Virtuel— Dans l’essai de phase III IMCgp100-202, la protéine de fusion bispécifique tébentafusp a démontré une amélioration cliniquement significative de la survie globale (SG) dans le cadre du traitement de première intention du mélanome uvéal (MU) métastatique. Ces résultats, qui pourraient changer la pratique, ont été présentés lors du congrès annuel de l’American Association for Cancer Research (AACR) [] 1].
Pourquoi est-ce important ?
Il n’existe aucun traitement de référence du MU, qui représente 3–5 % des cas de mélanome.
Environ la moitié des patients atteints d’un MU métastatique décèdent dans les 12 mois.
Méthodologie
Le tébentafusp est une protéine de fusion soluble générée à l’aide de la technologie ImmTAC. Elle combine un domaine ciblant un épitope dérivé de gp100 spécifique de HLA-A*0201, exprimé à la surface des cellules de mélanome, et un domaine effecteur d’activation des lymphocytes T CD3.
378 patients HLA-A*0201+ atteints d’un MU avancé ont été randomisés selon un rapport de 2:1 pour recevoir un traitement par tébentafusp ou un traitement à la discrétion de l’investigateur (TDI ; pembrolizimab, ipilimumab ou dacarbazine).
Le critère d’évaluation principal était la SG.
Principaux résultats
Une amélioration significative de la SG a été observée chez les patients randomisés pour recevoir du tébentafusp, comparativement à ceux recevant le TDI (SG médiane de 21,7 mois, contre 16,0 mois ; P < 0,0001 ; rapport de risque [RR] stratifié de 0,51 [IC à 95 % : 0,37–0,71]).
Le bénéfice de SG associé au tébentafusp a été observé dans tous les sous-groupes prédéfinis.
Le taux de réponse globale était faible (9 % avec le tébentafusp, contre 5 % avec le TDI), mais le bénéfice de survie a été observé même chez les patients présentant une maladie progressive comme meilleure réponse (RR : 0,4).
La survie sans progression (SSP) était plus élevée avec le tébentafusp qu’avec le TDI (3,3 mois, contre 2,9 mois ; P = 0,0139 ; RR : 0,73).
Les effets indésirables (EI) les plus fréquents étaient de nature cutanée (l’éruption cutanée, le prurit) et médiés par les cytokines (le syndrome de libération des cytokines, la pyrexie).
La majorité des EI sont survenus au cours des premières semaines de traitement et étaient généralement gérables. Le taux d’interruption du traitement était de 2 % avec le tébentafusp et de 4,5 % avec le TDI.
Deux patients traités par tébentafusp ont développé un syndrome de libération des cytokines de grade 3/4, mais ils n’ont pas arrêté de prendre le traitement. Aucun décès lié au traitement n’a été rapporté.
Commentaire d’expert
« Il s’agit du premier essai contrôlé randomisé à présenter un bénéfice de survie globale dans le cadre du mélanome uvéal. Je pense qu’il s’agit d’un résultat fondamental qui pourrait révolutionner la pratique, grâce à une technologie très innovante qui nous incite fortement à développer d’autres stratégies ImmTAC avec d’autres molécules à base de peptides/d’antigène des leucocytes humains (Human Leukocyte Antigen, HLA). Je pense également que ces résultats fournissent un argument de poids en faveur de l’association avec des inhibiteurs de point de contrôle immunitaire », a indiqué le Pr Caroline Robert (chef du service de Dermatologie à Gustave Roussy et professeure de dermatologie à l’Université Paris-Saclay), modérateur de la session.
Financement : Immunocore.
Ce résumé clinique a été initialement publié sur Univadis.fr, membre du réseau Medscape.
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Citer cet article: Mélanome uvéal métastatique : l’essai clinique IMCgp100-202 pourrait révolutionner la pratique - Medscape - 3 juin 2021.
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