France – Le confinement, la distanciation sociale, et les barrières ont fait chuter le nombre d’infections infantiles comme la varicelle, mais aussi entrainé une baisse des vaccinations, créant une « dette immunitaire ». Des pédiatres français s’en inquiètent.
De quoi parle-t-on ?
La pandémie actuelle de Covid-19 nous impose le respect de règles d’hygiène sans précédent : distanciation physique, port du masque, lavage des mains, réduction du nombre de contacts… Tous ces « gestes barrières » contribuent à limiter la transmission du SARS-CoV-2 mais également des autres pathogènes. Ainsi, à l’hôpital et en ville, le nombre de consultations pour des infections pédiatriques d’origine communautaire a diminué significativement, pas seulement durant les périodes de confinement, mais également après, malgré la réouverture des écoles.
Si cela peut paraître positif à court terme en évitant de surcharger les services hospitaliers avec d’autres infections que le Covid-19, un manque de stimulation immunitaire induit une « dette immunitaire » et pourrait avoir des conséquences quand la pandémie sera sous contrôle. Ainsi, certaines épidémies pourraient être plus intenses dans les années à venir. Pour certaines, les conséquences néfastes peuvent être contrebalancées par la vaccination. C'est pourquoi les pédiatres appellent à une meilleure observance du calendrier vaccinal, voire à un élargissement des populations cibles.
Exemple de la varicelle
La varicelle est une maladie infantile considérée comme inévitable, c’est-à-dire que toute personne va contracter cette infection durant sa vie, le plus souvent pendant l’enfance. Une varicelle plus tardive, après la puberté, est associée à une plus grande sévérité, ce qui justifie la vaccination des personnes de 12 ans et plus n’ayant jamais contracté cette infection. En France, en 2020, le nombre de cas de varicelle a chuté de 60% par rapport aux autres années, cette baisse étant attribuable aux gestes barrières et aux confinements. Cette infection étant inévitable, les jeunes enfants qui auraient dû contracter la varicelle en 2020 vont s’ajouter à la population susceptible d’être infectée et contribueront à une incidence plus élevée de la varicelle dans les années à venir. De plus, les personnes qui auraient dû avoir la varicelle en 2020 auront vieilli quand elles seront infectées, ce qui pourrait entraîner un plus grand nombre de cas sévères et de complications.
En France, la vaccination contre la varicelle n’est recommandée que pour des populations spécifiques à risque de forme sévère. On peut alors se demander si, face à ce nouveau contexte, les recommandations vaccinales ne devraient pas être élargies pour éviter un rebond épidémique. La question peut également se poser pour les vaccins contre le rotavirus et les méningocoques B et ACYW.
Autres effets immunitaires collatéraux de la pandémie
À cette dette immunitaire s’ajoute le fait que la pandémie a un impact sur tous les taux de couverture vaccinale : ils baissent pendant les confinements, parfois de façon très importante, et ne sont pas suffisamment rattrapés par la suite.
De plus, si l’on considère le rôle potentiel d’une immunité innée « entraînée » dans la défense contre les infections, d’autres conséquences pourraient également être observées. En effet, plusieurs études suggèrent qu’une stimulation fréquente de l’immunité innée augmente son efficacité, comme une sorte d’entraînement. Ainsi, la réduction des contacts infectieux liée aux règles d’hygiène imposées par la pandémie pourrait entraîner une baisse de l’entraînement de l’immunité innée et potentiellement une plus grande susceptibilité aux infections chez l’enfant.
Par ailleurs, si l’on reprend la théorie hygiéniste basée sur le constat qu’une diminution de l’incidence des infections dans les pays occidentaux, aux cours des dernières décennies, a été associée dans le même temps à une augmentation de l’incidence des maladies auto-immunes et allergiques, il est légitime de se demander si l’application aussi large et prolongée des gestes barrières pourrait avoir des conséquences...
Cet article a été initialement publié sur Univadis.fr, du groupe Medscape.
Crédit photo : Getty Images
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Citer cet article: COVID-19 : va-t-on vers une « dette immunitaire » chez les enfants? - Medscape - 31 août 2021.
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