Le Collège National des Cardiologues Hospitaliers (CNCH) a présenté cette année un congrès hybride, avec des sessions à la fois présentielles et digitales, offrant des nouveautés aussi bien sur le fond que sur la forme.
TRANSCRIPTION
Jerôme Taieb – Bonjour Walid. Le congrès du CNCH a eu lieu le 25 et 26 novembre à Paris – qu’est-ce que tu en as retenu ?
Un congrès « hybride »
Walid Amara – Bonjour Jérôme. Effectivement, c’était un congrès à la fois présentiel et digital, donc hybride, où on a eu le plaisir d’avoir 700 inscrits – dont 100 paramédicaux, ce qui était une première au congrès du Collège – et de se retrouver tous ensemble dans cette période qui n’était pas facile, avec toutes les précautions que vous pouvez imaginer que l’on puisse prendre comme organisateur. Il y avait, bien sûr, plusieurs nouveautés, à la fois sur le mode du congrès, puisque c’était une première de le faire en hybride – les sessions étaient disponibles sur internet en direct sur le site cnch-tv.fr notamment, ou sur les réseaux sociaux pour certaines sessions, mais d’autre part, l’hybride se faisait dans les deux sens, ce qui permettait aussi à des experts qui ne pouvaient pas se joindre à nous de pouvoir se connecter à la session et de pouvoir y participer. Et pour en avoir modéré certaines, c’était très bien d’avoir les experts ou les participants à distance et on arrivait encore à interagir et à communiquer très facilement, comme on le fait aujourd’hui tous les deux.
Journaux TV, jeunes cardiologues, paramédicaux
Jérôme Taieb – J’ai trouvé également des choses très intéressantes. Je ne suis pas le seul – il y avait Ariel Cohen avec nous et qui a aussi eu des avis très intéressants. La première chose, ce sont les journaux télévisés, qui sont un format original que l’on doit à Raphaël Lasserre – on a l’impression d’être sur le plateau de télévision de Ruquier ou Dechavanne… C’était assez amusant, avec des jingles et une ambiance assez dynamique autour des invités qui étaient, en fait, les orateurs – parfois à deux, parfois un peu plus... Il y avait eu 3 journaux télévisés : le premier, c’est toi qui l’as animé avec notamment le sujet de la réforme des docteurs juniors qui a été abordé, le deuxième très original qui nous a fait un peu voyager avec Géraldine Gibault Gentil qui a invité deux écrivains, dont un médecin – Dr Laure Cabanes, cheffe de service à Cochin, qui a écrit un livre qui s’appelle « Cauchemar d’une nuit de garde », qui est un thriller – cela a beaucoup plu. Le troisième journal télévisé était consacré à une mise au point sur les recommandations ESC.
Le deuxième point qui m’a interpellé était le fait qu’on ait mis autant les jeunes à l’honneur – et d’ailleurs on a pu voir que cela a réussi, parce qu’il y avait encore plus de jeunes que la fois précédente pour le speed data, avec des présentations très courtes, mais bien ficelées – quatre minutes par question – et puis des lauréats. Tout le monde a été récompensé, les huit lauréats l’ont été et c’était mérité parce qu’ils étaient vraiment tous très bons. Il y a eu le quiz des jeunes cardiologues, qui est une sorte de « Questions pour un champion » en équipe, avec les quatre régions de France représentées, avec une grosse ambiance, et on apprend des choses…
Enfin, un grand coup de chapeau à l’invitation des 100 paramédicaux qui non seulement ont été présents et nous ont honoré de leur présence, mais en plus on fait de très bonnes présentations. C’était vraiment très intéressant de les écouter, ils ont bien travaillé – avec des sujets modernes, d’actualité sur la télésurveillance, sur la vie des services…
Justement, sur la vie des services, il y a eu des sessions et c’est là que je rebondis vers toi – je sais que tu as assisté à des sessions sur la vie des services. Est-ce que tu peux nous en dire un petit peu plus ?
La vie des services
Walid Amara – Effectivement, le congrès ce n’est pas uniquement la forme, mais c’est également, historiquement le congrès de la cardiologie hospitalière, qu’on appelait avant les assises, mais qui est maintenant assez ouvert sur les jeunes et a ce regroupement – les jeunes, les infirmières – et cette projection par rapport aux pratiques hospitalières et par rapport au fait d’avoir des échanges. De tradition, il y a plusieurs sessions qui traitent de la vie des services et notamment j’en retiens une qui est sur le programme, mais qui a lieu la veille du congrès, donc en général en assez petit comité. Ce qu’il y avait d’intéressant, c’est qu’autour de la table on retrouvait des gens qui sont très impliqués dans la gouvernance hospitalière. C’était justement toute une session qui parlait du système de santé, de la crise sanitaire, de la gouvernance, du financement, des missions pour l’hôpital public. On a eu la participation de Thierry Godeau, qui est le président de la conférence des présidents de CME des centres hospitaliers, d’Anne Gervais, qui est une ancienne vice-présidente de la CME de l’APHP et qui est porte-parole du collectif « Notre hôpital, c’est vous », il y avait également Pierre-Louis Bras, de Paris, qui est enseignant de la chaire Santé Sciences Po et également ancien directeur de la Sécurité sociale et président du Conseil d’orientation des retraites. Donc dans cette discussion – c’est une session qui a été organisée par Simon Cattan – autour de la table, Ariel Cohen était également invité. Ils ont abordé en deux heures toute une discussion assez intéressante sur comment s’en sortir, quelles sont les réformes, comment sont faites les réformes – à la fois comment les politiques s’impliquent dans les réformes avec l’objectif des politiques, j’ai bien retenu que leur objectif est de se faire réélire et que l’agenda des politiques n’est pas obligatoirement l’agenda d’une réforme… et on vous montre cela en coulisse – on est chacun encore à l’hôpital, parce qu’on tourne le soir, on est chacun de garde – et donc on est sur le terrain, mais nous, de notre terrain, on ne voit pas ce qui se passe dans les coulisses.
Pour raconter aussi les coulisses, beaucoup de choses ont changé en deux ans. La représentativité des différentes composantes de la cardiologie est représentée au sein du Conseil national professionnel – le CNP – et ce CNP est l’interlocuteur de toutes les réformes à venir. Dans ce CNP – en grande partie, on remercie Simon Cattan de son engagement – ce sont les différentes composantes qui font partie du CNP. C’est-à-dire, à la fois la Société française de cardiologie pour la partie notamment universitaire, le CNCF le Syndicat des cardiologues et le CNCH. Donc effectivement, tout ce beau monde travaille ensemble. On travaille actuellement sur un livre blanc du CNP qui est en cours de rédaction, et indépendamment de tout cela il y aura également un livre blanc du CNCH qui est en cours. Donc ces sessions sont également l’occasion d’interagir avec des gens qui s’y connaissent et qui apportent leur expérience et leur éclairage et c’est aussi une des facettes de ce congrès, hormis d’être le congrès des jeunes, des infirmières, d’avoir un aspect très novateur, mais également cette interaction qu’on apprécie dans ces congrès-là et que, notamment, les plus vieux d’entre nous qui se souviennent tiennent énormément à ce que ces sessions perdurent. Et c’est pour cela que pour nous, c’était important de garder ces deux sessions « Vie des services » pour interagir sur des sessions de télémédecine, sur des nouveautés qui sont mises en place, des particularités de certains centres hospitaliers qui ont des côtés novateurs… Je trouve que cela nous a apporté énormément. Mais je sais que le congrès, ce n’est pas uniquement ces sessions – il y a également plein de nouveautés et je voudrais te demander quel est l’élément nouveau qui pourrait impacter la pratique dans les périodes à venir que tu as apprécié ?
Le programme CARMAT : le cœur artificiel français
Jérôme Taieb – Évidemment, on pourrait en citer plusieurs, mais on a eu le privilège de pouvoir inviter sur le plateau télé le Pr Christian Latrémouille, qui est le responsable du programme CARMAT.
CARMAT, c’est le cœur artificiel français qui est destiné à remplacer provisoirement ou peut être définitivement le cœur défaillant, gauche et droite ; c’est une solution unique de remplacement total du cœur. Il nous en a parlé pendant 30 min en nous expliquant qu’il y a quand même une montée en puissance récente, après une période difficile de décollage où chaque fois qu’il y avait un décès, il y avait un arrêt pendant plusieurs mois, des vérifications, des améliorations. Donc c’est un programme qui a démarré très lentement – le premier homme a été implanté en décembre 1993. Il y a eu du retard dans la commercialisation, mais ça y est – il est dans la phase de commercialisation. Et, là où il y avait eu 10 implantations en 4 ans, il y en a eu 10 en deux mois. Cela donne une idée de ce qui est en train de se modifier. Cet appareil qui est en cours de miniaturisation, d’amélioration, fabriqué en France, il a essayé d’être implanté aux États-Unis et dans plusieurs pays à l’étranger. [ndrl: Suite à un problème ayant affecté certains cœurs artificiels, la société Carmat a annoncé début décembre que les implantations sont suspendues temporairement à titre préventif]
Au passage j’ai pu, sans surprise, avoir un sourire de Pr Latrémouille quand je lui ai demandé si on aurait encore des ECG et des QRS, et il m’a dit « je suis désolé, il n’y en aura pas. » Donc voilà. Ce ne sera pas, évidemment, de toute façon, tous nos patients, il y en aura très peu, cela reste une niche, mais il a estimé que cela faisait 200 000 potentiels patients dans le monde par an. Pour l’instant, il y a eu 30 implantés au total et on est au début d’une histoire.
Je suis interpellé par le fait que c’est le premier organe artificiel de l’homme, même s’il n’est pas encore totalement abouti, il y a des problèmes électriques, etc., mais le dernier sera le cerveau si on arrive jusque-là. On rentre quand même dans une logique assez extraordinaire. C’était au CNCH. En privilège, vous pourrez l’avoir sur la chaîne YouTube du CNCH ou sur le site cnch-tv.fr, également.
Conclusion
Walid Amara – Merci, Jérôme. Merci aux particpants… On ne peut pas citer tout le monde, donc on ne citera personne pour éviter de froisser quelqu’un, mais c’est vrai que pour être chacun impliqué dans cette organisation et avec le stress qu’on avait dans cette période sanitaire, c’est un gros challenge de réussir le Grand Chelem de faire les deux – c’est-à-dire à la fois présentiel et digital. Et c’était une expérience très enrichissante de voir les sourires… ce que je retiens, ce sont des gens qui étaient contents de se retrouver, de se voir. Et ce qu’il y avait d’incroyable, c’est que même nous deux, on ne s’est pas vu depuis deux ans en vrai, même si on a fait des Zoom etc. Et je pense que rien ne peut remplacer ce côté humain. Donc je voulais vous remercier d’être avec nous aujourd’hui, vous souhaiter une bonne continuation. Prenez soin de vous et à très, très bientôt.
Jérôme Taieb – J’espère en présentiel. Au revoir!
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Citer cet article: Congrès du CNCH 2021 : les nouveautés - Medscape - 6 déc 2021.
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