Virtuel — Les drones ont intégré le champ de la santé. Ils peuvent soigner des gens en apportant ou en larguant des médicaments dans des régions isolées du monde, difficilement accessibles par la route. Ils peuvent désormais sauver la vie, littéralement parlant, en délivrant des défibrillateurs automatiques externes (DAE) en cas d’arrêts cardiaques plus rapidement que les secours classiques. C’est ce que vient de montrer une étude suédoise réalisée en condition de « vie réelle ».
« C’est la première étude à déployer des drones en conditions réelles d’urgence – contrairement aux précédentes qui étaient des simulations, a commenté le Dr Sofia Schierbeck du Karolinska University Hospital de Stockholm, principale auteure de l’étude, dans un communiqué [1]. Quand un drone est arrivé avant l’ambulance, il avait deux minutes d’avance. Avec l’amélioration technologique de ces engins, il va être possible de toucher plus de patients dans des délais encore plus courts ». Les résultats ont été publiés dans le European Heart Journal et présentés lors de l’édition virtuelle du congrès de l’ESC 2021[2].
Délivrer un DAE auprès de la victime grâce à un drone
Sans réanimation cardiopulmonaire et utilisation d’un DAE, un arrêt cardiaque est souvent fatal, chaque minute sans traitement diminuant les chances de survie. L’arrêt cardiaque serait responsable d’un décès sur cinq dans les pays industrialisés [3]. Aucun progrès en termes de survie n’a été réalisé au cours des dernières années et le taux de mortalité est toujours de 90% [4]. D’où l’idée de chercheurs suédois d’utiliser des drones pour délivrer des défibrillateurs automatiques externes sur les lieux où se produit l’accident cardiaque.
L’étude a été menée dans la région de Göteborg dans l’ouest de la Suède dans l’espace de contrôle aérien de l’aéroport. La procédure en cas d’arrêt cardiaque intervenant en dehors de l’hôpital consiste à envoyer des secours auprès de la victime dans les meilleurs délais après qu’un témoin a appelé un numéro d’urgence – le 112 en Suède. Dans cette étude, en complément de cette procédure habituelle, trois drones étaient prêts à décoller dans trois lieux différents dans un rayon de 5 km. Dès qu’un arrêt cardiaque était suspecté dans une de ces trois zones, le centre de réception des appels d’urgence envoyait aussi un message aux pilotes de drones. Celui qui était concerné contactait la tour de contrôle, et, en cas d’approbation, faisait partir l’appareil. Arrivé au-dessus de l’endroit où se trouvait la victime, le pilote positionnait le drone à 30 mètres au-dessus du sol, puis descendait le DAE au bout d’un treuil jusqu’au sol. Le témoin pouvait alors récupérer le défibrillateur.
De juin à septembre 2020, 14 cas d’arrêt cardiaque ont été inclus dans l’étude, et un drone a pu décoller dans 12 situations d’urgence, tandis qu’un DAE a été délivré avec succès dans 11 (92%) de ces cas. La distance moyenne de vol était de 3,1 km et les appareils arrivaient généralement à environ 9 mètres de la victime. Les drones ont été déployés avant les secours par ambulance dans 64% des cas, avec une avance de 1:52 minutes en moyenne.
2 minutes d’avance
« Nous avons développé un système qui utilise des drones porteurs de DAE dans des hangars placés à distance, totalement intégrés au centre de réception et de tri des urgences, de même qu’au contrôle aérien, a commenté le Dr Schierbeck. Notre étude montre que c’est non seulement possible mais qu’on peut aller plus vite que les ambulances. C’est la toute première preuve de concept et cela marque le début de l’usage de drones en médecine d’urgence dans le monde entier »
Au total, 39 cas d’arrêts cardiaques n’ont pas pu être intégrés à l’étude pour différentes raisons comme la pluie, des vents trop violents, des immeubles élevés ou des zones d’interdiction de vol pour les drones.
Bientôt en usage courant en médecine
En réponse à ces limites, le Dr Schierbeck a fait savoir qu’« en 2022, l’équipe devrait être en capacité de faire décoller des drones capables de voler dans l’obscurité et sous des pluies modérées. Des batteries à durée de vie plus longue devrait aussi pouvoir augmenter la surface et le nombre d’habitants couvert par un drone » a -t-elle ajouté.
Et le Dr Schierbeck de conclure : « la délivrance de DAE par des drones devrait passer dans l’usage courant dans les années qui viennent. Ils pourraient aussi participer à de nouveaux scénarios dans un futur proche, comme la distribution d’adrénaline en cas de choc anaphylactique ou de glucose pour les patients en état d’hypoglycémie. »
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Citer cet article: Délivrer un défibrillateur par drone avant l’arrivée des secours, c’est possible - Medscape - 2 sept 2021.
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