Paris – Nous continuons de suivre, Max, cardiologue à la retraite, mais toujours très actif, exerçant en cabinet et en centre de santé à Paris, qui, aujourd’hui, constate, à l’occasion d’une consultation pas comme les autres, les effets bénéfiques de la musique sur le corps et l’esprit.
Agitation
Max consulte aujourd’hui au Centre de santé et il appelle le patient suivant. En ce début d’après-midi, il n’a encore que quelques courtes minutes de retard mais a néanmoins perçu une certaine agitation dans la salle d’attente.
Le patient est un jeune homme de 24 ans infirme moteur cérébral de naissance. Recroquevillé sur le fauteuil roulant, deux aidants l’accompagnent. Il est, à l’évidence, inquiet et serre précieusement un téléphone dans sa main. Avec des mouvements d’impatience, il est manifeste qu’il désire quitter les lieux. Alors que l’accompagnante pousse la chaise dans le bureau, son agitation reprend. Elle allume alors le téléphone, qui diffuse alors un morceau de Johnny Halliday. Le patient s’apaise, rassuré.
ECG
Le confrère, médecin du foyer d’accueil médicalisé, l’adresse pour un bilan cardiaque avec réalisation d’un ECG. Quelques jours auparavant, il a noté une tachycardie à 150/mn, mais précise que le patient avait souhaité marcher avant qu’il l’examine. Il voulait également s’assurer – par confrère interposé – que le traitement neuroleptique n’avait pas modifié significativement l’intervalle QTc.
« Monsieur L…, (« Bruno » souffle l’auxiliaire*) pardon, Bruno, vous allez vous allonger et enlever une partie de vos habits, je dois vous examiner » explique Max. Le patient ne parle pas mais paraît désormais moins anxieux. Déshabillé (ce qui est nécessaire) par les aidants, Bruno est précautionneusement installé encore recroquevillé sur le divan. Johnny est toujours présent en musique de fond : chansons, enregistrements de concerts. L’accompagnante précise : « Johnny l’aide à se calmer ».
Quand Johnny aide à la consultation
Max examine en effet facilement le patient et surtout fait un ECG techniquement impeccable : normal ! Sous les applaudissements ! « Il connaît d’autres chanteurs ? ». L’accompagnante ne sait pas, elle n’a vu que les albums de Johnny dans le téléphone.
Bruno est réinstallé sur sa chaise en face de Max, le portable est posé sur le bureau. Max écrit son compte-rendu. Johnny chante « La nuit, quand revient la nuit… » Alors Max nostalgique évoque tout haut « J’écoutais sans cesse, en boucle, cette chanson quand j’avais quinze ans. Elle a été écrite pour Johnny quand il faisait son service militaire en Allemagne ».
« Oui ! Johnny est intemporel » commente l’aide-soignante, en tout cas il nous a bien aidé.
La « Nuit » et le courrier sont terminés. L’accompagnante ajoute alors : « Vous êtes très calme, je reviendrais avec d’autres patients »
« Merci, c’est l’effet Johnny, Madame ! » répond Max pour clore cette consultation particulière.
Alors que le trio s’éloigne, la chanson s’est incrustée dans les pensées de Max et y restera quelques jours encore. « Johnny, quand revient Johnny… »
*l’horaire et le prénom ont été modifiés.
Crédit photo : Getty Images
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Citer cet article: Musicothérapie en consultation - Medscape - 7 juin 2021.
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