Paris, France — L'exercice en maison de santé pluriprofessionnelle (MSP) est-il plus intéressant, financièrement parlant, pour les médecins généralistes, que l'exercice en cabinet isolé ? Oui, selon l'institut de recherche et de documentation en économie de santé (Irdes) qui s'est penché sur la question, dans une étude publiée au sein de la série Questions économiques de santé [1]. Pour ce faire, les trois auteurs de cette étude, ont étudié les revenus de panels représentatifs de médecins travaillant dans une MSP à ceux de médecins n’y travaillant pas, entre 2008 et 2014.
En MSP : plutôt des ruraux et des périurbains
Qui sont les médecins qui optent pour l'exercice en MSP ? Ce sont des médecins légèrement plus jeunes (47,7 ans contre 48,7 ans pour les témoins), moins souvent féminins (25,4 % contre 28,6 %), plus souvent mariés ou pacsés (83,1 % contre 77, 1 %), et qui ont davantage d'enfants à charge (1,9 contre 1,6). Ils ont également plus souvent une activité salariée en complément, travaillent plus souvent en milieu rural (36,7 % contre 12,2 %), ou en milieu périurbain (24,8 % contre 18,6 %).
Progression de plus de 10% des revenus des MG entre 2008 et 2014
Première constatation : entre 2008 et 2014, les revenus de l'ensemble des médecins, isolés ou en MSP, ont progressé de plus de 10% (soit 10285 euros en moyenne). Mais ceux des médecins généralistes exerçant en MSP ont progressé en moyenne de plus de 2091 euros de plus que le groupe de médecins témoins. Cette hausse additionnelle de revenus, pour les MG en MSP, n'est pas due à un surcroit d'activités mais à une « évolution plus rapide de la taille de leur patientèle et ainsi que des paiements forfaitaires associés ».
File active plus importante
En effet, la file active des médecins exerçant en MSP a augmenté, avec 89 patients de plus, en moyenne, que le groupe témoins, entre 2008 et 2014. Conséquence : les médecins en MSP ont touché plus de revenus forfaitaires que les autres, liés entre autres à la qualité de médecin traitant : « Les forfaits patients médecins traitants sont par nature indépendants de l’activité délivrée (5 euros, forfaits spécifiques pour les patients en Affection de longue durée (ALD) 40 euros, etc.), et sont désormais les plus dynamiques du point de vue de la croissance des revenus. » Par ailleurs, les auteurs de l'étude n'excluent pas que ces médecins puissent toucher d'autres forfaits, liés au financement des MSP, ou à l'exercice coordonnée.
Amélioration de l’accès aux soins
La qualité des soins pâtit-elle de cette file active plus importante des médecins en MSP ? Non, bien au contraire, si l'on prend en compte les résultats statistiques des revenus sur objectifs de santé publique (Rosp). Les médecins de MSP ont perçu des sommes plus importantes provenant de la Rosp (en moyenne, 9 % de plus que leurs pairs, soit 595 euros en 2014), ce qui suggère que les soins apportés ont été plus qualitatifs que pour le groupe témoins. « Enfin, eu égard à l’implantation géographique très particulière des MSP, majoritairement dans des zones déficitaires en offre de soins, cette hausse de la taille de la patientèle peut s’interpréter comme une amélioration de l’accès aux soins. »
Quel financement pour les MSP ?
L'exercice collectif en MSP a été défini dans le code de santé publique en 2007. Depuis 2011, précise l'Irdes, les MSP doivent se constituer en société interprofessionnelle de soins ambulatoires (Sisa). La signature en 2017 de l'accord conventionnel interprofessionnel (ACI), permet le versement d'une rémunération collective aux MSP relevant d’une telle organisation. Cette rémunération comporte une part fixe et une part variable, « cette dernière étant calculée sur la base de l’atteinte d’engagements socles et optionnels et en fonction de la taille et des caractéristiques de la patientèle médecin traitant ». Cette rémunération collective est versée à la Sisa « et valorise la coordination des soins et le travail en équipe, l’accès aux soins pour les patients, le développement de missions de santé publique et de protocoles de prises en charge pluriprofessionnelles. La rémunération valorise également le partage des dossiers patients entre soignants via l’acquisition de logiciels labellisés par l’Agence du numérique en santé (ANS) ».
Source photo : Getty Images
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Citer cet article: Pourquoi les médecins généralistes en MSP gagnent mieux leur vie - Medscape - 19 mai 2021.
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