Les myocardites survenant après vaccination COVID-19 seraient de faible gravité

Megan Brooks

Auteurs et déclarations

17 août 2021

Boston, Etats-Unis – Une série de cas à Boston confirme que les adolescents peuvent souffrir d’une myocardite légère, rare complication de la vaccination Covid-19, semblable à celle rapportée chez les adultes.

Les adolescents qui ont eu une inflammation cardiaque après la vaccination connaissent généralement une évolution bénigne, avec des symptômes qui disparaissent sans traitement. Cependant chez un patient, il a été constaté la persistance d’une fraction d’éjection ventriculaire gauche (FEVG) à la limite inférieure de la normale, signalent Audrey Dionne et collègues du Boston Children's Hospital.

« Malgré les risques de myocardite associés à la vaccination, les bénéfices de la vaccination l’emportent probablement sur les risques chez les enfants et les adolescents » déclarent-ils.

 
Malgré les risques de myocardite associés à la vaccination, les bénéfices de la vaccination l’emportent probablement sur les risques chez les enfants et les adolescents. Audrey Dionne et collègues
 

Ils estiment que pour les sujets de sexe masculin, dont l’âge est entre 12 et 29 ans, la vaccination contre le Covid-19, prévient 11 000 cas de Covid-19, 560 hospitalisations, 138 admissions en unité de soins intensifs et six décès, comparé aux 39 à 47 cas de myocardites attendus.

La série de cas est publiée en ligne dans le JAMA Cardiology du 10 août [1].

Les risques à long terme ne sont pas connus

Dionne et collaborateurs ont étudié les comptes-rendus complétés des imageries cardiaques de 14 garçons et d’une fille, ayant entre 12 et 18 ans (médiane 15 ans) qui ont été hospitalisés pour une myocardite après avoir reçu le vaccin Covid-19 ARNm Pfizer-BioNTech.

Les symptômes ont débuté entre 1 et 6 jours après la vaccination (le plus souvent après la seconde dose) avec une douleur thoracique chez les 15 patients, 10 de la fièvre (67%) 8 ont rapporté des myalgies (53%) et 6 des céphalées (40%).

A l’admission, tous les patients avaient une troponine élevée (moyenne 0,25ng/mL, écart : 0,08-3,15ng/mL)[normale <0,01] Le pic de troponine était vu entre 0,1 et 2,3 jours après l’admission. 

L’échocardiographie a montré une diminution de la fraction d’éjection (FEVG) chez 3 patients (20%) et un strain global longitudinal ou circonférentiel anormal chez 5 patients (33%). Aucun des patients n’avait d’épanchement péricardique.

Les données de l’IRM cardiaque étaient compatibles une myocardite chez 13 patients (87%). Une augmentation du rehaussement tardif du gadolinium a été observé chez 12 patents (80%), un hypersignal régional en pondération T2 chez 2 (13%), une augmentation de la fraction du volume extracellulaire chez 3 (20%) et une augmentation globale du T1 natif du VG chez 2 (13%).

Les patients sont restés à l’hôpital entre 1 et 5 jours (médiane 2 jours) puis sont sortis. Aucun des patients n’a nécessité l’admission en unité de soins intensifs.

Au cours des suivis effectués entre 1 et 13 jours après la sortie de l’hôpital, les symptômes en rapport avec la myocardite avaient disparu chez 11 patients (73%)

Un patient (7%) a gardé une FEVG limite basse à l’échographie cardiaque de 54%.

Les taux de la troponine sont restés modérément élevés chez trois patients (20%). Chez un patient (7%), le holter cardiaque a révélé un épisode de tachycardie ventriculaire non soutenue.

Les auteurs admettent que des études longitudinales chez les patients ayant une myocardite post vaccinale Covid-19 « s’avèreront importantes pour mieux comprendre les risques à long terme ».

 
Des études longitudinales chez les patients ayant une myocardite post vaccinale Covid-19 s’avèreront importantes pour mieux comprendre les risques à long terme  Audrey Dionne et collègues
 

Non remise en cause des bénéfices de la vaccination

Dans un commentaire émanant de l’UK nonprofit Science Media Centre, le Pr Peter Openshaw de l’Imperial College London a considéré que « le problème avec une série de cas comme celle-ci, est l’absence de groupes de comparaison. Quel est le nombre de cas de myocardites que l’on constaterait chez les enfants sains ou chez ceux qui reçoivent d’autres vaccins (en dehors du vaccin contre le Covid) ou chez les adolescents infectés par le SARS-CoV-2 » ?

Comme le font remarquer les auteurs, « des cas de myocardites surviennent avec les autres vaccins. Le taux estimé (62,8 cas par million) en fait un événement rare » constate le Pr Openshaw.

« De mon point de vue, les teenagers sont des candidats à la vaccination et cela n’est pas remis en question par cette nouvelle publication » ajoute-t-il.  

 
De mon point de vue, les teenagers sont des candidats à la vaccination et cela n’est pas remis en question par cette nouvelle publication  Pr Peter Openshaw
 

 

Cette étude a été financée par la Fondation McCance. Les auteurs n'ont déclaré aucun conflit d'intérêts pertinent. Le Pr Openshaw a siégé aux conseils consultatifs scientifiques de Janssen/J&J, Oxford Immunotech, GSK, Nestlé et Pfizer en ce qui concerne l'immunité aux virus (honoraires payés à l'Imperial College de Londres).

L'article a été publié initiallement dans Medscape Medical News sous le titre  Myocarditis in Adolescents After COVID-19 Vaccine Typically Mild .Traduit par le Dr Jean-Pierre Usdin.

Crédit photo : Getty Images

 

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