Washington, Etats-Unis – Selon des résultats préliminaires du laboratoire Pfizer, l’administration d’une troisième dose du vaccin à ARNm Pfizer/BioNTech (BNT162b2) renforcerait nettement la protection contre le variant Delta du SARS-CoV2. L’étude complète et des données complémentaires sont attendues par les autorités de santé américaines avant d’ouvrir la voie à de nouvelles recommandations favorables à la piqure de rappel contre le Covid-19.
Dans un rapport présentant ses résultats du deuxième trimestre, le laboratoire indique que l’une de ses études montre que le taux d’anticorps neutralisants dirigés contre le variant delta serait cinq fois plus élevé chez les individus âgés de 18 à 55 ans ayant reçu une troisième dose de vaccin plus de six mois après la deuxième dose. Chez les 65-85 ans, le taux d’anticorps serait multiplié par 11.
Le potentiel de neutralisation de la réponse immunitaire sur le variant delta serait ainsi 100 fois plus élevé après une troisième dose de vaccin, indique Pfizer. « Alors que le variant Delta continue de se propager, ces données préliminaires apparaissent très encourageantes », a souligné le Dr Mikael Dolsten, responsable du secteur recherche, développement et médecine du laboratoire, au cours d’une présentation en ligne des résultats.
Les autorités américaines se lancent
L’étude en question a inclus seulement 11 participants de 18-55 ans et 12 participants de 65-85 ans. Le laboratoire a indiqué que les résultats seront prochainement publiés dans une revue médicale et qu’une demande a été effectuée auprès de la Food and Drug Administration (FDA) pour valider le recours à une troisième dose avec son vaccin à ARNm.
L’intérêt de cette dose de rappel fait toutefois débat. Certains estiment que les données sont insuffisantes, tandis que d’autres considèrent qu’il faut avant tout terminer la vaccination de la population avec le schéma complet. Du côté des administration sanitaires, on préfère attendre une confirmation du bénéfice par des études plus approfondies.
Dans un communiqué commun, les principales autorités sanitaires américaines, dont la FDA et les Centers for Disease Control (CDC), ont tenu à préciser qu’ils se prononceront le moment venu, notamment lorsque les données à disposition seront suffisantes pour émettre un avis. « Nous sommes prêts à valider une troisième dose si la science démontre qu’elle est nécessaire », ont-ils affirmé. Ce moment est peut-être venu puisque les autorités sanitaires américaines sont sur le point de recommander une troisième dose à 8 mois de distance avec la deuxième injection (dans un schéma vaccinal à 2 injections), a-t-on tout juste appris par Associated Press, relayé par Medscape. La mesure viserait tous les américains, quel que soit leur âge. L’annonce officielle du lancement de cette nouvelle campagne de vaccination dès septembre pourrait avoir lieu cette semaine.
Une efficacité vaccinale en baisse après six mois
En parallèle, le laboratoire Pfizer et son partenaire BioNtech ont publié de nouvelles données en préprint attestant que leur vaccin à ARNm (BNT162b2) reste efficace en prévention des formes graves de Covid-19 et des hospitalisations au-delà de six mois après la deuxième injection, mais la protection globale contre le virus SARS-CoV2 tend à diminuer [1].
Cette étude internationale, non évaluée et approuvée par des pairs, a inclus près de 44 000 participants ayant reçu les deux doses du schéma vaccinal complet. Les résultats montrent que l’efficacité du vaccin atteint 96% dans un délai d’une semaine à deux mois après la deuxième dose, puis décline progressivement pour atteindre 84% au bout de six mois.
Face à la progression de l’épidémie de Covid-19 avec le variant delta, plus contagieux, et à la baisse potentielle de la protection apportée par le vaccin au-delà de six mois, plusieurs pays, dont la France, envisagent une troisième dose chez les plus âgés et les plus fragiles. Israël a déjà franchi le pas ce mois-ci, en lançant une campagne visant à administrer une piqure de rappel aux plus de 50 ans, avec l’objectif de ralentir la hausse des hospitalisations pour Covid-19.
Forte réticence de l’OMS
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) se montre en revanche peu favorable à cette stratégie dans la situation actuelle. Lors d’un point presse du 5 août, son directeur général, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a demandé d’attendre et de lutter en priorité contre l’inégalité vaccinale entre pays riches et pays pauvres. Elle a renouvellé ce mercredi 18 août son opposition à l’injection d’une troisième dose pour des raisons à la fois scientifiques et éthiques lors d'une conférence de presse à Genève. « Nous pensons clairement que les données actuelles n'indiquent pas que les rappels sont nécessaires », a déclaré la scientifique en chef de l'OMS, Soumya Swaminathan, selon France24. Il faut « attendre que la science nous dise quand les rappels sont nécessaires, quels groupes de personnes et quels vaccins ont besoin de rappels », a-t-elle expliqué. D'un point de vue « moral et éthique », il n'est également pas bon à ses yeux que les pays riches injectent la troisième dose « quand le reste du monde attend sa première injection », a considéré Soumya Swaminathan.
Cet article a été publié sur Medscape.com sous le titre Pfizer Vaccine Protection Wanes After 6 Months: Study. Traduit et complété par Vincent Richeux.
Crédit photo : Getty Images
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Citer cet article: COVID-19: Pfizer annonce une forte réponse immunitaire avec une troisième dose de rappel - Medscape - 19 août 2021.
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