France – La Haute Autorité de Santé (HAS) a élaboré un document pour aider au repérage en ville et préciser la conduite à tenir face aux enfants présentant un syndrome inflammatoire multi-systémique pédiatrique – PIMS – survenant dans un contexte d’infection à SARS-CoV-2 et anciennement appelé syndrome Kawasaki like [1].
Le PIMS est « une affection rare, grave et nécessitant d'être détectée précocement pour enclencher une prise en charge hospitalière », indique la HAS.
Pour rappel, fin avril 2020 des pédiatres ont signalé aux autorités sanitaires une augmentation anormale de cas ressemblant à la maladie de Kawasaki et de cas de myocardites avec état de choc cardiogénique chez des enfants ayant récemment contracté une infection à SARS-CoV-2.
D'autres cas ont été décrits dans les études scientifiques menées dans différents pays européens (notamment en Italie, Royaume-Uni, Belgique, Espagne), en Amérique du Nord (notamment aux Etats-Unis) ainsi qu'en Asie et en Amérique latine.
En France, au 13 juin 2021, 520 cas ont été recensés dont un décès, et 2/3 des enfants ont été hospitalisés en soins intensifs.
« Ce syndrome est peu connu et les symptômes évocateurs (association de fièvre, d'une altération de l'état général et de troubles digestifs) sont peu spécifiques, ce qui peut conduire à un retard de diagnostic d'autant plus que l'infection à SARS-CoV-2 est souvent peu symptomatique, voire asymptomatique, chez l'enfant. Des symptômes et des signes cliniques peu spécifiques dont l'association nécessite attention et réactivité », souligne la HAS.
Quand penser à un PIMS ?
« De ce que nous avons constaté, ce sont des formes post-infectieuses qui surviennent 4 à 6 semaines après l’infection par le SARS-CoV-2 avec une très grande majorité de sérologies positives (90%), une médiane d’âge de 9 ans, sans facteurs de risques cliniques particuliers », indiquait le Pr François Angoulvant (Urgences pédiatriques, Hôpital Necker, Paris) dans nos colonnes début février.
« Un historique d'infection à SARS-CoV-2 récente, dans les 4 à 6 semaines précédentes, ou de contact proche avec une personne infectée par le virus est un élément évocateur, mais l'inverse ne permet cependant pas d'écarter la possibilité d'un PIMS », précise la HAS.
Pour l’institution, les médecins doivent penser au diagnostic de PIMS lorsqu'ils observent notamment l'association des signes suivants :
Une fièvre élevée, souvent supérieure à 39°C
Une altération marquée de l'état général : apathie, asthénie extrême, perte d'appétit, frissons, pâleur, douleurs diffuses, marbrures
Des signes digestifs très fréquents : douleurs abdominales, diarrhée, nausées, vomissements, syndrome pseudo-appendiculaire (le plus souvent, l'abdomen est souple à la palpation).
Aussi, les médecins doivent être attentifs à d'autres signes cliniques, qui peuvent être présents, mais de manière variable :
Des signes de choc : pâleur, polypnée, tachycardie, pouls filant, hépatomégalie, temps de recoloration cutanée allongé, instabilité tensionnelle ou hypotension
Des signes cutanés et muqueux : injection conjonctivale, éruption maculo-papuleuse, prurit, œdème et rougeur des extrémités, lèvres sèches et fissurées (chéilite), glossite
Des signes neurologiques : irritabilité, céphalées, méningisme, confusion
Des signes respiratoires : polypnée, toux
Ces signes peuvent être observés à tout âge, et surviennent le plus souvent chez les enfants âgés de 4 à 11 ans.
Que faire en cas de suspicion de PIMS ?
En cas de tableau clinique évocateur ou même de doute, la HAS recommande d'adresser ou de transférer rapidement l'enfant en service hospitalier.
Si l'enfant présente des risques ou des signes de défaillance hémodynamique, il est conseillé de contacter le SAMU.
« Dans tous les cas, la réalisation d'un bilan biologique complémentaire (y compris la recherche d'infection actuelle ou passée de COVID-19) ne doit pas retarder la prise en charge en urgence », ajoute l’institution.
Quelle prise en charge ?
La prise en charge recommandée est multidisciplinaire en milieu pédiatrique hospitalier.
La HAS insiste sur plusieurs points essentiels :
Les examens complémentaires doivent s'attacher à évaluer le syndrome inflammatoire, les troubles de la coagulation, le bilan infectieux et les examens susceptibles de détecter les atteintes spécifiques.
Les objectifs du traitement sont de prévenir et corriger d'emblée les défaillances d'organes (défaillance cardiaque, vasoplégie), réduire rapidement l'inflammation, limiter les risques de séquelles.
La prise en charge médicale se fait dans les services pédiatriques : elle est multidisciplinaire et implique souvent des urgentistes, des pédiatres réanimateurs, des cardiologues, des infectiologues et des rhumatologues. D'autres spécialistes pédiatres peuvent être impliqués selon la présentation clinique.
Les cas doivent être signalés à Santé Publique France.
Plusieurs sociétés savantes de pédiatrie ont proposé un algorithme commun de prise en charge thérapeutique du syndrome inflammatoire multisystémique pédiatrique dans les suites d'une infection à SARS-CoV2. Celui-ci indique la place de la corticothérapie, des immunoglobulines, des anticoagulants, des antiaggrégants et de l’antibiothérapie.
Quel suivi post-hospitalisation ?
Le PIMS étant encore une affection récemment décrite, la HAS préconise que « tous les enfants l'ayant développé puissent bénéficier d'un suivi spécifique dont la fréquence sera adaptée en fonction de la sévérité de la présentation clinique et de l'existence ou le risque de complications ».
Le suivi après l'hospitalisation comporte pour tous les enfants un suivi concerté entre le médecin traitant (pédiatre ou généraliste) et le milieu pédiatrique hospitalier où il a été pris en charge.
Pour les patients ayant eu des atteintes spécifiques notamment cardiaques, ce suivi sera plus rapproché, coordonné et multidisciplinaire.
La Société Française de Pédiatrie et le comité de pilotage du groupe COPIL COVID inflammation pédiatrique ont mis en place un protocole de collecte de données cliniques et d'explorations complémentaires ainsi qu'une fiche d'évaluation à 6 mois de l'évolution d'une infection à SARS-CoV-2 chez les enfants ayant présenté un PIMS.
Crédit photo : RicardoImagen via Getty
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Citer cet article: Syndrome inflammatoire multi-systémique pédiatrique post-COVID : repérer et intervenir rapidement, dit la HAS - Medscape - 13 juil 2021.
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