SARS-CoV-2 : un prélèvement nasal pour identifier les personnes à risque de transmission

Serge Cannasse

Auteurs et déclarations

24 août 2021

France – Des chercheurs français montrent que la mesure de la réponse antivirale interféron de type I (IFN-I) au niveau nasal pourrait être utilisée pour aider à l’identification des patients à risque de transmission du virus du Covid-19 [1]. Cette mesure de l’IFN-I permettrait également d’identifier les patients à risque de développer une forme grave de la Covid-19. Les résultats de ces travaux sont publiés dans la revue  Journal of Experimental Medicine .

La réponse IFN-I nasale est proportionnelle à la quantité de virus

L’interféron de type I (IFN-I) est une protéine de la famille des cytokines, habituellement produite de manière rapide par le système immunitaire en réponse à une infection virale et qui a pour principal effet d’inhiber la réplication du virus dans les cellules infectées. En mai 2020, plusieurs équipes de recherche avaient montré que chez environ 20% des patients hospitalisés en réanimation pour une forme grave de Covid-19, l’interféron IFN-I était indétectable dans le sang. Ce défaut, pouvait notamment être expliqué par la présence d’auto-anticorps, qui allaient empêcher son action antivirale.

A la suite de ces travaux, une équipe française a comparé la réponse IFN-I au niveau nasal chez des patients ayant une forme légère de Covid-19 et chez ceux ayant une forme sévère. Cette réponse était mesurée à partir du même écouvillon que celui utilisé pour le dépistage du SARS-CoV-2, grâce à une technique développée par bioMérieux (système BIOFIRE®FILMARRAY®) pour d’autres pathologies infectieuses et permettant l’amplification, la détection et l’analyse des échantillons en une heure environ.

Chez les patients ayant une forme légère de la maladie, la réponse IFN-I nasale était proportionnelle à la quantité de virus, qui est elle-même corrélée au risque de transmission. Cela signifie que cette réponse pourrait être utilisée comme marqueur d’une infection active chez un patient dont le test RT-PCR est positif, mais sans qu’il soit possible a priori de déterminer si le virus est vivant ou mort. Réciproquement, une réponse négative pourrait éviter la quarantaine à quelqu’un dont le test RT-PCR est positif. Comme l’explique le Dr Sophie Trouillet-Assan, une des signataires de l’étude : « on a utilisé l’interféron de type I comme marqueur de réplication active du virus, explique le Dr Sophie Trouillet-Assant, chercheuse-associée signataire de l’étude. S’il y a un peu de virus et pas d’IFN-I dans votre prélèvement, vous avez été malade mais n’êtes plus contagieux. A l’inverse, s’il y a une grande quantité de virus et d’IFN-I, cela plaide en faveur d’un isolement ».

 
Une réponse négative pourrait éviter la quarantaine à quelqu’un dont le test RT-PCR est positif.
 

Evaluer les patients à risque de développer une forme sévère

L’étude a obtenu un autre résultat intéressant. Chez des patients admis en réanimation pour une forme sévère de Covid-19 et ayant des anticorps anti-IFN-I, une absence de réponse IFN-I a été mise en évidence dans les prélèvements nasaux alors même qu’ils contenaient de grandes quantités de particules virales. Ainsi, la réponse IFN-I au niveau nasal couplée à une évaluation de la présence d’auto-anticorps anti-IFN-I dans le sang des patients ayant un test RT-PCR positif pourrait aider à évaluer ceux à risque de développer une forme sévère dès le début de l’infection.

Ce travail ouvre également des perspectives thérapeutiques en utilisant précocement les traitements basés sur les interférons non ciblés par les auto-anticorps chez les patients ayant un Covid-19 et un déficit de la réponse IFN-I.

Publié dans le Journal of Experimental Medicine, ce travail a été réalisé par une équipe rassemblant plusieurs institutions : Hospices Civils de Lyon, CHU de St Etienne, Université Claude Bernard Lyon1, Université de Paris, Inserm, CNRS, ENS de Lyon au Centre International de Recherche en Infectiologie (équipes VirPath, LYACTS, GIMAP) et le laboratoire commun des Hospices Civils de Lyon-bioMérieux en collaboration avec l’Institut des maladies génétiques Imagine (Hôpital Necker – Enfants malades AP-HP Université de Paris).

Cet article a été initialement publié sur Univadis.fr, du groupe Medscape.

Crédit photo : Getty images

 

Commenter

3090D553-9492-4563-8681-AD288FA52ACE
Les commentaires peuvent être sujets à modération. Veuillez consulter les Conditions d'utilisation du forum.

Traitement....