Un 4ème plan Santé Environnement imprégné du sceau de la pandémie de COVID-19

Jean-Bernard Gervais

Auteurs et déclarations

26 mai 2021

Paris, France — Les ministères de la Santé et de l’environnement ont présenté le quatrième Plan National Santé Environnement (PNSE), fortement marqué du sceau de la pandémie de Covid-19, tant il est que la crise sanitaire « a fait émerger des interrogations sur notre rapport au vivant », et a rappelé « le lien étroit entre santé humaine, santé animale et santé de l’environnement » [1]. Ce plan est d’ailleurs intitulé « un environnement, une santé » et porte une ambition : mieux comprendre les risques auxquels chacun s’expose afin d’avoir les moyens de mieux se protéger.

Trois priorités ont été sélectionnées

La première priorité vise à améliorer l'impact de l'environnement sur la santé. En ligne de mire : la qualité de l'air, les nuisances sonores, mais aussi l'exposition au gaz radon.

 
Parmi les actions menées : l'interdiction des lumières bleues dans les jouets des enfants en 2022, l'amélioration de l'étiquetage des produits ménagers
 

Deuxième priorité : « donner la meilleure information au public et au consommateur sur l'environnement ». Très concrètement, cela revient à éviter d'aller faire un jogging quand la qualité de l'air est mauvaise, à faire attention aux solvants, à faire attention aux sons amplifiés, etc.

La troisième priorité porte sur l'interdiction de substances jugées trop dangereuses. Les ministères citent, à cet endroit, un certain nombre d'actions qui seront menées : « l'interdiction des lumières bleues dans les jouets des enfants en 2022, l'amélioration de l'étiquetage des produits ménagers pour aboutir à un logo dès 2022 de type Nutriscore ».

Les ministères listent aussi la reconduction de l'interdiction depuis le 1er janvier 2021 du perturbateur endocrinien E171, et la généralisation de la prise en compte de la balance bénéfice/risque pour l'ensemble des perturbateurs endocriniens. Ce plan est assorti d'une enveloppe de 90 millions d'euros, qui permettra, entre autres, de multiplier les actions concrètes menées sur le terrain.

Des mesures qui découlent directement de l’épidémie de Covid-19

Sachant que ce 4ème PNSE a été conçu alors que la planète traversait une pandémie de Covid-19, il en porte, forcément, les stigmates.

La pandémie a révélé notamment les inégalités de santé sur les territoires, dues à des facteurs environnementaux : il en est ainsi des maladies chroniques, aggravées pour certaines d’entre elles par l'environnement, et qui ont fait en sorte que les personnes qui en sont atteintes ont été plus exposées aux formes graves du Covid-19 que les autres.

 
La crise de la Covid-19 et les règles de confinement ont conduit à des pratiques et des expositions particulières
 

Autre effet collatéral : « La crise de la Covid-19 et les règles de confinement ont conduit à des pratiques et des expositions particulières, notamment s’agissant de l’utilisation accrue par le grand public et les professionnels, de produits désinfectants pour lutter contre le virus. Les désinfectants font partie de la catégorie des biocides », analysent les ministères. Il s'agit là de raisonner l'usage des désinfectants. Car l'usage de ces désinfectants a aussi été la cause d'intoxication d'animaux de compagnie, par exemple.

Le Covid-19 est aussi à l'origine de nouvelles mesures visant à mieux maitriser le risque de zoonoses qui se transmettent de l'animal à l'homme. « La crise actuelle de la Covid-19 comme d’autres récentes ou plus anciennes (Influenza aviaire hautement pathogène zoonotique en Asie par exemple), mettent en exergue la nécessité de renforcer la connaissance, la surveillance et la gouvernance relative aux zoonoses impliquant la faune sauvage ». Aussi, « une feuille de route de prévention des zoonoses animales et alimentaires intitulée Une seule santé sera établie dans le cadre du PNSE4 ». Dans ce cadre, les actions menées auront pour objectif : d'améliorer la connaissance de la santé de la faune sauvage en France, de lutter contre les zoonoses issues de la faune sauvage, et de mettre en place une stratégie sanitaire pour les enclos de chasse, les parcs nationaux, notamment.

 
Une feuille de route de prévention des zoonoses animales et alimentaires sera établie dans le cadre du PNSE4
 

En matière de recherche, le 4e PNSE prévoit également de faire progresser la connaissance sur les « effets cumulés de l’exposition chronique aux particules fines dans l’air et au virus ».

« Nous avons pensé à des mesures sur l'amélioration de la qualité de l'air intérieur », précise le ministère de la transition écologique.

Ce PNSE s'inscrit dans une politique de prévention à l'échelle européenne

Si la France a été précurseur en matière de prise en compte de la santé environnementale, l'Europe n'est pas en reste. Ainsi, ce 4e PNSE s'inscrit dans une politique plus vaste de prévention à l'échelle européenne.

 
Selon l’OMS, les facteurs environnementaux sont ainsi responsables de près de 20 % de la mortalité dans la région européenne.
 

Le pacte vert pour l'Europe de 2019 a permis de prendre trois actions phares en santé environnementale : prévention des citoyens contre les produits chimiques dangereux, plan d'action "zéro pollution", et prévision des mesures de luttes provenant des grandes installations industrielles. « La politique de santé environnement de la France s’inscrit dans ce cadre européen », indiquent les ministères dans leur dossier de presse. Au-delà de l'Europe, l'organisation mondiale de la santé (OMS) tire également la sonnette d'alarme.

« Selon l’OMS, les facteurs environnementaux sont ainsi responsables de près de 20 % de la mortalité dans la région européenne. Ils peuvent contribuer, dans leurs différentes composantes (qualité de l’air extérieur et intérieur, qualité de l’eau, alimentation, etc.), à de nombreuses maladies d’origine souvent pluri factorielle : cancers, pathologies respiratoires, allergies, asthmes, maladies cardiovasculaires, diabète, obésité », détaille le ministère.

Quelles avancées grâce aux précédents plans ?

Depuis 2004, les plans santé environnement se succèdent: « la réduction de 50 à 80 % des émissions atmosphériques de substances dangereuses par l’industrie ; l’interdiction du bisphénol A dans les tickets de caisse en France ; la mise en place d’une surveillance obligatoire de la qualité de l’air intérieur dans les crèches et écoles ; l’interdiction d’utilisation du perchloroéthylène dans les pressings », sont les quelques mesures citées par les ministères concernées, mises en place à la faveur des trois premiers PNSE.
 

Commenter

3090D553-9492-4563-8681-AD288FA52ACE
Les commentaires peuvent être sujets à modération. Veuillez consulter les Conditions d'utilisation du forum.

Traitement....