Paris, France – Une étude française montre que les patients souffrant d’un cancer solide développent un fort taux de séroconversion après deux injections de vaccin à ARNm anti-SARS-CoV-2, mais que leur titre d’anticorps reste faible. Explications du Dr Romain Palich, infectiologue à la Pitié-Salpêtrière et auteur principal de l’étude.
Cancers de localisations variées
« Notre point de départ c’est la prise en charge de patients plus ou moins immunodéprimés. Nous savons qu’ils répondent moins bien aux vaccinations », explique le Dr Romain Palich. « Nous avons voulu savoir ce qu’il en était pour les patients ayant des cancers solides ». Lors d’une étude préliminaire, le Dr Palich et son équipe ont étudié la réaction de patients traités pour un cancer solide après une première injection de vaccin à ARNm anti-SARS-CoV-2 (Pfizer).
Les patients souffraient de cancers variés : cancer du poumon en majorité, mais aussi cancer du sein, gynécologique, de la prostate et vessie et quelques cancers de la thyroïde. « Nous avons fait une prise de sang aux patients traités pour un cancer solide un mois après leur première injection de vaccin à ARNm anti-SARS-CoV-2 et nous avons mesuré le taux d’anticorps anti-spike, puisque le vaccin vise cette protéine », détaille le Dr Palich. L’équipe a montré que les patients traités pour un cancer solide présentaient, un taux de séroconversion plus faible que les volontaires sains, choisis parmi des soignants de l’hôpital : 50% environ contre 100% chez les volontaires sains. Ce taux de séroconversion était particulièrement faible chez les patients les plus âgés et ceux traités par chimiothérapie.
Titre d’anticorps plus faible chez les patients atteints de cancers
Dans un second temps, l’équipe de l’Institut Universitaire de Cancérologie, des services d’oncologie de l’hôpital Pitié-Salpêtrière AP-HP et de Tenon AP-HP, du service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Pitié-Salpêtrière AP-HP, des services de virologie de l’hôpital Pitié-Salpêtrière AP-HP et Saint-Antoine AP-HP, de l’Inserm, de l’Institut Pierre Louis d’épidémiologie et de santé publique et de la polyclinique Saint-Jean de Cagnes-sur-Mer ont souhaité s’associer. Ils ont ainsi comparé les taux d’anticorps anti-spike de 223 patients suivis dans deux hôpitaux de l’AP-HP (Pitié-Salpêtrière et Tenon) et à la polyclinique Saint-Jean à Cagnes-sur-Mer, avec ceux de 49 volontaires sains ayant reçu deux doses de vaccin.
« Nous avons refait une prise de sang chez les patients après une deuxième dose de vaccin et nous avons regardé la proportion de personnes qui avaient des anticorps et le titre d’anticorps, en le comparant à des soignants de l’hôpital ». Après une deuxième dose de vaccin, « le taux de séroconversion était de 94 % chez les patients ayant un cancer solide, contre 100 % chez les volontaires sains, ce qui était rassurant », observe le Dr Palich. Seuls 8 patients ne présentaient pas un taux d’anticorps anti-spike supérieur au seuil de détection de la technique après la deuxième dose vaccinale. Néanmoins, « les taux d’anticorps anti-spike étaient nettement inférieurs chez les patients traités pour un cancer solide que chez les volontaires sains ». Et ceux qui étaient traités par chimiothérapie avaient un taux d’anticorps significativement plus bas.
« C’est la raison pour laquelle nous pensons qu’il ne faut pas décaler la deuxième dose de vaccin dans cette population et qu’il faut les vacciner pour la deuxième dose au bout de 21 jours, sans attendre 6 semaines », recommande le Dr Palich.
Pour lui, « faire une sérologie aux patients sous chimiothérapie pour voir s’ils ont des anticorps pourrait permettre de leur proposer une troisième dose de vaccin si ce n’est pas le cas. Et ce que nous recommandons très fortement, c’est de les exposer le moins possible et donc de vacciner l’entourage », conclut-il.
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Citer cet article: Cancers solides : un titre d’anticorps plus faible après vaccination COVID-19 - Medscape - 20 juil 2021.
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