Dose de rappel COVID : la HAS précise les populations éligibles

Stéphanie Lavaud

24 août 2021

France – Dans son avis rendu ce jour, la Haute Autorité de Santé (HAS) préconise une dose de rappel chez les personnes de 65 ans et plus et celles à risque de formes graves de Covid-19 [1]. Elle suggère de coupler ce rappel avec la vaccination contre la grippe saisonnière. Le Ministère de la Santé précise, quant à lui, que les prises de rendez-vous pourraient démarrer dès lundi prochain.

Dès la mi-août, le gouvernement avait annoncé la mise en place d’une campagne de rappel pour les résidents des EHPAD et unités de soins de longue durée (USLD), les personnes de plus de 80 ans vivant à leur domicile, celles qui présentent un très haut risque de forme grave de Covid-19, et les personnes immunodéprimées. Le Ministre de la santé, Olivier Véran, a quant à lui précisé hier soir sur bfmtv que le lancement d’une campagne de rappel vaccinal était imminent, sous réserve que la HAS donne son accord et en précise les modalités, en particulier les populations éligibles. C’est aujourd’hui chose faite puisque la HAS vient de rendre un avis sur cette question.

La HAS préconise une dose de rappel chez les personnes de 65 ans et plus et celles à risque de formes graves de Covid-19.

Qui vacciner ?

Après avoir analysé les données disponibles, la HAS recommande aujourd’hui d’élargir le champ des personnes éligibles de façon à ce qu’une dose de rappel avec un vaccin à ARNm soit proposée à toutes les personnes de 65 ans et plus, ainsi que celles présentant des comorbidités qui augmentent le risque de formes graves de Covid-19. Cette dose de rappel doit être administrée après un délai d'au moins 6 mois suivant la primovaccination complète.

Sont aussi concernées par cette dose de rappel toutes les personnes primovaccinées avec le vaccin Janssen (unidose), « quel que soit leur âge » précise le Ministère de la santé. La HAS recommande en effet qu'une dose de rappel avec un vaccin à ARNm (Comirnaty® ou Spikevax®) leur soit proposée à partir de 4 semaines après la première injection. La raison étant que « les données disponibles ne permettent pas de confirmer l'efficacité à long terme du schéma de vaccination à une dose du vaccin Janssen contre le variant Delta » écrit la HAS.

En tenant compte du 1 million de personnes vaccinées par le vaccin Janssen, près de 18 millions de personnes sont donc susceptibles de recevoir un rappel de vaccination.

Pourquoi ce rappel ?

La HAS appuie sa décision sur le fait que les études récentes suggèrent une réduction de l'efficacité de tous les vaccins, en particulier contre le variant Delta. Cette baisse de la protection concerne essentiellement l'infection et les formes symptomatiques, même si on observe également une légère baisse d'efficacité sur les formes graves « qui restent globalement bien couvertes par les vaccins ». Bien que la baisse d’efficacité – dont l’ampleur reste à confirmer, précise la HAS –, ne concerne pas seulement les personnes âgées et les populations à risque de formes graves, ces dernières sont néanmoins les plus affectées, d’où le choix de cette piqûre de rappel.

Avec quel vaccin effectuer ce rappel ?

La vaccination doit-elle être autologue (même vaccin que précédemment dans le cas où les personnes auraient bénéficié d’un vaccin à ARNm) ou peut-elle être hétérologue (vaccin ARNm autre) ? Sur ce point, l’instance est très claire : « quel que soit le vaccin utilisé pour la primovaccination avec un vaccin à ARNm, la HAS estime qu'il n'y a pas d'argument suffisant, à ce jour, pour recommander préférentiellement un vaccin par rapport à l'autre pour la dose de rappel, les deux vaccins à ARNm disponibles (Comirnaty® et Spikevax®) étant tous les deux très efficaces contre les formes graves de Covid-19, y compris celles liées au variant Delta ».

Quand commencer à vacciner ?

Sur la question du timing en revanche, les points de vue divergent légèrement. La HAS évoque la fin octobre – date de mise à disposition du vaccin antigrippal – pour démarrer cette campagne de rappel ce qui permettrait, dit-elle, « de simplifier le parcours vaccinal en administrant le vaccin contre la grippe saisonnière et celui contre le Covid de manière concomitante. Et ce, dès lors qu'une personne sera éligible aux deux vaccinations, la majeure partie des publics prioritaires de la vaccination antigrippale présentant également des risques de formes graves de Covid-19 ». Au Ministère de la santé, on veut aller plus vite pressé : la prise de rendez-vous sera possible dès lundi prochain, noud dit-on, en précisant même que toute commande de vaccins effectuée par les EHPAD et les USLD dès le 30 août sera livrée le 10 septembre. Pour autant, cette nouvelle dose devant être effectuée au moins 6 mois après primovaccination complète, et « les rappels vont s’échelonner dans le temps ».

Simplifier le parcours vaccinal en administrant le vaccin contre la grippe saisonnière et celui contre le Covid de manière concomitante.

Attendre l’autorisation de l’EMA ?

Autre preuve de cette « urgence gouvernementale », la HAS précise avoir rendu son avis « à la demande du Gouvernement » pour permettre l'organisation et l'anticipation de la campagne de rappel, mais qu’il est « conditionné à la validation de ce rappel par l'agence européenne du médicament (EMA) ». En effet, « l'administration d'une dose de rappel à distance de la primovaccination n'est, à ce jour, pas encore prévue dans les autorisations de mise sur le marché conditionnelles des différents vaccins disponibles » précise-t-elle. Du côté du Ministère de la Santé, on fait savoir trois arguments pour justifier de passer outre : primo, les vaccins n’ont pas montré de problème de tolérance particulier, deusio, proposer une dose de rappel aux populations éligibles sans attendre l’avis de l’EMA relève d’un « impératif de santé publique », tertio, les « Autorités de santé ont validé l’utilisation d’une 3ème dose chez les personnes immunodéprimées. »

Aura-t-on assez de doses ?

Par ailleurs, démarrer la campagne de rappel tout en poursuivant la campagne vaccinale en cours ne devrait poser aucun problème de disponibilité de doses : « 22 millions de doses auront été livrées fin août, la même quantité est attendue fin septembre » a indiqué le Ministère de l’Economie. Comme en réponse à l'Organisation mondiale de la santé (OMS) qui s’est montrée très réticente à un démarrage de campagnes vaccinales tant que la couverture vaccinale des pays en développement n’était pas suffisante, la France va très largement augmenter sa participation au programme Covax, a-t-on appris.

Va-t-on vers un élargissement de la cible ?

Enfin, contrairement aux Etats-Unis ou à Israël qui prévoient d’administrer une troisième dose à toute la population majeure, la HAS considère qu'« il n'y pas, à ce jour, de donnée en faveur de l'administration systématique d'une dose de rappel au-delà des personnes ciblées par les annonces gouvernementales et par son avis ». Toutefois, prudente, la HAS anticipe en indiquant que « l'administration d'une dose de rappel deviendra probablement nécessaire au cours des mois qui viennent, sans qu'il soit encore possible à ce stade de se prononcer précisément, ni sur la population cible ni sur le calendrier ».

Et comme cela est de coutume depuis le début de la pandémie, la HAS précise que ces recommandations ont vocation à évoluer « dès que des nouvelles données le justifieront ».

 

Crédit photo : Getty Images

 

 

 

 

 

 

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