Virtuel – L’omecamtiv mecarbil, premier médicament d’une nouvelle classe de myotropes, produit son effet le plus bénéfique chez les patients insuffisants cardiaques qui ont la fraction d’éjection ventriculaire gauche (FEVG) la plus basse, selon une nouvelle analyse de l’étude de phase 3 GALACTIC-HF.
Cette nouvelle étude vient confirmer l’idée que ce médicament serait le plus utile pour aider à la prise en charge des stades d’insuffisance cardiaque les plus avancés avec une FEVG réduite, a rapporté le Dr John R. Teerlink (San Francisco Veterans Affairs Medical Center), lors de la présentation des résultats à l’ACC 2021 [1] .
La phase 3 de l’étude multinationale GALACTIC-HF, publiée précédemment cette année, associe l’omecamtiv mecarbil à une réduction de 8% du risque d’événements liés à l’insuffisance cardiaque ou au décès cardiovasculaire comparé au placebo, qui était le critère primaire de l’étude.
Si l’on creuse du côté de la fraction d’éjection
Dans cette nouvelle analyse, les participants ont été répartis en quartiles en se fondant de la FEVG à l’inclusion et a ensuite comparé les résultats et la sécurité.
Dans le quartile le plus bas, défini par une FEVG < 22%, la réduction du risque d’événements a atteint 17% (HR : 0,83 ; IC95% : 0,73-0,95) pour l’omecamtiv mecarbil par rapport au placebo. Dans le quartile le plus élevé, défini par une FEVG > 33%, le bénéfice n’a pas atteint la significativité (HR : 0,99 ; IC95% : 0,84-1,16). Au sein des quartiles, la FEVG constituait le facteur de modification du traitement le plus important (P = 0,004).
La comparaison des quartiles de FEVG a aussi permis de montrer que l’omecamtiv mecarbil était sûr et bien toléré chez les patients qui présentaient la maladie la plus avancée comme chez ceux qui étaient les moins sévèrement atteints. Aux niveaux les plus bas de FEVG, comme aux plus hauts, l’omecamtiv mecarbil n’a entrainé aucun effet indésirable sur la pression artérielle, le rythme cardiaque, l’homéostase potassique ou la fonction rénale.
Dans l’étude GALACTIC-HF, 8 256 patients avec une fraction d’éjection réduite (FEVG < 35%) ont été randomisés pour l’omecamtiv mecarbil ou le placebo. Le critère primaire composite (hospitalisation ou admission aux urgences) a été évalué après une moyenne de 21,8 mois sous traitement.
Quand le taux d’incidence pour 100 patients a été rapporté aux différents niveaux de FEVG, l’avantage relatif de l’omecamtiv mecarbil est apparu pour une valeur de FEVG située juste en-dessous de 30%, et a cru constamment jusqu’à la FEVG la plus basse qui était de 10%.
Peut-être en lien avec la diminution des événements, les réductions en NT-proBNP (NT-proB-type natriuretic peptide) ont été plus importantes pour l’omecamtiv mecarbil aux valeurs de FEVG les plus basses par rapport aux plus élevées. Bien que l’omecamtiv mecarbil ne soit pas directement associé à un effet vasculaire, électrophysiologique ou neurohormonal, selon le Dr Teerlink, les effets indirects de sa liaison préférentielle à la myosine cardiaque ont été associés à une baisse du NT-proBNP et d’autres biomarqueurs du remodelage cardiaque dans de précédentes études cliniques.
En complément à d’autres traitements ?
Bien que le Dr Teerlink reconnaisse que relativement peu de patients de GALACTIC-HF ont reçu un inhibiteur de la néprilysine (ARNI) ou un inhibiteur de type SGLT2, il considère qu’il y a « toutes les raisons de penser que l’omecamtiv mecarbil serait un bon complément de ces traitements ». Selon lui, le mécanisme d’action de l’omecamtiv mecarbil, qui améliore la fonction systolique, ne se superpose pas à ces médicaments.
Et surtout, il y a un besoin particulier en matière de nouvelles options de traitement chez les patients avec une FEVG très altérée, selon le Dr Teerlink, qui cite pour preuve que l’effet bénéfique de l’ARNI sacubitril valsartan, bien que significatif, décroit chez les patients avec une FEVG inférieure à 35% ».
D’une façon générale, sur la base de ces résultats, « nous pensons que l’omecamtiv mecarbil constitue un traitement nouveau qui contient en lui la promesse d’une amélioration des critères cliniques chez les patients avec une FEVG très réduite, qui sont les patients les plus difficiles à traiter », conclut-il.
L’omecamtiv mecarbil peut « f aire gagner du temps »
Interrogée par Medscape édition internationale, le Dr Ileana Piña (Central Michigan University, Mount Pleasant, Mich) acquiesce. Pour elle, l’omecamtiv mecarbil, s’il était approuvé, serait une option pour ce type de patients avec une IC à FEVG basse, chez lesquels on envisage la transplantation cardiaque ou la pose d’un dispositif mécanique.
« Nous sommes très réticents à l’idée d’utiliser des inotropes dans cette population, car nous savons qu’au final les inotropes ne vont pas arranger les choses », explique le Dr Piña. Mais en s’appuyant sur les résultats de GALACTIC-HF, elle estime que l’omecamtiv mecarbil sera plus flexible.
« Ce médicament n’accroit pas la demande en oxygène comme le font les inotropes, et il peut être prescrit à un patient en ambulatoire si nécessaire, je vois cela comme une réelle avancée », ajoute-t-elle, tout en reconnaissant que l’omecamtiv mecarbil n’a pas permis de réduire la mortalité dans GALACTIC-HF trial, « au moins fait-il gagner un peu de temps ».
Le Dr Teerlink a déclaré des liens financiers avec de nombreuses compagnies pharmaceutiques, incluant Amgen, Cytogenetics, et Servier, qui ont participé au financement de l’essai GALACTIC-HF. Le Dr Piña a déclaré ne pas avoir de liens d’intérêt.
Source photo : Getty Images
L’article a été publié initialement sur Medscape.com sous le titre GALACTIC-HF: Novel Drug Most Effective in Sickest HFrEF Patients. Traduit par Stéphanie Lavaud.
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Citer cet article: Omecamtiv mecarbil : un bénéfice plus élevé dans l’IC à FEVG basse - Medscape - 31 mai 2021.
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