L’épidémie de COVID-19, facteur de détérioration de la santé mentale des enfants

Serge Cannasse

2 juin 2021

France – Une épidémie comme celle de la Covid-19 chamboule le quotidien des enfants et des adolescents qui voient leurs habitudes perturbées d’une part par le confinement et la fermeture des écoles, d’autre part par le stress ainsi que les difficultés professionnelles et financières des adultes qui les encadrent. Il a souvent été dit que la santé mentale s’était dégradée chez de nombreux enfants du fait de la pandémie de Covid-19. Canal Intox de l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) a voulu comprendre ce qu’il en est vraiment [1].

Symptômes de TDAH pendant le premier confinement

Pendant le premier confinement, 13% des enfants de 8 à 9 ans ont eu des « troubles socio-émotionnels » et 22% des troubles du sommeil, selon un travail fait par des chercheurs de l’Inserm et de l’INED (Institut national des études démographiques). Un travail réalisé en Chine chez des enfants scolarisés en primaire et secondaire indique que les principaux symptômes étaient l’anxiété, la dépression et le stress, se traduisant fréquemment par un TDAH (trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité). Cela a été confirmé en France par un travail sur la cohorte TEMPO (Trajectoires EpidéMiologiques en POpulation - Inserm). Dans un échantillon de 432 ménages, 24,7% des enfants avaient eu des symptômes de TDAH pendant le premier confinement.

Importance du milieu social

Ces résultats sont cependant à prendre avec précaution. En effet, en 2018, le réseau européen des enfants et adolescents indiquait que 12,5% d’entre eux étaient en souffrance psychique. De plus, le confinement n’est pas le seul facteur à prendre en considération. Le genre joue : les garçons sont plus susceptibles d’avoir des troubles du comportement et les filles des troubles du sommeil. Le fait qu’un seul parent s’occupe de l’enfant (familles monoparentales) est un facteur défavorisant pour la santé mentale, alors que ça n’est pas le cas pour les enfants vivant en garde alternée, ni d’ailleurs pour les enfants uniques. Les conditions de travail (présentiel, télétravail ou hybride) jouent peu.

En réalité, deux éléments sont importants. Le milieu social en premier lieu. Dans la cohorte Tempo, les troubles socio-émotionnels étaient plus fréquents quand les revenus de la famille baissaient. Pendant le premier confinement, la qualité du sommeil des enfants a été détériorée chez plus de la moitié des enfants de milieux sociaux défavorisés. En second lieu, la souffrance psychique des parents est un facteur crucial, sachant que dès l’âge de deux ans, les enfants sont sensibles aux changements de comportement des personnes qui les entourent, pouvant entraîner une forte anxiété quand ils restent inexpliqués.

Les jeunes adultes aussi

L’âge n’est pas en soi un facteur de risque, mais il influe sur la manière dont les troubles psychologiques se manifestent. D’un point de vue global, une étude britannique a montré que le niveau de stress psychologique est ressenti de façon beaucoup plus aigüe par les jeunes adultes. Chez eux, une étude canadienne a aussi noté une augmentation de la consommation de cannabis, avec un impact négatif sur les résultats scolaires. Selon la même étude, les femmes déclarent souffrir plus volontiers que les hommes de l’isolement social.

Au total, « l’épidémie et les confinements semblent avoir accentué les troubles socio-émotionnels chez les enfants. » La question est à présent de savoir s’ils vont perdurer et s’ils auront un impact sur le long terme.

 

Cet article a été initialement publié sur Univadis.fr, membre du réseau Medscape.

 

Commenter

3090D553-9492-4563-8681-AD288FA52ACE
Les commentaires peuvent être sujets à modération. Veuillez consulter les Conditions d'utilisation du forum.

Traitement....