Gentilly, France – La biothérapie dupilumab (Dupixent®), qui a déjà montré son efficacité dans l'asthme sévère et la dermatite atopique, est désormais disponible pour la prise en charge de la polypose naso-sinusienne sévère (PNS) chez les patients insuffisamment contrôlés par des corticostéroïdes systémiques et par la chirurgie, a annoncé Sanofi Genzyme dans un communiqué [1].
Elle devient ainsi la première biothérapie dans cette indication.
Le laboratoire rappelle que la PNS débute à l’âge adulte et qu’elle est la rhinosinusite chronique la plus fréquente (2,1% de la population générale en France). Elle est caractérisée par le développement bilatéral et multifocal de polypes dans les cavités nasales et sinusiennes de la face.
« Dans la forme sévère, les polypes obstruent les sinus et les cavités nasales de manière permanente et parfois complète, jusqu'à empêcher la respiration nasale. Les patients peuvent avoir une rhinorrhée continue (« nez qui coule »), souffrir de vives douleurs récurrentes du visage qui peuvent durer plusieurs heures, et présenter un risque de surinfection. Parmi tous les symptômes, la perte de l'odorat et du goût représente un handicap majeur pour ces patients avec parfois de lourdes conséquences sur la qualité de vie et un risque de fatigue, d'anxiété et de dépression accru », souligne le laboratoire.
La chirurgie est préconisée en cas de symptômes insuffisamment contrôlés après 1 à 2 cures de corticostéroïdes systémiques prescrites en plus des corticostéroïdes administrés par voie nasale. « Cependant, après une première intervention chirurgicale, jusqu'à 80% des patients vont voir les polypes récidiver et environ un tiers des patients nécessitera une nouvelle intervention chirurgicale dite de révision ou de reprise », indique Sanofi Genzyme.
Comment ça marche ?
Le dupilumab inhibe les voies de signalisation de l'IL-4 et de l'IL-13, deux cytokines majeures des pathologies inflammatoires de type 2. Le blocage de la voie de l'IL-4/IL-13 avec le dupilumab diminue plusieurs médiateurs de l'inflammation de type 2 que l'on retrouve chez 80% des patients atteints de PNS.
Quelle place pour cette biothérapie ?
Dans un avis datant d’octobre 2020, la commission de la Transparence de la Haute Autorité de Santé (HAS) considère que Dupixent® apporte un service médical rendu important et une amélioration du service médical rendu mineure (ASMR IV) dans la stratégie de prise en charge de la polypose naso-sinusienne insuffisamment contrôlée par des corticostéroïdes systémiques et par la chirurgie.
Pour être éligible à une biothérapie dans la PNS, l’European Position Paper on Rhinosinusitis and Nasal Polyps (EPOS) préconise que parmi les 5 critères suivants :
le recours à des CSS dans les 2 dernières années ;
une preuve de maladie inflammatoire de type 2 ;
une dégradation significative de la qualité de vie ;
une perte significative de l’odorat ;
le diagnostic d’un asthme associé ;
trois critères sur cinq soient remplis pour les patients présentant des antécédents de chirurgie pour PNS et quatre critères sur cinq chez les patients sans antécédent de chirurgie pour PNS.
Les experts européens considèrent qu’après 16 semaines de traitement et en l’absence de réponse à ces critères, le traitement par biothérapie doit être interrompu. Dans le cas contraire, le traitement est poursuivi et à nouveau évalué après 1 an. La réponse aux biothérapies devrait être évaluée selon les critères suivants :
la réduction de la taille des polypes nasaux ;
la réduction du recours aux CSS ;
l’amélioration de la qualité de vie ;
l’amélioration de l’odorat ;
la réduction de l’impact des comorbidités.
En pratique
Le traitement doit être administré par injection sous-cutanée dans la cuisse ou l'abdomen toutes les deux semaines. Si l'injection est effectuée par une tierce personne, elle peut être faite dans la partie supérieure du bras. Si le professionnel de santé juge que cela est approprié, le patient peut s'auto-injecter Dupixent® ou un aidant du patient peut lui administrer.
La dose recommandée de Dupixent® chez l'adulte est une dose initiale de 300 mg suivie d'une dose de 300 mg administrée toutes les deux semaines.
Il s’agit d’un médicament d'exception soumis à une prescription initiale hospitalière annuelle. La prescription initiale et le renouvellement sont réservés aux spécialistes en oto-rhino-laryngologie.
Les effets indésirables les plus fréquents sont les réactions au site d'injection (érythème, œdème, douleur, prurit).
Les différentes présentations pharmaceutiques :
DUPIXENT 300 mg, solution injectable en seringue préremplie - Boîte de 2 seringues (CIP : 34009 301 166 4 7) DUPIXENT 300 mg, solution injectable en stylo prérempli - Boîte de 2 stylos (CIP : 34009 301 991 9 0)
Crédit image : Paul Biris via Getty
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Citer cet article: Dupilumab : une biothérapie dans la polypose nasale non contrôlée - Medscape - 3 sept 2021.
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