des patients ont un traitement psychotrope. », précise-t-elle.
Un peu plus tôt dans l’année, l’institution avait déjà publié une fiche pratique intitulée « Syndrome coronarien chronique : les points critiques du parcours ».
Les 7 points clés pour améliorer les pratiques :
Le guide, réalisé par un groupe de travail multidisciplinaire, vise à expliciter le parcours de soins d’une personne ayant un SCC mais aussi à « donner toutes les clés pour améliorer la collaboration et la coordination entre les nombreux professionnels de santé concernés (médecins généralistes, cardiologues, pharmaciens, infirmiers, diététiciens, kinésithérapeutes, enseignants en activité physique adaptée, etc.) ainsi que les professionnels intervenant dans des situations plus spécifiques (diabétologues, psychologues, médecins du travail) ».
Il est résumé en 7 messages clés :
Diagnostic
Prescrire des examens complémentaires diagnostiques en tenant compte de la clinique et du risque cardio- vasculaire du patient. Au sein des syndromes coronariens chroniques, les six scénarios cliniques les plus fréquemment rencontrés sont développés dans le guide.
Hors contexte aigu, ne pas procéder à une coronarographie en première intention dans un but diagnostique. Un test fonctionnel (imagerie de stress ou épreuve d’effort) ou un coroscanner sont les examens diagnostiques recommandés en première intention. Si les tests non invasifs se sont révélés non concluants, la coronarographie peut être nécessaire chez les patients avec une symptomatologie sévère.
Évaluer systématiquement le risque d’événement cardio-vasculaire grave une fois le diagnostic de syndrome coronarien chronique posé. La stratification du risque s’appuie sur l’évaluation clinique, l'évaluation de la fonction systolique ventriculaire gauche par échocardiographie au repos et, dans la majorité des cas, une évaluation non invasive de l'ischémie.
Traitement
Fonder le traitement du syndrome coronarien chronique sur une adaptation du mode de vie, la correction des facteurs de risque cardio-vasculaire et un traitement par statine et antithrombotique aux doses optimales. Pour la prise en charge des dyslipidémies, un traitement par statines fortes doses, éventuellement associées à l’ézétimibe, puis à un inhibiteur des PCSK9 est préconisé graduellement en cas de non-atteinte des objectifs. La HAS a précisé les conditions de remboursement de l’ézétimibe (EZETROL) et des anti-PCSK9 (REPATHA et PRALUENT) dans des utilisations plus restrictives que celles envisagées par l’ESC 2019.
En termes de traitement anti-thrombotique, il est possible d’instaurer une bithérapie à moyen et long terme chez les patients à haut risque ischémique avec un risque hémorragique faible ou modéré.Hors contexte d’urgence, envisager une revascularisation coronarienne seulement s’il existe des symptômes invalidants (un angor, une dyspnée, une diminution des capacités à l’effort) ou une preuve d’ischémie, malgré le traitement médical antiangineux optimal. La revascularisation améliore les signes fonctionnels d’angor mais ne diminue pas le risque de décès/syndrome coronarien en l’absence de sténose du tronc commun ou de dysfonction VG (FEVG < 35 %).
Suivi
Organiser un suivi prolongé et coordonné des patients atteints de syndrome coronarien chronique dans le but de promouvoir et d’adapter le mode de vie en s’appuyant sur l’éducation thérapeutique du patient, et sur un programme de réadaptation cardio-vasculaire. Les compétences du patient, ses besoins, ses difficultés doivent être évalués régulièrement. Le traitement médicamenteux doit être réévalué à chaque consultation (adhésion au traitement et atteinte des objectifs thérapeutiques). La réadaptation cardio-vasculaire et l’éducation thérapeutique permettent d’obtenir une meilleure adhésion du patient au projet thérapeutique. L’entourage ou l’aidant sont associés aux actions d’éducation, avec un temps dédié.
Pour les patients en activité professionnelle, évaluer la pénibilité du poste et des conditions de travail, et si besoin les adapter. La pénibilité liée notamment aux horaires atypiques, au port de charges lourdes, au travail à la chaleur ou au froid, à la sédentarité, au stress au travail doit être recherchée en vue d’un éventuel aménagement de poste.
Des indicateurs pour s’assurer de la qualité du parcours des patients
A partir du guide, la HAS a défini 16 indicateurs de qualité pour évaluer et améliorer la prise en charge des patients aux principales étapes de leur parcours de soins. L’objectif étant la stabilité de la maladie à 1 an.
16 indicateurs de qualité

Ces indicateurs seront complétés par la mise à disposition d’un guide d’utilisation des questionnaires de résultats mesurés par les patients (PROMS) identifiés dans la littérature scientifique, ajoute la HAS.
Image de Une : Dreamstime
Image texte : HAS
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Citer cet article: Syndrome coronarien chronique : un nouveau guide de la HAS pour optimiser le parcours de soins - Medscape - 14 sept 2021.
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