France – La dysfonction érectile (DE) reste un problème d’actualité que la miraculeuse pilule bleue – où du moins présentée comme telle lors de son apparition sur le marché – n’a pas entièrement résolue ou, du moins, pas chez tous. La DE étant un phénomène vasculaire, il existe des causes physiologiques sur lesquelles la chirurgie sera plus efficace que les IPDE-5. Quoi qu’il en soit « l’érection difficile est un symptôme, comme la douleur ou la fièvre », considère le Pr Eric Allaire, chirurgien vasculaire, spécialisé dans la prise en charge de la DE, et « derrière le symptôme se cache une maladie de l’érection » qu’il faut identifier pour pouvoir la guérir. Ce sont pour toutes ces raisons mais aussi répondre à la détresse des hommes qui souffrent de ce problème que le Pr Allaire a rédigé un ouvrage, qui se veut à la fois facile d’accès mais aussi parfaitement exhaustif sur la question.
Fuites caverno-veineuses, première cause de résistance aux traitements
« La seule prescription d’un médicament pour l’érection est inefficace chez plus d’un tiers des hommes, alors qu’une prise en charge approfondie apporte une solution à plus de 95% des patients », expose le Pr Allaire. C’est le cas, par exemple, des fuites caverno-veineuses – souvent inconnues des médecins et des patients –, mais première cause de résistance aux traitements. « Le sang arrive bien dans le pénis par les artères mais il en ressort trop rapidement par des veines anormales », explique le chirurgien. En conséquence, la pression ne peut pas augmenter dans les corps caverneux. « C’est comme vouloir gonfler un ballon troué », résume-t-il. On ne connait pas la cause de cette maladie qui concernerait environ 900 000 hommes en France.
L’apport de la chirurgie
« Chez certains patients, les fuites veineuses existent depuis toujours et les érections sont difficiles ou impossibles depuis l’adolescence ou peu après. Cette situation concerne 1 à 2 % des hommes de moins de 25 ans qui n’ont pas d’érections suffisantes pour des rapports sexuels avec pénétration, en raison de fuites veineuses. Il s’agit de malformations des veines du pénis ou de l’albuginée. Chez d’autres, les fuites apparaissent après plusieurs décennies d’érections de bonne qualité. » L’imagerie reste le meilleur moyen de faire le diagnostic de ces fuites grâce à l’échographie-Doppler du pénis avec test pharmacologique. Le caverno-scanner permet, lui, de visualiser les fuites veineuses. Le traitement – et c’est une avancée – relève essentiellement de la microchirurgie et de techniques vasculaires (embolisation), lesquelles restent peu développées en France, reconnait le Pr Allaire, qui les a apprises à Taïwan [1].
Premier livre grand public complet sur la DE à visée pédagogique
Les fuites veineuses ne sont que l’une des maladies de l’érection abordées dans l’ouvrage du Pr Allaire, qui en compte beaucoup d’autres. C’est le premier livre grand public complet sur la DE à visée pédagogique, considère-t-il. Pourquoi si important de faire le diagnostic des maladies de l’érection ? Parce que la dysfonction érectile est un signe d’alarme. En tant que « marqueur de risque de mortalité cardiovasculaire, elle peut signaler un risque accru d’infarctus du myocarde ou d’accident vasculaire cérébral ».
Autre grande raison qui a poussé le chirurgien à écrire ce livre : la détresse de hommes et des couples face à l’échec des médicaments (perte de confiance, divorce, vie gâchée, suicide…) et un besoin criant d’informations sur tout ce qui concerne l’érection (durée, fréquence, période réfractaire, masturbation…). « Les hommes ont une idée approximative de ce qui est normal et ce qui ne l’est pas », affirme-t-il.
Comment utiliser ce guide ?
Ce livre s’adresse à chaque homme, chaque femme, atteints par la dysfonction érectile, mais aussi aux professionnels de santé qui trouveront une méthode de prise en charge de leurs patients. Dans la première partie, le lecteur est invité à se reconnaître dans unes ou plusieurs des 35 situations ou questions les plus fréquentes rencontrées en consultation. Par exemple : « Je suis jeune et j’ai des problèmes d’érection», « J’ai l’impression que la pornographie diminue mes érections » ou encore « Les médicaments pour l’érection ne sont pas efficaces », etc. Pour chaque question qui le concerne, le lecteur trouvera les premières clés pour comprendre son trouble de l’érection et les pistes pour résoudre son problème. En deuxième partie se trouve une méthode pour évaluer soi-même ses érections. Dans la suite du guide, le lecteur trouvera rassemblées les informations nécessaires sur le « comment ça marche », dessins à l’appui et les maladies de l’érection. Un chapitre est consacré aux traitements : auto-injections intracaverneuses, intervention de chirurgies vasculaires, implants péniens. La septième partie présente un plan pour prendre en charge ses difficultés d’érections, des conseils les plus simples à la décision de consulter un spécialiste de l’érection.
Sexologie et psychologie ont leur rôle à jouer, « avec un bénéfice certain, une fois le diagnostic fait et les solutions thérapeutiques mises en œuvre », selon le Pr Allaire qui précise que son ouvrage n’est pas « un livre de recettes miracles », mais bien une méthode pour que le patient, impatient de (re)trouver une érection satisfaisante, ait le « maximum de chances de sortir du labyrinthe de l’impuissance ».

Le Pr Eric Allaire est spécialiste de la chirurgie vasculaire et endovasculaire de l’érection. Sa passion pour la prise en charge des maladies de l’érection est née de sa rencontre avec le Dr Ronald Virag, pionnier et fondateur de la chirurgie des troubles de l’érection, découvreur du premier traitement médical de l’impuissance. Ils collaborent au sein du centre d’étude des troubles de l’érection (CETI) à Paris, avec les Dr Hélène Sussman, Jean Floresco et Pascal Houet. Il est l’auteur du « Guide de l’impatient. Les maladies de l’érection », 2021, Editions Bookelis, 250 p, 15 euros.
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Citer cet article: Dysfonction érectile : pensez aux fuites caverno-veineuses ! - Medscape - 30 juin 2021.
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