Le nouveau variant Mu surveillé de près par l'OMS

Carolyn Crist

Auteurs et déclarations

8 septembre 2021

Virtuel – L’Organisation mondiale de la santé (OMS) surveille de près un nouveau variant du SARS-Cov-2 appelé Mu, qui pourrait avoir la capacité d’échapper à l’immunité conférée par les vaccins et les infections antérieures. Tandis qu’un autre variant porteur de nombreuses mutations et détecté en Afrique du Sud suscite des interrogations.

Une constellation de mutations

Le variant Mu, aussi connu sous le nom de souche B.1.621, a été identifié pour la première fois en Colombie en janvier. Il a été détecté depuis dans 43 pays et ajouté à la liste des variants à suivre (variant of interest) de l’OMS lundi dernier.

« Le variant Mu a une constellation de mutations qui indique une potentielle capacité d’échappement sur le plan immunitaire » a écrit l’OMS mardi dans son actualisation hebdomadaire sur le Covid-19.

Des résultats préliminaires suggèrent que le variant Mu pourrait échapper aux anticorps dans des proportions similaires au variant Beta , écrit l’OMS, bien que d’autres études soient nécessaires pour l’affirmer. Le variant Beta, aussi dénommé B.1.351, a été détecté pour la première fois en Afrique du Sud et a témoigné d’une certaine capacité d’échappement immunitaire.

Dès dimanche dernier, l’OMS écrivait, la prévalence globale du variant Mu semble inférieure à 0,1%. Dans le même temps, la prévalence en Amérique du Sud n’a cessé de progresser, jusqu’à constituer aujourd’hui 39% des cas d’infections en Colombie et 13% en Equateur.

Plus de 4700 cas du variant Mu ont été identifiés dans le monde grâce au séquençage, selon Outbreak.info, une base de données en open-source gérée par Scripps Research. Les Etats-Unis ont identifié 2011 de ces cas, dont 248 en Californie. Dès jeudi matin, seul un état – Nebraska – n’avait pas rapporté de cas du variant Mu. « En ce moment, il semble qu’il y ait une véritable source d’inquiétude aux Etats-Unis, en Amérique Centrale et en Amérique du Sud, car comme nous l’avons vu avec le Delta, un variant peut traverser le globe en un clin d’œil » a commenté Danny Altmann, un immunologiste de l’Imperial College London pour The Telegraph.

En parallèle, l’OMS surveille neuf variants avec des mutations génétiques susceptibles de les rendre plus contagieux, d’induire des maladies plus sévères, et d’échapper aux vaccins.

Le variant Delta, qui prédomine désormais aux Etats-Unis et dans le monde entier, a entrainé une explosion des cas et des hospitalisations cet été.

Dans son compte-rendu, l’OMS indique qu’elle va surveiller le variant et traquer des changements, « notamment dans le cadre d’une co-circulation avec le variant Delta ».

« Mu a l’air potentiellement doué pour l’échappement immunitaire » a expliqué le Dr Altmann à The Telegraph. « De mon point de vue, c’est un rappel sérieux que ce n’est en rien terminé. Sur une planète avec plus de 4,4 millions de nouvelles infections chaque semaine, de nouveaux variants émergents en permanence (voir encadré), et peu de raisons de se sentir serein. »

Autre variant préoccupant : le C.1.2

Comme si le variant Mu ne suffisait pas, un nouveau variant du SARS-CoV-2 porteur de nombreuses mutations (plus d’une cinquantaine par rapport à la souche native) faisant craindre une plus grande contagiosité et un échappement immunitaire, le C.1.2 a été identifié en mai dernier Afrique du Sud mais a été retrouvé depuis dans de nombreux autres pays (République du Congo, Zimbawe, Botswana, Chine, Suisse, Portugal et Ile Maurice). Toutefois, il est encore trop tôt pour estimer la résistance de ce nouveau variant aux vaccins actuels. « À ce stade, nous n'avons pas de données expérimentales pour confirmer comment il réagit, en termes de sensibilité aux anticorps », a souligné  Penny Moore, chercheuse à l'Institut national des maladies transmissibles d'Afrique du Sud (NICD). De son côté, Maria Van Kerkhove, épidémiologiste à la tête de l’équipe Covid-19 de l’OMS, a précisé lundi 30 août sur Twitter que 100 génomes de C.1.2 ont été séquencés depuis le 21 mai et « qu’aujourd’hui, la circulation de C.1.2 ne semble pas augmenter », même s’il est nécessaire de le surveiller de près. « Il ne semble pas que sa circulation augmente », a confirmé Margaret Harris, porte-parole de l’OMS, lors d’un point de presse de l’ONU mardi à Genève, ajoutant que le variant appelé C.1.2. n’était pas actuellement classé comme un « variant préoccupant » par l’agence sanitaire des Nations Unies. Elle ne lui a d’ailleurs pas accordé une dénomination par une lettre grecque pour le moment.  SL

L’article a été publié sur Medscape.com sous le titre WHO Tracking New COVID-19 Variant Called Mu. Traduit et complété par Stéphanie Lavaud.

Crédit photo : Getty Images

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