Paris, France — En dépit de la réécriture express de l’arrêté sur le nombre de places en première année de médecine, maïeutique, odontologie, un collectif d'étudiants en Licences à option Accès Santé (LAS) dénonce encore une iniquité dans la sélection des étudiants, qui risquent d'écarter un grand nombre d'entre eux des études de santé. Interviewés par Medscape, ils nous décrivent l’incertitude quant à leur vœu d’intégrer médecine ou odontologie.
Plan d'action pour accompagner la première année de réforme
Malgré le communiqué du premier ministre du 2 juin dernier, les étudiants en LAS sont toujours inquiets. Pour rappel, un collectif composé d'étudiants de cette filière et de parents d'élèves avaient déposé un recours en Conseil d'État pour annuler un arrêté définissant le nombre de places réservées en première année de maïeutique, odontologie médecine pour les redoublants de la Paces. Le collectif à l'origine de ce recours estimait qu'ils étaient lésés par ce décret, et que le nombre de places réservées aux étudiants en LAS était résiduel et inéquitable pour cette rentrée 2021/2022. Fort de la décision du conseil d'État qui avait rétorqué l’arrrêté, la tutelle avait alors publié un second arrêté pour satisfaire les desideratas du conseil d'État, ainsi que du collectif
(Voir Etudes de médecine : retour sur l’affaire du numerus clausus suspendu par le Conseil d'État).
Dans la foulée, les services du premier ministre publiaient un communiqué pour annoncer un plan d'action afin d'accompagner la première année de réforme du premier cycle des études en santé. Ce plan d'actions prévoit « l’augmentation de la part des places pouvant être réaffectées d’un parcours à l’autre afin de garantir aux étudiants les meilleures chances de réussite », « la création d’une commission d’examen exceptionnelle au sein de chaque université pour examiner les situations individuelles de certains étudiants », « l’organisation de sessions de rattrapage pour les mineures de chaque parcours », et « le maintien de la même discipline majeure de formation entre la première année de licence avec option santé et la deuxième année ».
Plus spécifiquement, pour la rentrée 2021/2022, les services du premier ministre disent avoir donné de nouvelles instructions pour une « définition des capacités d’accueil au moins identiques à cette année 2020/2021 pour la rentrée 2021/2022 », « la mise en place d’un accompagnement spécifique des étudiants de première année de licence avec option santé (LAS 1) reçus en médecine, maïeutique, odontologie et pharmacie et des étudiants du parcours d’accès spécifique santé (PASS) en deuxième année de licence avec option santé (LAS 2) », « le rappel aux étudiants de la possibilité de ne pas déposer de dossier d’admission dans les filières médecine, maïeutique, odontologie et pharmacie en première année de licence avec option santé (LAS 1) afin de conserver leurs chances en deuxième et troisième année (LAS 2 et 3) ».
Pas d’augmentation du nombre de places
Loin de satisfaire les principaux concernés, ce plan d'action a provoqué la consternation chez les membres du collectif PASS/LAS, qui y ont répondu via un nouveau communiqué. Ce plan ne « contient aucune évolution en termes d'augmentation du nombre de places en 2e année MMOP (Médecine, Maïeutique, Odontologie et Pharmacie) », soit la revendication essentielle du collectif. Il ne comporte pas non plus de possibilité de « redoublement à titre exceptionnel pour la première génération des étudiants PASS et L.AS » et aucune « garantie n'est apportée en ce qui concerne la possibilité – pourtant inscrite dans la loi – pour tous les étudiants PASS et L.AS qui auront validé leur année, d'accéder en L.AS 2 de leur mineure (PASS), ou de poursuivre leur parcours (L.AS) afin de conserver une nouvelle chance ». Le collectif estime aussi que l'augmentation du nombre d'étudiants qui entreront en formations santé, soit +12% selon le ministère, est surestimé : « les passerelles font parties des capacités d’accueil cette année alors qu’avant le numerus clausus était donné sans les passerelles ».
Des étudiants « pas sûrs d'intégrer médecine »
Contacté par Medscape, les membres du Collectif expliquent plus avant pourquoi le communiqué du premier ministre n'est pas satisfaisant. « On nous a annoncé la mise en place de commission mais nous n'en avons pas encore vu le bout du nez. À Montpellier, par exemple, où les résultats sont tombés, aucune commission n'a vu le jour pour le moment. Il semblerait que suite à la publication du communiqué, il n'y ait pas eu de directive du ministère qui soit redescendue dans les facultés », dénonce Muriel Brajon, mère d'un étudiant en PASS, Nathan. Lequel explique sa situation : « ils nous ont communiqué les résultats mais sans le classement donc c'est difficile de se projeter. J'ai quasiment 16 de moyenne sur l'année et mon vœu principal c'est de faire médecine. Mais vu le nombre de candidats cette année je ne suis pas sûr d'intégrer médecine car il faut être parmi les meilleurs. Sur Montpellier, pour une promo de 1800 étudiants, on a une centaine de places réservées pour les étudiants en PASS, contre 172 places réservées pour les redoublants Paces, qui sont 1200. »
Même constat pour Emma, à Nîmes, mais qui dépend de la faculté de Montpellier. « Nous avons eu nos résultats ce jeudi 3 juin mais depuis c'est silence radio, nous ne savons pas si nous allons être admis ou pas. Moi, par exemple, je souhaite faire odontologie mais il n'y a que 7 places pour 1800 élèves. En revanche, on réserve 45 places aux 1200 redoublants Paces. C'est aberrant car j'ai eu 15 de moyenne et j'ai toutes les capacités pour faire de l'odontologie, mais je risque d'être retoquée. » Autre problème repéré par Muriel Brajon : « Avec la réforme, faute de redoublement, on nous a annoncé la possibilité d'un passage en LAS 2 pour passer de nouveau le concours. Mais sur le terrain nous constatons qu'il n'y a pas suffisamment de places en LAS2 pour accueillir tous ces étudiants. À Montpellier par exemple il n'y a pas de LAS2 en biologie. » Last, but not least : « les étudiants n'ont pas eu le choix de leur mineure en PASS. À Montpellier, il n'avait guère le choix qu'entre trois mineurs : mathématiques fondamentales, mathématiques-physique et mathématiques appliquées à l'informatique. C'est un non-choix. »
Les revendications du Collectif demeurent les mêmes :
Augmentation exceptionnelle des capacités d'accueil en 2e année de santé
Et possibilité de redoublement à titre exceptionnel.
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Citer cet article: Réforme du premier cycle des études de médecine : les étudiants toujours mécontents - Medscape - 18 juin 2021.
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